AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Je m’imaginais toute la planète dans sa nudité : les arbres perdant leurs feuilles, les hommes abandonnant leurs habits, les animaux quittant leur chevelure. Nu. Tout l’univers se mettant nu. La robe glissa sur le corps d’Assia. Toute nue. Assia complètement nue. La fille du propriétaire du jardin était nue ! Un corps d’une blancheur lumineuse. Une chevelure d’un noir splendide. Une poitrine ferme. Le bout des seins bien visible. La toison de son pubis est trop noire. Je sentis une douleur dans ma verge. Elle avança sur les marches du bassin. Se retourna. Ma douleur s’amplifia. Ses cheveux lui couvraient tout le dos. Elle se baissa et son dos se découvrit. Sa chevelure, en se penchant, glissa sur ses épaules. Je découvris aussi ses fesses traversées par un fil de poils bruns. J’avais l’eau à la bouche, le miel à la bouche. Tout mon corps était secoué par un tremblement de plaisir. J’étais las, heureux sur la branche du figuier. Assia continuait sa descente dans le bassin. Lentement, évitant de glisser sur la verdure moisie. Elle contemplait l’eau et le jardin. Elle se mouillait les seins, l’aine et son bas-ventre avec crainte et prudence. Elle sursautait. Je descendis de l’arbre et, fier de moi, je regrimpai et attendis. Je mangeai les figues avec appétit. J’avais oublié mes petites affaires. Assia nageait, plongeait, jouait avec l’eau, comme une sirène. Elle apparaissait et disparaissait. Le jardin s’enveloppait des cris et chants des animaux. Tout était beau. Elle jouait avec son corps, se mettant sur le dos, sur le côté, les jambes en l’air, la tête dans l’eau… Quelle merveille ! Quelle beauté ! J’étais seul à la contempler.

Tremblante elle sortit de l’eau, une main sur les seins l’autre sur son pubis. Craintive et égarée. « Va, meurs ma bien-aimée ! » Elle retrouva sa robe qu’elle enfila à toute vitesse et disparut. « Va, meurs, belle… ! » La blancheur éblouie quitta ainsi le jardin pendant que moi j’éclatai d’un rire nerveux et fou. De nouveau l’âne se mit à braire. La nuit je rêvai d’Assia. Nue. Tantôt ailée, survolant l’espace, tantôt sirène ambiguë dans l’eau du bassin. Je l’ai suivie dans ses mouvements, nos corps mêlés, enlacés pour un doux sommeil au fond de l’eau, un sommeil où nous cessions de respirer sans mourir.

Je fus longtemps habité par cette image : le corps nubile dans sa nudité révélé. Assia restera dans ma mémoire. Image fugitive et initiation visuelle.
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}