C’est une évidence qui m’apparaît chaque fois que je m’assois pour contempler la mer : quiconque vient frapper à nos portes, qu’il soit réfugié, pauvre ou voyageur, représente pour ce monde le seul salut possible, le seul véritable espoir contre la violence de l’histoire.
Parfois, gagné par le découragement, j'ai l'impression de faire partie, sur toutes ces questions, d'une infime minorité. Mais je ne peux pas, nous ne pouvons pas, nous permettre de désespérer ; pas plus que nous ne pouvons adopter une position tiède ou ambiguë. C'est ce que j'ai essayé de démonter en tant que maire. S'agissant de justice au sens évangélique, comme disait Gustavo Gutiérrez Merino, le père de la théologie de la libération, "il n'y a pas de demi-mesure" ; si notre vie, c'est dire oui à Dieu, c'est aussi dire oui à la fraternité, à la compréhension, à la tolérance, au respect, à la dignité, aux valeurs humaines, au fait d'éprouver dans sa chair l'injustice subie par l'autre.
C'est cela, être de gauche. Un sentiment d'empathie qui remplit le coeur, que l('on porte en soi. Ce n'est pas être lié à un parti politique, c'est défendre une idée fondamentale et indestructible.
Au bout du compte, la vérité, c'est que personne ne choisit librement de quitter sa terre. Que ce soit pour des raisons économiques ou -situation encore plus dramatique- pur fuir la guerre, tout migrant peut en témoigner : ce qui l'a poussé à partir lui a été imposé.
Pour moi, la seule chose qui compte, c'est la liberté. Sans conditions, sans limites, sans frontières.
J'ai toujours soutenu qu'il est impossible de se débarrasser du crime organisé dans un système de type libéral. C'est inévitable : l'économie capitaliste est consubstantielle aux mafias.
En revanche, la justice sociale est au-dessus des mafias, et plus généralement du libéralisme effréné, générateur de déséquilibres qui à leur tour génèrent les migrations.
En montrant spontanément qu'il avait du coeur, notre village à redécouvert son identité ensevelie sous l'angoisse de la pauvreté, et l'âme ancienne d'une région où il était inconcevable de voir quelqu'un, près de chez soi, vivre sans toit et sans nourriture. La forme d'accueil qui s'est mise en place à Riace était authentique, détachée de l'économie.