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Jérémie Lefebvre (Traducteur)
EAN : 9782283035405
192 pages
Buchet-Chastel (09/09/2021)
4.79/5   7 notes
Résumé :
À Riace, petite ville du Sud de l’Italie, à la fin des années 1990, il n’y avait quasiment plus rien : ni agriculture, ni commerce, pas la moindre activité. Les jeunes n’avaient d’autre possibilité que la fuite pour espérer un avenir. Et puis, peu à peu, le système d’accueil des réfugiés voulu par le maire de la ville, Mimmo Lucano, a tout changé. Les maisons du centre, abandonnées depuis des années, se sont repeuplées. Des centaines d’hommes et de femmes venus d’ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Billet ? Pas billet ? Billet ? Pas billet ? J'ai bien hésité mais, un p'tit parce que le sujet me tient particulièrement à coeur et que ce livre reste forcément confidentiel car dérangeant.

Alors que l'Océan Viking (successeur de l'Aquarius) a encore sauvé plus de 300 vies en méditerranée la semaine dernière, l'Italie, qui une fois de plus accueille (contrainte et forcée) et est lâchée par l'europe et la France en particulier, l'Italie donc ou plutôt sa justice, a condamné, fin septembre, un homme à 13 ans de prison et 500 000 euros d'amende pour avoir dit non à la politique de non accueil de son pays.
Cet homme c'est Mimmo Lucano, maire de Riace en Calabre de 2004 à 2018.
Son crime ? Avoir accueilli des Hommes venus d'ailleurs, des familles fuyant guerre, famine et toutes les horreurs dont sont capables les Hommes pour nuire à leurs semblables.
Cet homme est coupable d'avoir sauvé son village d'une mort annoncée. Coupable d'avoir récupéré toutes les maisons abandonnées par des habitants partis depuis longtemps tenter leur chance à Rome, Milan ou Turin. Coupable d'avoir racheté des maisons ou d'avoir demandé aux propriétaires l'autorisation d'y loger des migrants.
Cet homme est coupable d'avoir par exemple ré-ouvert une école fermée, faute d'enfants locaux, grâce aux familles venues s'installer à Riace en attendant d'avoir une réponse à leur demande d'asile.
Cet homme est coupable d'avoir redynamisé l'économie locale en permettant à ces gens aux couleurs de peau « non conformes » de se rendre utile à la collectivité.

« Grâce à eux » c'est l'histoire de l'engagement d'une vie que raconte Mimmo Lucano.
Arrêté en 2018 suite à une demande du ministre de l'intérieur Italien de l'époque… salvini.

Oui, ce livre est dérangeant car comme tant d'autres il se fait témoin de l'état de santé de nos sociétés « oxydantales », de notre système nocif au vivant.
Comment peut-on se satisfaire de son petit coin de paradis quand à sa porte la misère dans un ultime effort toque au heurtoir de coeurs fermés ou plutôt de consciences endormies ?
Comment peut-on s'accommoder d'un système qui accepte que des gens dorment dans la rue ?
Comment peut-on se complaire dans une société ou la peur et l'argent dictent les lâchetés des uns et des autres ?
Comment se regarder en face alors que notre négligence et notre léthargie nous fait complice ?
Quand est ce que la majorité des gens prendront conscience que sans leur consentement, rien n'est possible et que si nous refusons par nos actes quotidiens, dans de nombreux domaines, d'entretenir cette peur de l'autre, cette peur de tout, si nous arrêtons de cultiver cette misère qui gagne un peu plus de terrain chaque jour un peu partout sur la planète, les « huns puissants » n'auront plus aucun pouvoir toxique, nuisible et malsain sur les inutiles que nous sommes pour eux.
Rien de possible tant que les mentalités ne changeront pas en profondeur alors, en attendant, il y a des Mimmo Lucano et autres abbés Pierre en devenir qui agissent chez eux avec leurs moyens, ces moyens qu'on cherche à leur retirer en les faisant passer pour des criminels…

« Grâce à eux », un livre dérangeant pour le système, dérangeant pour l'extrême droite qu'elle soit d'un coté ou de l'autre des Alpes, dérangeant pour la droite moralisatrice, dérangeant pour la gauche lâche et hypocrite, dérangeant mais qui redonne confiance en l'Homme, comme le livre de Cédric Herrou « Change ton monde ».

