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Citation de la_fleur_des_mots


La dernière fois que j'avais déjeuné au Water Grill, j'étais assis en face d'un client qui avait froidement abattu sa femme et son amant à coups de pistolet dans la figure, son crime étant prémédité. Il m'avait engagé non seulement pour que j'assure sa défense au procès, mais aussi pour que je l'exonère de son forfait et redore son blason aux yeux du public. Cette fois, j'étais en face de quelqu'un avec qui je devais me montrer encore plus prudent, l'homme avec qui je déjeunais n'étant autre que Gabriel Williams, le district attorney du comté de Los Angeles.
Nous étions en plein hiver et l'air était vif en ce début d'après-midi. Williams s'était fait accompagner par son secrétaire général et conseiller politique Joe Ridell, en qui il avait toute confiance. Le repas avait été fixé à 13 h 30, soit au moment où la plupart des avocats ayant regagné le bâtiment du tribunal pénal, le district attorney ne fait donc pas étalage de ses petits flirts avec les individus du mauvais côté de la barrière - à savoir moi, Mickey Haller, qui défends les damnés.
Le Water Grill est un bon endroit où déjeuner en centre-ville. Les plats et l'atmosphère y sont agréables, les tables bien séparées pour les conversations en privé et la liste des vins difficile à battre. C'est le genre d'endroit où l'on n'enlève pas sa veste de costume et où le garçon vous glisse une serviette noire sur les genoux pour vous épargner la peine de le faire vous-même. L'équipe du district attorney s'était commandé des cocktails martini aux frais du contribuable, je m'en tenais à l'eau du robinet qu'offrait le restaurant. Il ne fallut à Williams qu'une olive et deux gorgées de sa boisson au gin pour qu'on en vienne à ce que nous cachions de manière aussi manifeste.
- Mickey, me dit-il, j'ai une proposition à vous faire.
Je hochai la tête. Ridell ne m'avait pas dit autre chose lorsqu'il m'avait appelé dans la matinée pour organiser ce déjeuner. J'avais accepté le rendez-vous, puis j'avais commencé à user de mon téléphone pour essayer d'avoir autant de renseignements que possible en interne sur ce dont il pouvait s'agir. Mais même mon ex - et c'était pourtant pour le district attorney qu'elle travaillait -, ignorait de quoi il était question.
- Je suis tout ouïe, répondis-je. Ce n'est pas tous les jours que le district attorney tient à vous proposer des choses, et qui plus est, en personne. Je sais déjà que cela ne saurait avoir le moindre rapport avec l'un quelconque de mes clients... comme s'ils pouvaient mériter la moindre attention du mec tout en haut de l'échelle ! Sans compter que pour l'instant, je n'ai que peu d'affaires à défendre. Les temps sont durs.
- Là-dessus, vous avez raison, me renvoya Williams. Cela n'a rien à voir avec aucun de vos clients. Mais j'ai une affaire dont j'aimerais que vous vous occupiez.
Je hochai encore une fois la tête. Maintenant je comprenais. Tout le monde déteste l'avocat de la défense jusqu'au moment où on en a besoin. Je ne savais pas si Williams avait des enfants, mais un audit préalable lui aurait appris que je ne faisais pas dans la défense des délinquants juvéniles. Je me dis donc qu'il devait s'agir de son épouse. Une histoire de vol à l'étalage ou de conduite en état d'ivresse qu'on essayait de garder secrète.
- Bon alors, qui s'est fait gauler ? demandai-je. Williams regarda Ridell et se fendit d'un petit sourire.
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