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Citation de Sachenka


Autour d'une table ronde qu'éclairait une lampe abat-jour vert, huit joueurs étaient réunis. Apercevant parmi eux Neszti Szent-Györgyi, Laszlo s'arrêta en face de lui. Il aimait regarder ce personnage de grand style. Ernest était le petit-cousin de son oncle Antal, dont il avait d'ailleurs la haute stature, l'allure de lévrier, le nez mince, les yeux gris, le regard froid. Il arborait en outre de longues moustaches noires, non pas taillées mais tombantes, à la gauloise, qui conférait à son visage une expression méprisante. [...] Il était célibataire, immensément riche ; il allait sur la cinquantaine, mais ces cinquante ans-là en valaient bien cent, tant il en avait utilisé chaque seconde, jouissant de tout ce que peuvent offrir fortune, nom, belle prestance et santé florissante. Il avait chassé le tigre aux Indes, tiré le lion au Soudan, chassé à courre non seulement en Transylvanie mais encore en Angleterre et en France, possédé un yacht sur la Riviera et des chevaux de course sur tous les turfs de la planète. Les femmes, bien sûr, étaient folles de lui, mais aucune ne l'avait enchaîné, bien qu'il se fût battu pour elles un nombre incalculable de fois, sans pour autant considérer le duel autrement que comme un sport, un simple corollaire du mouvement de la vie. Rien, ni passion ni peur, n'ayant jamais fait battre son coeur, il ne lui était jamais arrivé rien de fâcheux. Dans son genre il était parfait. C'était comme si la société de la fin du siècle avait voulu incarner son idéal : le parangon de l'homme du grand monde.
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