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Citation de dzymins


Au loin, sous la courbure du ciel, si loin que l'oeil pouvait à peine l'atteindre, s'allongeait une étroite bande noire. Je fronçai les yeux pour mieux voir entre mes cils collés de sueur et de poussière, et il me sembla reconnaître cette île faussement verdoyante, entourée d'arbres centenaires, où le sombre marécage des étables mêlait hommes et bêtes, puanteur et vermine. Le temps n'existait plus. L'alternance des jours et des nuits avait disparu. Seuls, lumière et ombre, chaleur et froid se complétaient et se rejoignaient dans une éternité où les heures et les minutes sont abolies.
J'avais connu cette île, j'en évoquais les images brouillées comme si je les voyais non point à trois ans, mais à trente ou cent années de distance. Engourdi au milieu de toutes ces images jetées pêle-mêle les unes par-dessus les autres, replongé dans cette fournaise d'odeurs, de saveurs, de couleurs, je n'avais pas la force de m'y intégrer, car je les aimais, les haïssais et les craignais tout à la fois. Dans ces images resurgies, j'aperçois des silhouettes connues, pourtant je jugerais ne les avoir jamais connues. Elles se rapprochent ou s'éloignent, prêtent l'oreille à des sons inventés, mais je ne les identifie pas. Je me suis égaré sur une route où chaque minute à son importance, car toutes ces minutes forment le temps. Il va, il court, sans emporté rien ni personne. Qui ne peut suivre est abandonné sans pitié. 
p.121
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