AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Mireille Calle-Gruber (10)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Claude Simon : La mémoire du roman

Jusqu'à présent, je n'appréciais guère le Claude Simon écrivain. Il faut dire qu'habitant la même région que lui (à l'époque), j'ai dû, à maintes reprises lors de mes études supérieures, l'étudier de manière quasi chirurgicale, détaillant le texte au scalpel afin d'en sonder toute la teneur. La pression des examens aidant, je ne m'en étais pas fait un ami (si l'on peut dire)...



Pour autant, je ne renie pas son talent d'écrivain et je ne suis pas fermée à une autre lecture, presque vingt ans plus tard. Et puis... je crois qu'on a toujours du respect pour un écrivain de sa région... Aussi, lorsque j'ai trouvé dernièrement ce livre, je n'ai pas hésité un seul instant. D'abord parce que j'aime beaucoup les correspondances, - à plus forte raison lorsque les lettres sont reproduites -, ensuite parce que j'estime que le texte épistolaire est riche d'enseignement. C'est bien le cas ici. Ces lettres, rassemblées par François Buffet, petit-fils de la tante de Claude Simon et Mireille Calle-Gruber, Professeur d'Université spécialiste de cet auteur, sont, principalement, un échange entre Suzanne, sa mère et Jeanne, sa tante (on y trouvera quelques lettres sporadiques, échangées entre Jeanne et son mari ainsi que ses enfants). On y découvre l'enfance de Claude et, surtout, cet épisode douloureux que fut la perte de son père, Louis, officier mort au combat en août 1914. On sent toute la pudeur de cette époque, le courage de ces veuves qui continuaient à mener leur vie pour leur patrie et pour leurs enfants, des femmes – et ce sera le cas ici – qui n'apprendront souvent le décès de leur époux (ou fils / père etc.) que bien plus tard, avec toute l'angoisse que l'on peut imaginer. On découvre également le caractère affirmé de celui qui deviendra Nobel de littérature. Déjà, le 22 août 1915, alors qu'il n'avait que deux ans, sa mère écrivait à sa tante : « Son caractère seul reste un peu difficile, mais je crois bien qu'il sera très violent et me donnera pas mal de peine. »



On en apprend beaucoup sur l'homme mais aussi sur la vie à Perpignan et la région pendant la Grande Guerre. Un parallèle est fait, d'ailleurs, entre certains passages de ses livres et certains événements. Cela met en lumière tout le travail de l'écrivain, ce qui est vraiment intéressant.



Je ne regrette vraiment pas d'avoir acheté cet admirable livre qui est bien plus qu'un simple recueil de lettres. Je l'ai dévoré ! Je le conseille vivement à tous ceux qui s'intéressent à cet auteur ou à tous ceux qui voudraient le découvrir.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          536
Claude Simon : Une vie à écrire

"Claude Simon, une vie à écrire" est une bonne biographie du romancier Claude Simon, pas toujours rédigée avec le soin qu'il faudrait, mais pleine d'intérêt. On ne s'y limite pas aux éléments vécus de la vie du personnage principal, mais on tente d'étudier en profondeur l'oeuvre et surtout, le travail d'écrivain de Claude Simon. Ce livre en effet permet de donner un sens nouveau, un sens plein et fécond, au mot "écriture", si galvaudé par tant d'auteurs banals et de critiques sans imagination. "Ecriture" est d'abord une mise en mots de ce qui a été vécu et perçu, mais c'est aussi, à l'inverse, une manière de vivre, de faire entrer le langage et la littérature dans la vie d'un homme né privilégié, dilettante, peu engagé et peu concerné par le monde, qui trouve vers 1950 sa véritable vocation et trace, peu à peu, le sillon de sa création romanesque où sa vie se concentre.



Claude Simon, dans ce livre, est avant tout un travailleur du langage : d'abord, il s'entraîne comme un jeune apprenti à analyser les techniques de fabrication des grands romans et s'exerce à écrire comme d'autres font leurs gammes. C'est par ce labeur obstiné que l'artisan écrivain construit - parfois à grand peine - ses romans, et conçoit donc la littérature comme un art du langage. Cette perspective, dans les années 50 et 60, le préserve heureusement d'une littérature à idées, d'une production idéologique et morale dont Sartre, Camus et tous les engagés de ces temps-là ont encombré les rayonnages. Cette dimension langagière et stylistique fit de lui, pendant quelque temps, un compagnon de route du Nouveau Roman.



