The horror ! Derniers mots – et les seuls – que Conrad fait prononcer par le personnage longtemps invisible mais central de Heart of Darkness, ce Kurtz devenu trafiquant prêt aux pires crimes après avoir été, nous conte-t-on, un beau parleur donnant à entendre qu'il se tient aux avant-postes de la civilisation. Que dénonce, en un nombre infime de syllabes, ce cri du cœur ou des entrailles qui, venu aux approches de la mort, résume toute l'expérience d'un discoureur qui s'avère finalement dire sa vérité en à peine deux mots ? Est-ce la sauvagerie ambiante dans laquelle est baigné ténébreusement ce transfuge de l'Occident ? N'est-ce pas, bien plutôt, son ensauvagement personnel de pionnier dévoyé ?