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Citations de Miklós Bànffy (29)


- Vous avez joué beaucoup?
- Non, une broutille! Ma vie seulement.
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L'azur coiffe montagnes et vallées de son immense coupole.
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- Le bonheur, dit tristement Adam Alvinczy, tout le monde ne le mesure pas à la même aune...
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- Que me demandiez-vous?... Ah oui, ma belle-mère!... - elle eut un sourire moqueur, presque triomphal. Vous savez, AB, elle aussi elle est complètement folle! La vieille est en froid avec le bon Dieu! Si, si! Ils ne se parlent plus. Athée, elle? Oh non, loin de là! Elle est même très croyante. Mais elle Lui en veut depuis que son mari est devenu fou et qu'il est mort. Elle L'avait prié, elle L'avait imploré, je pense même qu'elle avait fait un voeu, mais ça n'a servi à rien, Dieu le lui a tout de même enlevé. Alors depuis, elle ne va plus à l'église, elle ne prie plus. Dans sa chambre, elle a retourné le crucifix. Toutefois, comme avant, elle continue à faire venir ce moine. Peut-être pour permettre au vieux Maier et aux quelques domestiques catholiques d'assurer le salut de leur âme, mais je crois plutôt qu'elle entend montrer à Dieu qu'ici, chez elle, elle Le boude ; qu'elle Lui en veut de ne pas l'avoir écoutée.
- S'il en est ainsi, quelle tragédie!
Adrienne eut un rire cruel :
- Elle ne peut pas supporter qu'on ne fasse pas ses quatre volontés. Même Dieu, elle voulait qu'Il lui obéisse, et maintenant elle Le punit!
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Autour d'une table ronde qu'éclairait une lampe abat-jour vert, huit joueurs étaient réunis. Apercevant parmi eux Neszti Szent-Györgyi, Laszlo s'arrêta en face de lui. Il aimait regarder ce personnage de grand style. Ernest était le petit-cousin de son oncle Antal, dont il avait d'ailleurs la haute stature, l'allure de lévrier, le nez mince, les yeux gris, le regard froid. Il arborait en outre de longues moustaches noires, non pas taillées mais tombantes, à la gauloise, qui conférait à son visage une expression méprisante. [...] Il était célibataire, immensément riche ; il allait sur la cinquantaine, mais ces cinquante ans-là en valaient bien cent, tant il en avait utilisé chaque seconde, jouissant de tout ce que peuvent offrir fortune, nom, belle prestance et santé florissante. Il avait chassé le tigre aux Indes, tiré le lion au Soudan, chassé à courre non seulement en Transylvanie mais encore en Angleterre et en France, possédé un yacht sur la Riviera et des chevaux de course sur tous les turfs de la planète. Les femmes, bien sûr, étaient folles de lui, mais aucune ne l'avait enchaîné, bien qu'il se fût battu pour elles un nombre incalculable de fois, sans pour autant considérer le duel autrement que comme un sport, un simple corollaire du mouvement de la vie. Rien, ni passion ni peur, n'ayant jamais fait battre son coeur, il ne lui était jamais arrivé rien de fâcheux. Dans son genre il était parfait. C'était comme si la société de la fin du siècle avait voulu incarner son idéal : le parangon de l'homme du grand monde.
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Audiatur et altera pars n'est pas un adage politique. S'en tenir à son propre credo, ne voir qu'un tissu d'erreurs dans celui de la partie adverse, tel est le principe de la vie parlementaire, un principe qu'il est parfois, mais ô combien rarement, possible de mettre entre parenthèses pour une heure ou deux mais qui reste le fondement de toute activité publique.
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Le couple est là, de bout, au-dessus du rocher, dans un univers presque irréel.
Elle et lui ont l'impression d'être seuls au monde. Sous leurs yeux, un spectacle sublime commence, c'est peut-être la toute première aurore de la terre.