A noter pour les Parisiens qui ne seraient pas très occupés par la grand messe du 20h ou par plus belle la vie, que le 17 novembre donc mercredi prochain, Mimmo Lucano sera présent à une soirée de soutient dans le 10e à la bourse du travail, 3 rue du Château d'Eau. Seront présents entre autre, Cédric Herrou et Patrick Chamoiseau (Goncourt 1992). Rendez vous à partir de 18h.

A tous ceux qui s'indignent sur zemmour (le chiffon rouge du moment) à coups de grands discours qui ne les engagent à rien d'autre qu'à se donner une image propre sur eux et qui sont sur Paris et sa région je dirai qu'il est temps d'agir et que cette soirée est une occasion.
Aux actes citoyens…
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Je l'avais annoncée, cette découverte rentre dans le cadre de mes lectures tâchant de donner sens aux mouvements migratoires qui ont toujours existés et existeront toujours. L'ampleur du phénomène a été fixée par ‘On a tous un ami noir' signé par le chercheur belge François Gemenne. Cet essai, particulièrement bien référencé, pose adroitement les chiffres qui relativisent tous les cris d'alerte jetés en pâtures à l'opinion publique, laquelle se voit poussée à la peur de l'étranger et à la fermeture automatique de toutes portes qui pourraient mener à la rencontre de l'autre et déboucher sur une coopération gagnant-gagnant. le deuxième livre a été celui de Carole Declercq, avec son roman ‘Les enfants d'Ulysse'. Hamza et sa jeune soeur Feriel ont fui l'Afghanistan. Passés en Grèce, ils ne voient pas d'un bon oeil le démantèlement du camp d'Idomeni où ils se sentaient protégés en attendant le moment propice pour passer en Autriche où un frère les attend. Ne faisant pas confiance aux promesses policières, pas plus qu'à celles de certains habitants de cette Grèce qui se situe entre mer et montagne et dont le code d'honneur d'accueil est chamboulé par la migration et son cortège de fausses vérités, les deux jeunes afghans, comme bien d'autres, vont s'éclipser et fuir dans les montagnes. Ferriel y fera la plus belle rencontre de sa vie. Elliniki, une vieille grecque, à la réputation de sorcières mais au coeur débordant de chaleur humaine. Elle va les accueillir et leur proposer le gîte et le couvert en échange d'un partenariat dans les travaux à accomplir. L'un fait revivre l'autre et vice-versa.
Encore, pour y croire, fallait-il que la romance tienne la route face aux analyses du chercheur et que celles-ci se concrétisent dans une expérimentation mise en place, observée et restituée par le témoignage d'une personne digne de foi.
C'est maintenant chose faite par ‘Grâce à eux', ou ‘Comment les migrants ont sauvé mon village. Publié chez Buchet-Chastel, ce livre raconte l'expérimentation de l'accueil des migrants alors que les autorités politiques et policières mettent tout en oeuvre pour arrêter cette intégration solidaire. L'auteur, Mimmo Lucano a été bourgmestre à Riace. Ce petit village, alors en plein déclin par suite de l'exode rural est confronté à une situation ubuesque :
« A un moment donné, Assad a déclaré, dans un mélange d'italien et d'espagnol – qu'il parlait très bien : « Nous sommes un peuple d'exilés en quête de liberté. Il y a dans ce village des maisons sans habitants ?. Nous sommes des habitants sans maisons…C'est peut-être le bon endroit pour nous. »
Il n'a pas été nécessaire à Mimmo Lucano d'avoir une démonstration des besoins plus affûtée. Les habitants de Riace se sont mobilisés pour retrouver les propriétaires de ; ces maisons abandonnées, oubliées et ont proposé une mise à disposition de ces logements aux migrants, à charge pour eux de les remettre en état et de les entretenir. le village s'est repeuplé, l'école a pu être sauvée, l'artisanat d'objets issus de l'immigration de première nécessité a pu reprendre et s'enrichir des connaissances multiculturelles de la population et un secteur tertiaire de biens et services est venu fluidifier les relations existant au sein d'une communauté devenue LE modèle de Riace, connu, reconnu et cité par des instances onusiennes. Un modèle qu'il conviendrait de reproduire pour que le thème migratoire ne soit plus perçu comme un problème mais plutôt comme une richesse.
Malheureusement, le fluide glacial que les populistes et les extrémistes de droite déversent sur le monde continuent à faire peur. La force de tous ces gens qui n'existent que par les problèmes, réels ou inventés, qu'ils entretiennent en refusant toute ouverture à des solutions (ce qui les priverait de leurs combats, leur raison d'être), leur raison d'être est la disposition d'un combat qui les justifient aux yeux du peuple suiveur à qui il est tellement facile de faire peur.
