Le 15-11-38, avant le départ, nous avons défilé en tenue dans le centre de Barcelone avec nos blessés assis dans nos camions. Le défilé fut interrompu à plusieurs reprises par la foule délirante qui se jetait dans nos bras, nous étreignait comme des êtres chers, nous essayions de garder notre calme au milieu des acclamations, ce n'était pas facile. On nous donnait des fleurs, il en pleuvait aussi des fenêtres des immeubles. Nous ne nous attendions pas à cela. Nous n'avions pas gagné la guerre mais les pauvres gens savaient ce que signifiait notre départ. C'était la fin de l'espoir. Comment ne pas éprouver un serrement de coeur en abandonnant au nom de la non-intervention ce peuple ami à un tragique destin?