Mourad Winter

Deux heures qu’on arrive pas à se quitter. Incroyable le gogole qu’on peut être quand on est piqué. Elle m’a dit qu’elle aimé pas la coriandre et j’ai répondu « JURE LA VIE DE TA MÈRE ?! » comme si ça méritait qu’on mette la vie de quelqu’un en danger pour cette information. Kiffer une nana, j’le souhaite à personne. Tu deviens la version Hello Kitty de toi-même.

Attention, écartez les enfants, je me mets à nu. Force est de constater qu'islamiquement parlant, j'ai des lacunes. Certes, je mange halal mais c'est uniquement parce que j'habite en Île de France et qu'ici trouver une boucherie rebeu c'est comme chercher un magasin de catapultes en province : le choix est vaste ( les provinciaux qui souhaitent m'insulter sur les réseaux, n'hésitez pas à vous approcher de la borne wifi). Disons que pour ce qui est relatif à Allah, j'ai pas les mises à jour. Non pas que je n'y croie pas. Je sais qu'il existe, faut forcément une intervention divine pour qu'Adé soit encore avec moi, c'est juste que j'suis pas à fond quoi. J'suis dans l'islam mais au cas où. Je fais pas la queue, mais si y'a moyen d'entrer au paradis, pourquoi pas. T'façon je savais qu'elle finirait par se mettre dedans. Déjà l'été dernier, elle s'était foutu du henné sur les paluches à Agadir. OK ça n'a rien à voir avec l'islam, deuxième tentative. Lundi. Je rentrais du taf plus tôt que prévu et je l'ai cramée. Elle était là, avec lui, assise sur le canapé. Lui c'est le Coran. Moi-même je l'avais pas ouvert depuis la chute du mur de Berlin. Carrément avec la poussière j'pensais qu'à la base il était gris.

La drague c’est un peu comme la politique, tu peux pas dévoiler ton vrai programme sinon on vote pas pour oit.

Elle monologue pendant cinq minutes et j'en apprends plus sur moi que sur elle.

Possédant un certain talent pour être minable et fier à la fois, je scrute son Insta tout en évitant de lui parler car je suis un plouc. En quête d’un bout de sein, je passe chaque photo au peigne fin. Rien à signaler. En descendant, j’arrive jusqu’à sa première publication. Est-ce que ça ne s’apparenterait pas à une méthode de tueur en série ? Ça se pourrait. En stress, mon doigt glisse… et distribue un like. Putain de merde ! Sur le cliché, elle est avec Mickey et elle doit avoir à tout casser douze ans… En plus d’être con, ça fait timbré version titanesque.

De notre côté, aucune discipline. Ça s’embrouille déjà pour un blaze, sur le rainté on va se faire laver. Dans un élan de générosité et jamais bien loin de la lettre G, Gaby propose les G-Squad. Junior a une idée.

« J’oblige personne mais on va s’appeler les Quadricolor. »

Dit-il en nous obligeant. Finalement, on rend hommage à l’immense Bruno Vandelli et on part sur les quatre couleurs primaires.

J'commence à m'dire que si ça s'trouve, les règles n'existent pas. Un sorte de complot mondial de l'industrie de la fatigue. Entre le taff, le ménage, faire à manger et s'faire baiser avant de te coucher par un mec pas foutu de se faire une omelette... Les meufs sont juste kaput et s'octroient une semaine de vacances sexuelles par mois. J'aurais fait pareil.

On est pas d’accord tu suces des bites, mais on se battra jusqu’à la mort pour que t’aies le droit de sucer des bites

J'sais plus si c'est Nagui ou Antoine de Saint-Exupéry qui disait qu'aimer c'est pas se regarder l'un l'autre, mais regarder ensemble dans la même direction. J'dirais plutôt qu'aimer c'est regarder ensemble La Villa des cœurs brisés et s'foutre de la gueule de Samantha qui galère à conjuguer le verbe hair. C'est ça l'amour véritable. Faire tomber le masque. Trouver la personne qui te comprend et non pas celle à qui tu plais. Qui comprend qu'on a aussi le droit d'avoir des travers. Qui comprend qu'à la manière de la Lune, briller n'empêche pas d'avoir une face cachée.

Elle a pas honte de me dire qu’elle est en avance. Ça, c’est la maturité. J’la rejoins asap. Ça, c’est l’envie de forniquer. Pour l’impressionner j’ai mis un fute en lin blanc. On dirait un tentateur. Sauf que la seule tentation que je provoque, c’est celle de me vanner.

Edith elle a peur pour son groupe. Moi le groupe c'est ce qui m'a toujours éloigné de la religion. Les trois quarts comprennent que dalle aux bouquins mais tranquille , on fait partie d'un groupe hein , le monsieur avec sa robe doit forcément avoir raison. Comme si trop con pour brancher son cerveau , j'avais besoin d'un SAV. J'arrive déjà pas à saisir pourquoi Dieu mettrait sa propre création en enfer et toi tu tu veux que je choisisse une chasuble ?

Tout lui revient et tout est prétexte pour transformer l'innocence en bidon d'essence.
Tout est prétexte à baiser ce système qui l'a exhorté à se trouver un talent pour s'en sortir. Comme si être en vie ne suffisait pas et qu'on devait aussi être méritant.

À vrai dire, j'sais pas ce qui me perturbe le plus dans sa question. Qu'elle s'intéresse à mes abîmes ou tout simplement le fait que rien ne m'abime. Parce qu'en vrai, j'ai pas de peurs. Ça paraît froid mais t'as peur de rien quand tu t'en bats les couilles de tout. Et il est là l’problème.
Zéro trouille donc désintérêt total pour tout c'qui n'a pas de rapport avec l'amusement, la Champions League et les boobs. Rien n'a de valeur donc tout devient futile. Et quand y'a plus d'enjeux, tu penses plus qu'au jeu. C'est peut-être pour ça que j'peux pas m'arrêter d'faire le con.

Stratégiquement, on est faible. Six euros l’allongé, force est de constater que le gérant du bar me prend pour un club anglais. Tu rajoutes à ça les deux autres boissons que j’vais devoir raquer au point de ralliement et j’ai sauté mon budget sorties de la semaine.

Il doit tellement se retourner dans sa tombe que les autres cadavres du cimetière l’appellent l’éolienne.

Au menu ? Bienveillance, altruisme, saisir l'instant présent, plénitude, bienveillance, bienveillance, BIEN-VEIL-LANCEUUUUH ! Comme 99% des podcasts si tu t'enfiles pas un hectare de légumes oubliés chaque matin et/ou n'essaies pas de booster ton mindset pour devenir la meilleure version de toi même, t'es pas la cible.

Et crois pas qu'en te focalisant sur une, t'abandonnes toutes les autres. Parce que si elle en vaut la peine, le jour où tu la perdras, tu la rechercheras dans toutes les autres.

Cette fille me donne envie de m'améliorer et rien que de savoir que j'peux la perdre me consume.

Le bazar de nos existences l'avait forcé à se foutre en colocation avec la solitude.

On s'dit rien d'important mais rien ne m'importe plus qu'ses réponses.