AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ledraveur


J'étais sans cesse menacé par les chutes de glace ou de rochers ; à plusieurs reprises, j'avais glissé et failli m'écraser au fond du glacier, je savais ce que cela signifiait, une mort lente par le froid ou simplement par ma chute sur des blocs aux arêtes aiguës. Ces risques étaient toujours présents et, malgré mes efforts pour les limiter, je les prenais presque tous les jours. Cette sensation sans cesse renaissante, me faisait toucher du doigt ma condition et j'en retirais un certain sentiment d'humilité en même temps qu'une agressivité provoquée par ma volonté de survivre — car c'était là mon but. En essayant de dépasser certaines limites physiologiques en dehors du temps j'essayais de me donner un sens, de rechercher des raisons d'exister. Cette poursuite à la recherche de moi-même se continuait sans cesse et lorsque j'essayais de l'appréhender elle allait toujours un peu plus loin. C'est ce qui se passait aussi dans mon essai d'appréhension du temps, il fuyait parce que j'étais là mais en fait il n'existait pas. Le temps des horloges était une fiction. Quelle idée de séparer en moments quelque chose d'infini que nous créons nous-mêmes ? Chaque « jour » je comptais mes réveils et mes couchers. C'était ma seule base de référence, mon seul point commun avec les hommes ; à part cela, je vivais étranger, comme un animal.
p. 103 – 04
Commenter  J’apprécie          10









{* *}