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4.39/5 (sur 9 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) : 1966
Biographie :

Mélanie Joy a fondé l'association Beyond Carnism.
Comme elle l'écrit dans son ouvrage publié en 2010 aux USA et traduit en mai 2016 aux éditions l'âge d'homme :
"Si un végétarien est quelqu’un qui croit qu’il est contraire à l’éthique de manger de la viande, alors comment appelons-nous une personne qui croit qu’il est éthique de manger de la viande ? Si un végétarien est une personne qui choisit de ne pas manger de viande, qu’est une personne qui choisit de manger de la viande ?"
En dénommant le "carnisme", elle cherche à mieux identifier un état de fait pour le dénoncer, de la même façon que les féministes ont défini le concept de "patriarcat" dans les années 1970 pour en pointer les effets sur le statut de la femme.
Elle est professeur de psychologie sociale.
Son deuxième ouvrage, Strategic Action for Animals n'est pas traduit en Français.
Elle est diplômée de l'École supérieure des sciences de l'éducation de Harvard et titulaire d'un doctorat en psychologie de l'université de Saybrook.
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Carnisme, idéologie et statu quo
Une idéologie est un ensemble partagé de croyances, ainsi que les pratiques qui reflètent ces croyances. Par exemple, le féminisme est une idéologie. Les féministes sont des hommes et des femmes qui croient que les femmes méritent d’être considérées et traitées comme les égales des hommes. Parce que les hommes constituent le groupe socialement dominant – le groupe qui détient le pouvoir dans la société – les féministes défient la domination masculine sur tous les fronts, de la maison à la scène politique. L’idéologie féministe constitue la base des croyances et des pratiques féministes.

Il est assez facile de reconnaître le féminisme comme une idéologie, tout comme il est facile de comprendre que le végétarisme n’est pas simplement le fait de ne pas manger de viande. Les termes « féministe » comme « végétarien » évoquent une personne qui a un certain ensemble de croyances, quelqu’un qui n’est pas comme tout le monde.

Alors que dire de « tout le monde » ? Qu’en est-il de la majorité, du grand public, de tous les gens « normaux » ? D’où viennent leurs croyances ? Nous avons tendance à percevoir le mode de vie dominant comme le reflet de valeurs universelles. Pourtant, ce que nous considérons comme normal n’est, en fait, rien de plus que les croyances et les comportements de la majorité. Avant la révolution scientifique, par exemple, les croyances traditionnelles européennes voulaient que le ciel soit composé de sphères célestes qui tournaient autour de la terre, et que la terre soit le centre exalté de l’univers. Cette croyance était si enracinée que de clamer le contraire, comme l’a fait Copernic, et plus tard Galilée, impliquait de risquer sa vie. Donc, ce que nous appelons courant dominant est simplement une autre façon de décrire une idéologie qui est tellement répandue – si enracinée – que ses postulats et ses pratiques sont perçus comme du simple bon sens. On considère qu’il s’agit de faits plutôt que d’opinions, et que ses pratiques sont une donnée plutôt qu’un choix. C’est la norme. C’est ainsi que les choses sont. Et c’est la raison pour laquelle le carnisme n’avait pas encore été nommé jusqu’alors.

Quand une idéologie est si ancrée, elle est essentiellement invisible. Un exemple d’une idéologie invisible est le patriarcat, l’idéologie dans laquelle la masculinité est plus valorisée que la féminité et où les hommes ont de ce fait plus de pouvoir social que les femmes. Réfléchissons, par exemple, à laquelle des qualités suivantes est la plus susceptible d’apporter un succès social et financier à quelqu’un : l’affirmation de soi, la passivité, la compétitivité, le partage, le contrôle, l’autorité, le pouvoir, la rationalité, l’émotivité, l’indépendance, la dépendance, le dévouement, la vulnérabilité. Il y a des chances pour que vous ayez choisi les qualités considérées comme masculines, sans réaliser que vos choix reflètent des valeurs patriarcales ; la plupart d’entre nous ne perçoivent pas le patriarcat comme une idéologie qui nous apprend à penser et à agir d’une certaine façon. Les hommes comme les femmes acceptent sans se poser de questions le fait qu’il vaille mieux être, par exemple, plus rationnel et moins émotionnel, même si ces qualités sont aussi nécessaires l’une que l’autre à notre bien-être. Le patriarcat existait depuis des milliers d’années avant que des féministes ne nomment cette idéologie. Tout comme cela est le cas avec le carnisme. Fait intéressant, l’idéologie du végétarisme a été nommée il y a plus de 2 500 ans ; ceux qui choisissaient de ne pas manger de viande étaient appelés « Pythagoriciens », parce qu’ils suivaient la philosophie alimentaire de l’ancien philosophe et mathématicien grec Pythagore.

Plus tard, au XIXe siècle, le terme « végétarien » a été inventé. Mais c’est seulement aujourd’hui, après des siècles à nommer ceux qui ne mangent pas de viande, que l’idéologie de la consommation de viande est nommée. À certains égards, il est logique que le végétarisme ait été nommé avant le carnisme. Il est plus facile de reconnaître celles des idéologies qui ne relèvent pas du courant dominant. Mais il y a une autre raison, plus importante, pour laquelle le végétarisme a été nommé et pas le carnisme. La principale façon dont les idéologies enracinées demeurent ancrées est en demeurant invisibles. Et le principal moyen qu’elles ont pour rester invisibles est de rester anonymes. Si nous ne la nommons pas, nous ne pouvons pas en parler, et si nous ne pouvons pas en parler,
nous ne pouvons pas la remettre en question.

Tout ce qui est sans nom, qui n’est pas dépeint en images […] tout ce qui est mal nommé en tant que quelque chose d’autre, est rendu difficile à appréhender, tout ce qui est enfoui dans la mémoire par l’effondrement du sens dans une langue inadéquate ou mensongère – cela deviendra, non pas simplement tacite, mais indicible.
— Adrienne Rich
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