Au bout de la folie, je me cramponne à des fables qui rappellent les contes de mon enfance. Je me persuade d'avoir été aimé, adoré, choyé. Je retiens les velours et les ors, j'oublie la saleté et les poux. Parfois, mon regard rencontre mon visage : je reste alors foudroyé.
Comment suis-je devenu, à treize ans, ce squelette aux yeux trop vastes ? Les adultes ont pu s'accrocher à l'Histoire, y participer parfois : les événements leur confèrent une identité sociale. Je ne suis, moi, témoin de rien, simple survivant d'un naufrage.