Alors je demandais à ma mère :
- Mais pourquoi Dieu ne nous donne-t-il pas un peu de chance comme aux autres ?
- Dieu seul sait. Nous, nous ne savons rien. Ce n'est pas bien d'interroger Dieu. Lui sait. Nous, nous ne savons rien. Il est au-dessus de nous tous.
Les femmes ! Quel univers compliqué ! Je n'arriverai jamais à les comprendre. Quand on pense qu'elles vont provoquer une catastrophe, elles vous sauvent. Le contraire est vrai aussi. Tout dépend de leur état d'esprit.
Donc mon père nous exploitait. Le patron du café lui aussi m’exploitait, car j’ai su qu’il y avait d’autres garçons mieux payés que moi. J’avais décidé de voler toute personne qui m’exploiterait, même si c’était mon père ou ma mère. Je considérais ainsi le vol comme légitime dans la tribu des salauds.
Nous étions plusieurs enfants à pleurer la mort de mon oncle. Avant je ne pleurais que lorsqu'on me frappait ou quand je perdais quelque chose. J'avais déjà vu des gens pleurer. C'était le temps de la famine dans le Rif. La sécheresse et la guerre. Un soir j'eus tellement faim que je ne savais plus comment arrêter mes larmes. Je suçais mes doigts. Je vomissais de la salive.
Donc mon père nous exploitait. Le patron du café lui aussi m'exploitait, car j'ai su qu'il y avait d'autres garçons mieux payés que moi. J'avais décidé de voler toute personne qui m'exploiterait, même si c'était mon père ou ma mère. Je considérais ainsi le vol comme légitime dans la tribu des salauds.
La distinction entre riches et pauvres n'épargne pas les morts.
Le jour de notre départ j'ai pensé à la tombe de mon frère. Une tombe qui restera quelconque, anonyme, sans fleur, sans sépulture. Une tombe qui sera effacée par le temps, petite chose perdue dans un amas de grandes choses .
L'effort physique est plus aisé que l'effort de pensée.
Je le regardais sans lâcher mon rêve. Le salaud ! D'un geste il éteignit toutes mes étoiles.
La maladie rend la solitude encore plus profonde. L'homme se surprend à s'aimer encore plus quand il est envahi de solitude.