Le bas du ciel se teinte d'or et de sang. De longues gerbes de rayons fusent à travers les nues, envahissant le ciel, où des vapeurs légères, jusqu'alors invisibles, rosissent brusquement. Les nuages se brisent en rubans horizontaux. Les plus proches se frangent d'argent, les plus lointain s'allument et deviennent rouges, orangés, jaune safran, d'un vert sulfureux, comme illuminés par le feu de quelque forge dissimulée par l'horizon, par la coulée de métaux en fusion largement répandus.
La lumière grandit d'instant en instant. Les sommets, les crêtes, comme un coup de baguette magique, sans qu'on puisse le prévoir, soudain se colorent, les plus lointains d'un bleu léger, les plus proches d'un vert somptueux. Un émail rose court à flanc de rochers ; il n'y a encore d'ombre nulle part. Chaque chose, selon sa nature, retrouve simplement ses couleurs. Le monde entier attend, le coeur battant, la seconde où s'accomplira de nouveau l'éternel mystère du lever du soleil.
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- Un premier ministre, quand il est battu, devrait être moins outrecuidant!
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«[...] Le lien patriarcal qui pendant des siècles a uni le seigneur terrien à son village n'a pas cessé avec l'abolition du servage. Il te faut conduire, aider, assister, ceux qui tant matériellement que culturellement sont fort en dessous de ta condition. Paysans ou domestiques, considère-les comme tes enfants. Sois sévère, mais juste et compréhensive. Car ce n'est pas un hasard si dans la langue hongroise famille et domesticité, csalad et cseléd, ne sont qu'un seul et même mot...»
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L'annexion de la Bosnie ne provoquait pas seulement une crise ; elle ouvrait une nouvelle période dans l'histoire diplomatique du continent. Aerenthal, en ignorant le traité de Berlin, en négligeant toutes consultations préliminaires, en plaçant l'Europe devant le fait accompli, faisait école sans le savoir
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Il s'attarda longtemps, debout à la fenêtre. Sur le boulevard, en files innombrables, des lumières. Les tramways tintinnabulaient, s'arrêtaient en crissant, repartaient en grondant. Au-dessus des maisons, une vapeur luminescente. Une faible clarté.
Il se tient là, dominant la multitude des toits, immobile. Dans son âme aussi, il se sent supérieur, il est quelqu'un, il fait partie des puissants. Il n'y a plus trace en lui de l'humiliant sentiment d'infériorité qui l'a enchaîné pendant tant d'années. Le baiser, le long, long baiser qu'il a échangé avec Klara, l'en a délivré pour aujourd'hui. Il se sent de la race des conquérants, il est Cortez partant pour Mexico.
Il ouvre les bras, en direction de la ville nocturne, tout grands, comme s'il voulait embrasser l'univers.
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Tous ces souvenirs se présentent devant Balint non pas l'un après l'autre, non pas sous forme de mots ou de phrases, mais comme un ensemble vivant, comme un tableau, avec tous leurs détails.
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Toujours rasé de près, le vieil homme tenait énormément à être propre et bien soigné. Il disait en plaisantant : "Un jeune peut être sale, mais un vieux est repoussant même récuré !"
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Mais arriva ce qui devait arriver, car l'individu est mené par son psychisme et sa mentalité, par ses inclinations et ses manques, par ses actes et ses omissions.
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Un bel après-midi ensoleillé du début de septembre, si radieux que de temps à autre une alouette, ivre de lumière, prend son essor et monte, monte dans l'azur, bat des ailes pendant quelques instants, puis plonge, puis plane, puis remonte, remonte encore. Peut-être se croit-elle toujours en été.
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Le pays courait à sa ruine et cette génération avec lui. Ils allaient disparaître dans une guerre où les mots qu'ils avaient tant utilisés - "lutter, se battre" - ne se rapporteraient plus à des joutes d'orateurs, à des batailles verbales ; où "tenir jusqu'au bout" ne signifierait plus continuer à parler pour paralyser une assemblée jusqu'au bout de la séance, mais s'appliquerait concrètement à la réalité des massacres.