Les politiques populistes qui sont actuellement au sommet de la politique italienne ont tout fait pour casser ce modèle de Riace, allant même jusqu'à condamner à 13 ans de prison Mimmo Lucano reconnu coupable par ,une justice au service du populisme de malversations et de non-respect des lois Italiennes qui, on s'en souvient, ont interdit l'entrée au port à des bateaux de migrants sauvé »s en mer par des ONG qui refusent cet extrémisme et ce rejet de la Loi naturelle de la mer qui promeut l'assistance à toute personne en danger.
Ce troisième livre abordant l'aide possible à apporter aux migrants est d'une force extraordinaire. Il prouve que le possible en ce domaine existe et qu'il nous faut lutter contre les frilosités qui développent trop vite et trop souvent des arguments inhumains pour ne donner aucune chance aux migrants de vivre une vie décente, libre et partagée avec le reste de l'humanité.
Vraiment, ce livre, ces livres qui se complètent si bien sont à lire et méditer pour l'espérance qu'ils peuvent faire naître dans nos sociétés.
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Une belle découverte, au hasard cette fois des rayonnages de la médiathèque. Ce témoignage est essentiel, salutaire même.
Car le travail, collectif, conduit sous la houlette de Mimmo Lucano dans ce petit village de Calabre en faveur de l'intégration des migrants, montre qu'il est possible d'avoir une autre politique migratoire. Une politique d'accueil, de bienveillance, d'espoir dans une vie commune entre tous, d'espoir dans les capacités d'adaptation de ces personnes qui ont tout quitté et vécu le pire pour sauver leur vie.
En ces temps de repli sur soi, de retours nauséabonds à la xénophobie et au racisme, c'est une lecture qui fait du bien. Même si le chemin est encore long, hélas, pour changer les mentalités en profondeur et faire en sorte que l'administratif ne contrôle pas tout mais soit au contraire au service de l'humain.
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Mon commentaire sera simple :
• un personnage remarquable
• un livre remarquable !
Achetez-le, lisez-le, offrez-le à vos proches pour la fin d'année, histoire que l'avenir soit fait d'autre chose que de Zemmourerie, de Lepenitude, ou de la mièvrerie dégoulinante d'hypocrisie de tous les autres pantins de la politique, actuels ou futurs dirigeants. Objectif : plus de 1000 lecteurs•trices sur Babelio avant la fin de l'année !
Que la justice italienne ose condamner à une peine de prison et à des amendes délirantes cet homme-là, en dit long sur l'état de décrépitude de nos démocraties à la crème.
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Mimmo Lucano, homme de gauche, a construit son engagement par des rencontres avec des prêtres, des migrants, des travaileurs, des militants politiques comme le president de la region Calabre. Lucano montre qu'Une autre humanité est possible, ce livre témoigne de l'engagement de citoyens pour une societe oú les valeurs d'accueil, de respect de la dignité, de l'entraide, de la foi en un avenir meilleur sont au coeur du projet de Riace.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Parfois, gagné par le découragement, j'ai l'impression de faire partie, sur toutes ces questions, d'une infime minorité. Mais je ne peux pas, nous ne pouvons pas, nous permettre de désespérer ; pas plus que nous ne pouvons adopter une position tiède ou ambiguë. C'est ce que j'ai essayé de démonter en tant que maire. S'agissant de justice au sens évangélique, comme disait Gustavo Gutiérrez Merino, le père de la théologie de la libération, "il n'y a pas de demi-mesure" ; si notre vie, c'est dire oui à Dieu, c'est aussi dire oui à la fraternité, à la compréhension, à la tolérance, au respect, à la dignité, aux valeurs humaines, au fait d'éprouver dans sa chair l'injustice subie par l'autre.
C'est cela, être de gauche. Un sentiment d'empathie qui remplit le coeur, que l('on porte en soi. Ce n'est pas être lié à un parti politique, c'est défendre une idée fondamentale et indestructible.
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C’est une évidence qui m’apparaît chaque fois que je m’assois pour contempler la mer : quiconque vient frapper à nos portes, qu’il soit réfugié, pauvre ou voyageur, représente pour ce monde le seul salut possible, le seul véritable espoir contre la violence de l’histoire.
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