Si la matière première des romans de Claude Simon est le langage, celui-ci renvoie non aux idées généreuses et rhétoriques, aux discours humanistes, mais aux perceptions les plus physiques de l'existence. "La Route des Flandres", son roman le plus célèbre, raconte la débâcle de 1940, mais c'est aussi, et surtout, un roman de chevaux, de cavaliers, de sangles et de courroies, de pluie et de printemps. Il en va de même de tous les autres ouvrages de l'auteur, nourris par une sensibilité de peintre (Claude Simon a d'abord peint) aux formes, aux textures et aux lumières. En cela, comme le dit Elie Faure plusieurs fois cité par l'auteur, l'art est la moins intellectuelle des disciplines, la plus imperméable aux grandes idées sermonneuses et aux causes sociales, la plus amorale. Par réalisme rigoureux, Claude Simon t fait face, franchement, aux intermittences de l'esprit et de la mémoire, ce qui interdit tout discours idéologique artificiellement composé qui ne s'interrogerait pas sur ces questions là.



Jamais, malgré le Prix Nobel et les mondanités qu'il entraîna, Claude Simon n'abandonna cette discipline artisanale des mots, cette éducation du regard et de tous les sens, cette sobriété de l'âme. Mireille Calle-Gruber, dans la partie la plus fatigante de son ouvrage, consacrée aux dernières années de la vie de l'auteur, note consciencieusement toutes les rencontres avec les intellectuels médiatiques, tous les colloques, les expositions, la présence des personnes et des journaux un peu répugnants que nous connaissons encore aujourd'hui (Le Monde, Sollers, Libération, Jack Lang, BHL, etc) .

Socialement et idéologiquement, Claude Simon appartient à ce milieu douteux de publicistes des années 1990-2000, mais il leur échappe toujours par sa discipline et son labeur obstiné d'écrivain, sa dignité d'ouvrier des mots.



Voilà donc un livre instructif et très utile.
Commenter  J’apprécie          70
Le Dictionnaire universel des créatrices : Co..

Si le résultat est protéiforme, mosaïque de destins couvrant huit domaines d'activité, il n'en est pas moins édifiant : les arts, les sciences, les lettres et le pouvoir n'auraient pas été ce qu'on a connu sans les femmes. Leur apport à l'humanité, malgré les obstacles dressés sur leur route, est essentiel.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Une biographie intime et vivante de Claude Simon, nourrie d’un grand nombre d’archives et de documents inédits.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Claire, parfaitement documentée, ménageant un juste équilibre entre le récit factuel et l'analyse textuelle, cette biographie passionnante signée Mireille Calle-Gruber [...], restitue la singularité obstinée, la solitude voulue de l'auteur admirable de La Route des Flandres et des Géorgiques [...].
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

L'imposante biographie que [Mireille Calle-Gruber] consacre aujourd'hui au Prix Nobel de littérature 1985 vient éclairer avant tout avec une rare acuité une oeuvre qui représente pour elle "une magnifique leçon de littérature et de vie, et qui mieux qu'un essai philosophique explore dans la chair des phrases et la tension extrême des vocables appelés à la ligne les apprentissages du vivre et du mourir".
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Critique de Nadine Satiat pour le Magazine Littéraire



Claude Simon (1913-2005) se voit consacrer une minutieuse biographie. Compacte, intense, grave, nuancée, précise, cette première biographie de Claude Simon, bourrée de documents inédits et de citations, est un livre complexe : à la fois récit très sobre d’une vie tôt marquée par les deuils et les épreuves, où l’écriture s’est imposée comme une raison de vivre, interrogation d’une oeuvre autobiographique où le «vécu» cependant ne préexiste pas à son écriture, et description concrète et minutieuse de l’évolution d’une pratique romanesque parfaitement singulière. Pour avoir bien connu l’écrivain dans les quinze dernières années de sa vie, sa réserve, son mépris du tapage et de toute compromission, Mireille Calle-Gruber savait que Claude Simon aurait apprécié qu’elle écrive ce livre, profondément empathique et sérieux.