Le pays allait périr et avec lui la génération qui n'avait accordé d'importance qu'aux formules, aux articles de loi, aux grandes phrases pompeuses ; qui avait pu oublier les réalités de la vie des Etats et courir, comme les enfants, après des mirages ; qui avait vécu sans avoir conscience de tout ce qui constitue le fondement des nations : la force, l'autocritique, la cohésion.
Ne lui restait qu'une seule vertu : être prête à se battre. Mais cela aussi serait vain.
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Autour d'eux, les montagnes enneigées brillaient doucement sous le croissant de lune qui se levait. En contre-bas, les crevasses pétrifiées du glacier s'étendaient à perte de vue. Tout n'était que glace et neige, dans un univers d'où toute vie avait depuis longtemps disparu. De la glace, de la glace partout comme, chez Dante, au plus profond de l'enfer. Le ciel aussi semblait de glace. Il était limpide, majestueux, plein d'étoiles impitoyables. Devant eux, du cœur des profondeurs, le Cervin, noir d'encre, jaillissait. Telle la griffe de Satan déchirant la voûte du ciel. Sa pyramide colossale n'était plus faite de rocher. Son aiguille se dressait comme une borne. Une borne qui marquait la fin d'un monde.
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Bálint repensait au pauvre Kadacsay, qui s'était tué de désespoir faute d'avoir pu acquérir ce que Tamás repoussait loin de lui. Une question lui vint à l'esprit : Gazsi aurait-il connu un autre destin s'il avait pu obtenir tout cela ? Et Laczók eût-il été aussi serein si, possédant sa vaste culture, il n'avait pas renoncé à la carrière, au pouvoir, à la réussite ? Était-ce sa culture qui lui donnait la force de tout plaquer là, ou aurait-il bien mené la même vie et eût-il été aussi satisfait s'il n'avait pas été forcé par le destin à s'expatrier, s'il était resté au pays dans une molle et oisive ignorance ?
Est-ce la vie qui nous forme ou sommes-nous la résultante de facteurs innés ?
Ne pouvons-nous renoncer tranquillement qu'à ce que nous possédons déjà, sans pouvoir renoncer à ce que nous n'avons pas pu obtenir ?
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Dans la profondeur de la vallée, les roseaux du lac sont encore d'un vert ardent, presque noir. Ils occultent sa surface qui plus loin réapparaît, vaste miroir obscur que quelques canards sauvages griffent de leur V adamantin de leur sillage.
Et le silence, immense...
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"Si heureux soit-on, dit-il en substance, on désire toujours autre chose. Quelque chose qui reste à atteindre. Qui nous manque pour être vraiment heureux. Nul ne peut dire qu'il n'a plus de désirs. La Providence lui fait-elle un cadeau qu'il en faut aussitôt un autre. Et peu importe sa valeur, peu importe qu'il soit plus grand que le précédent, non, ce qui compte, c'est que ce quelque chose qu'il n'a pas encore existe et qu'il lui faut. Son désir tempère son bonheur; il lui semble qu'il ne sera heureux que quand il aura également obtenu ce quelque chose; et s'il l'obtient, il lui faudra autre chose encore. Avec le malheur, il est de même. Quel que soit le coup qui nous frappe, toujours quelque chose nous console, qui nous empêche de tomber dans le désespoir. Peu importe ce que c'est, peu importe quel nom nous lui donnons : obligation, dette...Quelque chose à faire, en dépit du coup reçu. Après un décès, s'occuper de ceux qui restent, entretenir ce que le défunt aimait. Tout chagrin, quel qu'il soit, recèle aussi une source de bonheur, un devoir qu'il n'est pas possible de négliger : un travail à poursuivre, des soins à apporter à un être qui a besoin de nous, qu'il s'agisse d'un parent, d'un domestique, voire d'un animal, peu importe ! Quelqu'un à cause de qui il faut rester où l'on est, pour qui il faut travailler, quelqu'un dont nous pensons qu'il a absolument besoin de nous. Et qui sait si la profondeur de notre deuil n'est pas en soi une satisfaction ?"
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