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4.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Beuzeville , le 08/09/1938
Mort(e) à : Joinville , le 21/02/2018
Biographie :

Michel Guillou est un ingénieur, homme politique et physicien français.

Il a suivi les classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Malesherbes à Caen, puis au lycée Saint-Louis à Paris. Il a alors intégré l'École Supérieure d'Électricité (Supélec) dont il a été diplômé en 1961. Michel Guillou a ensuite poursuivi des études de physique à la Faculté des sciences de Paris dont il obtiendra successivement le titre de Docteur-ingénieur en 1963, puis un doctorat d'État en 1968.

Il commence sa carrière comme ingénieur-chercheur à la Direction des études et recherches d’Électricité de France de 1960 à 1963, puis de 1965 à 1968, suite à son service militaire dans la Marine nationale où il obtiendra le grade d'enseigne de vaisseau.

Nommé maître de conférences à l’université de Rouen en 1968, Michel Guillou crée et dirige jusqu'en 1970 le département Mesures physiques à l'Institut Universitaire de Technologie (IUT). Jusqu'en 1975, il crée et dirige alors simultanément les IUT de Créteil (Université Paris XII) et de Dakar (université Cheikh-Anta-Diop) devenu sous sa direction l’École nationale supérieure de technologie de Dakar.

Dans la même période, il est nommé Professeur à la faculté des sciences de l'université de Dakar. Professeur à l’université Paris-Val-de-Marne à la chaire d’énergétique (1975), il est ensuite nommé chef du département de l’enseignement supérieur et de la recherche au ministère de la Coopération (1975-1976). En 1976, Michel Guillou est élu président de l’université Paris-Val-de-Marne, puis commence un second mandat qui se terminera en 1982.

Président (1984-1987) puis directeur général (1991-1998) de l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (Aupelf), il est le premier recteur de l'Université des réseaux d’expression française (UREF) de 1991 à 1998 devenue Agence universitaire de la francophonie (AUF) de 1998 à 2000.

Nommé à l’université Lyon III Jean Moulin en 2001, Michel Guillou a créé et dirigé jusqu'en 2014 l’Institut d'étude de la francophonie et de la mondialisation (Iframond) devenu sous sa direction Institut International pour la Francophonie (2IF). Il a mis en place le Réseau international des chaires Senghor de la Francophonie dont il a assuré la présidence de 2008 à 2014.
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Michel Guillou (II)   (7)Voir plus

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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
     Les circonstances


 Les circonstances n'atténuent pas toujours, loin de
là ! Elles sont parfois douces et mansuètes. Elles savent
être propices et complaisantes. Mais le plus souvent, elles
se liguent, elles s'acharnent, elles empirent la situation.
 Ainsi la plupart des malheurs, les plus inextricables en
tout cas, sont dus à des concours de circonstances.
Certaines peuvent venir de très loin, ne s'étaient jamais
rencontrées, d'autres désœuvrées, passaient par là, à
l'affût d'un malheur à faire (aucune circonstance n'est
jamais là par hasard). En une seconde, elles concourent :
s'agrippent les unes aux autres, s'entrechoquent, se ficel-
lent de nœuds, s'agglutinent comme un paquet de pieuvres
autour de vous. Elles noircissent la situation et l'enfon-
cent dans une encre illisible.
 C'est là que votre malheur commence : car maintenant,
c'est le vôtre, celui que vous serez seul à subir. Les
circonstances s'en fichent éperdument, assurées qu'elles
sont de la plus totale impunité.
 Certains ont proposé des plans pour éliminer les
circonstances. Mais cette utopie logique du bonheur n'a
jamais été réalisée. Les autorités hésitent. Ce n'est pas
que les moyens manquent ni les systèmes draconiens,
mais on laisse faire. Sans que l'on sache bien pourquoi,
il semble que les circonstances soient indispensables.
 Elles aggravent, elles accablent, elles condamnent.
Mais elles dessinent aussi toutes sortes d'espacements,
d'intervalles, de lignes floues, de pointes et d'arron-
dis, de pages blanches et de marges avec un illogisme
encourageant.
 Les circonstances profitent de cette ignorance pour se
perpétuer sans souci.