Sans le moindre recours à la psychologie (que toute l’oeuvre de Claude Simon récuse), elle décrit l’ascèse de sa création, le consentement au travail, la rigueur de la quête, l’impératif catégorique de la justesse, pas seulement des mots mais du processus entier, dans une totale modestie, la découverte de l’« étonnant miracle » par lequel « l’écriture nous apporte ce qui la nourrit elle-même » (Claude Simon, archives), et le complet recommencement, à chaque livre, jusqu’à ce que, comme l’écrivit Jean-Claude Lebrun dans L’Humanité à propos du dernier roman de Claude Simon, Le Tramway (2001), « la matière romanesque, à force de brassages, d’échos et de récurrences, semble être devenue sans limites, comme renfermant sa propre indéfinie fertilité ». Belle formule, que Mireille Calle-Gruber, attentive à retracer aussi la réception de l’oeuvre, cite avec plaisir, tant fut souvent désastreux, condescendant, inepte, l’accueil critique en France (jusqu’à celui de l’annonce du prix Nobel), alors que l’oeuvre était traduite, appréciée, étudiée, et la parole de Claude Simon conférencier accueillie un peu partout dans le monde.

La méthode a un inconvénient. Le récit proprement biographique, où manquent un peu les témoignages extérieurs, est parfois comme court-circuité par cette manière de convoquer des écrits et des textes largement postérieurs. Des choses semblent dites trop tôt. Si Claude Simon par exemple ne se souvient d’avoir éprouvé - il avait 10 ans -, à la mort de sa mère, qu’une «sorte d’ahurissement», peut-être n’était-il pas judicieux de citer là les mots que, plus de soixante-dix ans après, il a trouvés dans L’Acacia pour décrire la maladie de sa mère, métamorphose de «la paresseuse génisse», héritière d’une «forteresse à la somnolente respectabilité», en marionnette tragique au «bec de rapace». À ce moment-là de la biographie, alors que vient d’être citée une lettre effroyablement émouvante de la mère mourante à son enfant, les mots de l’extrême maturité sont trop forts, presque incompréhensibles, et, au lecteur novice de Claude Simon, cette génisse pourrait sembler affreusement cynique. Mais ce n’est qu’un détail, qui n’enlève rien à la très grande qualité du livre.

Les chapitres sur la jeunesse, le collège Stanislas, le récit du voyage de 1937 (nourri de carnets inédits), celui de la déroute des Flandres (où l’on mesure l’écart entre le récit que Claude Simon s’est fait pour lui-même, en 1990, de la chute de la première bombe et une page de La Route des Flandres), celui de la captivité, de l’évasion, de l’Occupation, tout est passionnant. Plus d’un lecteur découvrira avec surprise le jeune Claude Simon, peintre autodidacte, en grande conversation avec Raoul Dufy, et la place de la réflexion sur la peinture, celle de Cézanne (avant la découverte de Picasso et du cubisme), dans le déclenchement de l’écriture des premiers romans. Claude Simon les reniera, comme il reniera ses peintures, mais peu importe. De Dufy, il retiendra qu’il faut «savoir abandonner le tableau que l’on voulait faire au profit de celui qui se fait» , et de Cézanne, l’exigence fondatrice de la composition.
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Mireille Calle-Gruber a fait un travail précis, documenté, une enquête minutieuse - elle a eu aussi accès aux archives privées de Claude Simon. Ce n'est pas une hagiographie, mais un exercice d'admiration et d'empathie.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Alliant brillamment les faits biographiques et l'analyse des textes, cette spécialiste du nouveau roman revient sur la carrière du cousin minimaliste de Proust et de Faulkner […], brossant au passage une peinture amère des lettres françaises, de l'après-guerre aux années 2000.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00
Claude Simon : Une vie à écrire

Une bonne biographie? En voici une, passionnante, fouillée, précise, qui démontre la force de la littérature pour la compréhension de l'Histoire. Les historiens peuvent raconter l'Histoire, un romancier, lui, la vit.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mireille Calle-Gruber (41)Voir plus

Quiz Voir plus

L'étrange cas du dr Jekyll et mr Hyde

Qui est M.Utterson?

Un policier
Un notaire
Le frère de Mr Hyde
Un scientifique

13 questions
500 lecteurs ont répondu
Thème : L'étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}