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Citation de Charybde2


– Je vais aller au consulat d’Algérie, elle dit maintenant à son fils, la Malika, en arabe, qu’ils viennent te chercher pour t’emmener au service militaire là-bas ! Tu apprendras ton pays, la langue de tes parents et tu deviendras un homme. Tu veux pas aller au service militaire comme tes copains, ils te feront jamais tes papiers. Tu seras perdu, et moi aussi. Tu n’auras plus le droit d’aller en Algérie, sinon ils te foutront en prison. C’est ce qui va t’arriver ! T’auras plus de pays, t’auras plus de racines. Perdu, tu seras perdu.
Parfois Madjid comprend un mot, une phrase et il répond, abattu, sachant qu’il va faire du mal à sa mère :
– Mais moi j’ai rien demandé ! Tu serais pas venue en France je serais pas ici, je serais pas perdu… Hein ?… Alors fous-moi la paix !
Elle continue sa rengaine, celle qu’elle porte nouée au fond du cœur. Jusqu’à en pleurer souvent.
On frappe à la porte d’entrée.
– Ce qu’il y a ? demande la mère, toujours en colère.
Elle quitte la chambre et Madjid se rallonge sur son lit, convaincu qu’il n’est ni arabe ni français depuis bien longtemps. Il est fils d’immigrés, paumé entre deux cultures, deux histoires, deux langues, deux couleurs de peau, ni blanc ni noir, à s’inventer ses propres racines, ses attaches, se les fabriquer.
Pour l’instant il attend… il attend. Il ne veut pas y penser, il ne supporte pas l’angoisse.
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