Et comment leur en vouloir ? Lui-même n'avait véritablement saisi l'enfer du feu que le jour que le jour où il avait subi son premier bombardement. Avant cela, la guerre avait pour lui une aura de gloire, un peu abstraite. Il s'imaginait les batailles comme celles des tableaux du Louvre, épiques et éclatantes de bravoure. Mais non. La réalité, c'était les corps hachés par la mitraille, ensevelis et recrachés par les explosions. C'étaient les nerfs tendus à craquer par la peur des obus, la puanteur de la mort, la fatigue et la faim. Les chasses aux rats, les langues boueuses qui s'infiltraient, le grondement des canons partout autour, tout le temps.