p.153-154
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Brisures de temps


 Dans les villes, aucune horloge sur les façades, sur les
beffrois. Dans les intérieurs, aucune pendule. Aux poi-
gnets, aux chevilles, pas la moindres montre. Ce n'est pas
que les Baldéens les ignorent. Ils ont des mathématiques
féroces, ils connaissent les subtilités du calcul et le travail
d'orfèvre. Mais les montres, ils les rejettent et les refusent.
 Ces mécanismes anguleux, ces roues dentées, ces ancres,
cames et cliquets, ces cercles engrenés avec leurs cils de
métal bleu ne font, disent-ils, qu'émietter le fantôme du
temps.
 Pour eux le temps est une mer sensitive — un glisse-
ment de vagues et de suspens, une palpitation chan-
geante.
 On ne mesure dans les montres que l'étendue de son
désert. On y concasse minutieusement l'inertie d'un
sable, le sable indéfini de la disparition du temps.
 Le bruit d'une pendule les inquiète. On n'y entend,
disent-ils, que le crépitement minéral de la mort. Le
bruit de ce petit marteau inexorable qui cloue l'éternité
sur l'immensité de son vide, sur son indifférence, sur
son inanité fossile.
 À cette mécanique exacte du néant les Baldéens pré-
fèrent le temps ondulant, un temps qui se surprend parfois
lui-même par ses écarts, ses moments vagues, ses absences,
ses raccourcis.
 Un temps fluide, troué parfois de tremblements d'éter-
nité.
 Ici le temps a son enfance devant lui.

p.51-52
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Distances


 Il faut une certaine intimité, une longue métamorphose,
une confiance sans calcul — et savoir découvrir
l’oiseau taciturne que l’on porte en soi.
 Beaucoup, qui vous parlent de vol d’oiseau, n’y sont
jamais parvenus.
 Pour aller en Baldéa, je m’accorde avec des oiseaux
voyageurs : le gouffle cendré, le sorcenet, l’empreduse
ou parfois, bien qu’il ait la réputation d’un migrateur
lunatique, le racaste.

 Je ne saurais dire combien de fois je suis allé en Baldéa,
combien de voyages, combien de séjours et de parcours
dans l’inconnu, mais souvent.
 Je partais sans toujours savoir exactement si la décision
était la mienne ou venait d’ailleurs, de là-bas.
 Parfois je m’y suis retrouvé : le signe que je rencon-
trais là son autre, sa part obscure, non pas son double
(n’importe quel miroir vous le fournit) mais la part étran-
gère qui le compose….

p.10-11
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Destinations


 Si vous désirez vous rendre vers une destination per-
sonnelle pour laquelle n’existe aucun chemin, aucune
voie carrossable, aucune route d’aucune sorte, les Bal-
déens très volontiers vous prêtent un chemin, une voie,
une route portative.
 Ce sont des rouleaux d’espace : un espace assez étroit
mais lisse et bien dégagé qu’il suffit de dérouler au fur
et à mesure devant soi. Il s’efface aussitôt parcouru,
laissant le paysage intact. On avance ainsi sur un bout de
route, un segment assez court mais suffisant. Il aplanit la
difficulté.
 Il faut prendre garde à ne pas lâcher le rouleau (une
expression idiomatique et qui dit bien). De celui qui
revient écorché et fourbu, on pense in petto «encore un
empoté qui a lâché le rouleau… »

p.16
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Destinations


 Si vous désirez vous rendre dans un lieu qui ne figure
sur aucune carte ils vous donnent volontiers la carte. Ils
savent — c’est la règle intraitable de l’existence — que
chacun compose à sa façon, à la recherche de sa vie, son
itinéraire pour se perdre.


 Ce sont les Baldéens eux-mêmes qui m’ont proposé de les
appeler de ce nom, et leur territoire Baldéa.
 Pour éviter toute information, les noms des villes et des
régions ont été délibérément dégrimés. Le procédé permet de les
faire correspondre à leur différence.
 Je dois prévenir le lecteur qu’il ne s’étonne pas de l’absence de
la page 359 : elle tient — pour l’instant et pour un motif — à
rester en Baldéa.

p.18
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Destinations


   Si vous désirez vous rendre vers une destination per-
   sonnelle pour laquelle n’existe aucun chemin, … les Bal-
   déens très volontiers vous prêtent un chemin, une voie,
   une route portative….



 Ceux-là — grisés par la facilité, bornés par la certitude
d’atteindre ou parce qu’ils ont mal apprécié l’épreuve
de la distance —, ceux-là ont vite fait d’avoir consommé
tout leur espace. Portés par leur précipitation ils arrivent,
disent les Baldéens, au bout du rouleau (ils le savaient
peut-être, et tentaient seulement l’impossible…).
 Il n’y a plus alors autour d’eux que l’indifférence
féroce du monde. S’ils veulent poursuivre ou rebrousser,
il ne reste de la route qu’un trait sur le sol, un dernier
trait dont on ne peut plus se détacher.
 Ils sont parvenus sur le bord exactement de leur
disparition.
 Les Baldéens les tiennent pour des fantômes sans
importance, pour des êtres de solitude, absorbés déjà
par leur mirage.
 En observant les usages, je compris qu’ils ne vous
donnent jamais à dérouler que votre propre traversée
du temps. Ce sont des fournisseurs de destin.
 Aucun voyageur ne songe à le leur reprocher….

