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Citation de Er-et-cel


Ces transports de troupes coloniales ressemblaient, au début du siècle, à une déportation de forçats. Sur le pont du navire, fait pour cinq cents personnes, douze cents hommes s’entassaient, plus cinquante bœufs et deux cents moutons pour la popote. Dans l’odeur infecte du parc à bestiaux et des cages à volaille, les soldats étaient rangés par escouades, à une place désignée qu’ils ne quitteraient plus de toute la traversée. Qu’il vente, qu’il pleuve, que les vagues en tempête recouvrent le pont, que les nuits soient fraîches et les après-midi torrides, ils resteraient un mois sur le pont, sans abri, à la même place. À sa première traversée, en 1909, mon père ne disposait pas d’eau pour sa toilette, ni pour laver son linge. Mais comme ses camarades il n’avait pas encore pris l’habitude de l’hygiène et cette absence d’eau de lavage, qui nous paraît aujourd’hui invraisemblable, dut lui sembler naturelle. En 1909, sur le pont des bateaux transporteurs de troupes, l’eau douce était si précieuse qu’elle ne se trouvait que dans un tonneau cadenassé. Autour du tonneau, une guirlande de suçoirs en bois permettait aux mille deux cents soldats d’aspirer de temps en temps une gorgée d’eau tiédie par le soleil.
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