p.17
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La menace des Négations


En ville, en voyage, dans les autocars et dans les cam-
pagnes, dans les conversations et jusque dans les déserts,
on risque toujours de rencontrer ici une Négation.
Elle se dresse brusquement devant vous comme une
oriflamme de soie noire et moirée qui ondoie et claque
furieusement, secouée par une tornade invisible.
Les Négations sont douées d’une énergie aussi fulgu-
rante que le crotale ou le narphide. Une Négation qui
ne fulgure pas, qui traîne et paresse et somnole au soleil,
qui sinue le long d’un pli de silence, c’est une Négation
usée, fatiguée d’elle-même, abandonnée à sa faiblesse.
Une Négation qui a renoncé. Elle a renoncé à sa ner-
vivité, à sa colère catégorique. Elle a cessé de fulminer.
Au mieux, ce genre de Négation nonchalante n’oppose
au cours des choses qu’une réserve, une inflexion modeste,
une objection discrète et marginale. La Négation véri-
able, la Négation de mort sûre bondit et frappe, vous
frappe de nullité. Aussitôt touché, on vacille. On palpite
un court moment de l’ivresse de son venin, on ne tarde
guère à être paralysé et anéanti...

p.14
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La diversité des mers


 Il y a la mer des Sarcasmes. Toujours houleuse, ourlée…
 Il y a la mer des Bobines. Fuyante, sournoise,…
 La mer des Teiches. poissonneuse,…
 Il y a la mer Blanche. molle et traître….

 Il y a la mer des Roches. Un chaos de dents rocheuses,
d'îles, d'archipels si serrés qu'aucun bras de mer, fût-il
aussi mince qu'un fil, ne peut s'y glisser. C'est une sorte
de lande séphitique, nocronique et pétrifiée. On n'y
navigue qu'en pensée. On y croise des barques subjec-
tives, des errants mélancoliques, des embarcations fantai-
sistes, souvent totalement dénuées de sens.

  Il y a la mer Chauve. Mauve, lisse, moirée comme une
soie. C'est une mer intérieure : une pure surface d'abîme
qui se balance sur elle-même.

p.84

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Les larmes


 Certains, voyant venir le supplice ou le désastre, jettent
l'éponge. Les yeux secs, le visage silencieux et durci
comme un masque, ils passent l'épreuve sans une larme.
En même temps, ils perdent ce qu'ils évitent.
 Des moments déchirants on dit qu'ils vous serrent
l'éponge. Ah ! J'en avais l'éponge serrée, soupire le Bal-
déen. Et rien que d'y penser, l'éponge encore ça la lui
serre !
 Face d'éponge est le sobriquet des pleurnicheux, des
larminards, de ces êtres qu'un rien ravine et précipite.
L'excision de l'éponge, pratiquée très jeune, leur assure
une sécheresse d'âme certaine et définitive. Mais en retour
ils craignent l'humidité. Ils craignent la saisons des pluies
et les inondations, la saisons des brumes, les automnes
nordiques, la fonte des neiges, le bord de la mer. Ils
redoutent cette mollesse de mousse, de floche et de taf-
fetas que provoque en eux l'humidité. Ils sont à l'aise
dans les déserts, dans lesquels ils dirigent avec sobriété
les mines de sables et les usines de poussière.

 Les larmes sont vertes, comme l'éponge dont elles
proviennent, vertes comme les épaves, vertes comme le
sommeil des orphelins.
On verse des larmes de jade dans les grandes occasions.
Les larmes d'émeraude contiennent une trace de joie.

p.32-33

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 Il [le rouleau d'espace] convient aux explorations légères,
aux repérages, aux digressions préliminaires. Au-delà
s’étend la vérité du parcours, inéluctable.
 Mais cet équipement séduit tout spécialement ceux
qui veulent éviter l’épreuve de la traversée des choses :
ceux que seule intéresse une destination magique, une
destination qui les obnubile et les fascine, là où se tient
l’enchantement magnétique de leur désir. Le rouleau
d’espace, voilà la solution, pensent-ils, économique et
simple et maniable !
 Ils félicitent l’invention.
 Ils se réjouissent d’avoir à disposition, si commode, ce
chemin vide. Ils pourront s’épargner enfin les pierres
d’achoppement, les obstacles, les objections, les dis-
continuités, l’incertitude qui naît des rencontres, tout
l’inconvénient prosaïque et fastidieux des résistances qui
dispersent, des adversités qui détournent ou contre-
carrent….

p.16-17
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