Muhammad Aladdin

Tout se passait comme si nous avions fourni à cet automobiliste un matériau extrêmement riche qui lui servirait à alimenter les ragots avec ses amis au café, ou bien qu’il pourrait se remémorer dans le cadre de la pratique solitaire à laquelle s’adonnent tous les maris désespérés.

Elle n’avait pas de type favori, et pour elle, il était facile de se convaincre de coucher avec tel ou tel homme : de jolies lèvres, une belle voix, une façon de fumer la cigarette, un look vestimentaire, une façon de la regarder. Par la même occasion, elle faisait la nique à son mari. Par la même occasion, elle prenait une assurance pour l’avenir.
L’un de ses clients, se prenant sans doute pour Oussama Mounir12, a essayé de lui expliquer que la raison profonde de son comportement résidait dans son complexe enfoui à l’égard de sa maman. À l’appui de sa théorie, il a invoqué les propres aveux de Névine au sujet des aventures débridées de sa mère, du temps où ils résidaient dans le Golfe. Elle s’est abstenue de lui dire que ces histoires, elle les avait inventées de toutes pièces spécialement pour lui, après avoir compris qu’il avait un faible pour les femmes mûres.

Pour Névine, la relation se ramenait à une coucherie ou deux, après ça elle n’y revenait plus. C’était tout juste si elle n’avait pas élaboré une théorie dans le seul but de répondre à cette question : entre ceux qui se sont contentés de fantasmer sur elle et ceux qui l’ont eue effectivement, quels sont les plus excités et les plus déterminés ?! Pour elle, la balance penchait plutôt du côté de la seconde catégorie, dans une sorte de narcissisme bien compris, mâtiné d’un goût pragmatique pour les hommes qui savent saisir les opportunités, mais il ne lui échappait pas non plus que la propension de l’individu à courir après la nouveauté avait également été un facteur décisif, sans lequel elle-même n’en serait pas là où elle en était.

Comme de bien entendu, elle considérait que tout homme qui s’abstenait de lui faire des avances ou de tomber rapidement dans ses filets devait être considéré, jusqu’à preuve du contraire, comme homosexuel. Sa conviction était telle que, après avoir été repoussée par un homme dont elle s’était ensuite aperçue qu’il couchait avec sa meilleure amie, elle avait expliqué qu’il s’agissait en réalité d’un homosexuel refoulé n’ayant agi ainsi que pour braver ses pulsions naturelles. L’explication paraissait certes un brin tirée par les cheveux, mais nous pouvons, en nous concentrant un peu, deviner que la situation correspondait parfaitement au dicton populaire : “Qui a envie d’une relation feint la répulsion.”

Névine a un rapport très ambivalent à l’admiration éperdue dont elle fait l’objet. Elle a d’abord subi un choc en découvrant que tous les hommes qui la voyaient avaient aussitôt envie de coucher avec elle, quoique à des degrés variables : le spectre des possibles allait de la détermination simple à la détermination accompagnée de masturbation. On peut citer à cet égard le cas de ce sexagénaire, tout droit sorti de l’époque de l’art raffiné, qui lui avait avoué, avec un large sourire aussi botoxé que celui du Joker dans le monde de Batman, qu’il avait envie de la lécher. “

Ce qui me fascinait personnellement dans cette histoire, c’étaient les messages pleins d’amour que j’avais trouvés sur le blog, envoyés par des fans, des gens un petit peu comme moi et Abdallah qui avaient passé une partie de leurs nuits et de leurs journées à contempler le corps stupéfiant de l’actrice tchèque – fantasmant au passage à l’idée de la mettre un jour dans leur lit. L’un d’eux lui annonçait ainsi dans son message qu’il lui avait légué une petite somme, et qu’il était très reconnaissant pour “tout ce plaisir qu’elle lui avait procuré”.

La rumeur la plus répandue voulait qu’elle ait succombé à une insuffisance hépatique, mais il se racontait aussi – à en croire Denise Richards, dont la beauté ne cédait en rien à celle des stars du porno – que c’était son ex-mari Charlie Sheen qui l’avait tuée.
Abdallah n’avait pas non plus de respect pour mes connaissances encyclopédiques en matière d’histoire du cinéma porno, avec un focus particulier sur la période heureuse des années 1970 où les films étaient tournés avec des vrais moyens de cinéma, avant la déchéance des tournages vidéo.

Raconter l’histoire de cette façon, cependant, c’est lui donner un peu trop l’air d’un mélodrame poignant à la Jean Valjean. C’est pourquoi, ami lecteur, j’ai décidé de t’épargner toutes les pages que j’aurais pu noircir avec ce matériau. Je me contenterai de te dire qu’au bout de deux ans, l’ingénieur n’a pas déçu mes attentes en prouvant qu’il était bien le salaud que j’avais toujours pensé qu’il était : il a plaqué ma tante, au prétexte qu’elle était stérile.

En gémissant, elle a attiré mon visage contre le sien, mordillant ma lèvre. Je suis descendu le long de son cou et y ai déposé de multiples baisers, tout en m’efforçant de soigner la qualité de ma prestation. Ma position était inconfortable, et je m’étais dit que nous devrions plutôt faire ça sur la banquette arrière, mais avec une sagesse dont je viendrais à lui être reconnaissant par la suite, elle m’avait demandé si je savais bien conduire.

J’avais toujours jalousé mon oncle pour avoir réussi par on ne sait quel miracle à épouser une femme aussi superbe. Elle n’était pas très grande mais possédait une longue chevelure brune et des yeux couleur de miel. Quant à son corps, il était nanti d’attributs indescriptibles : une forte poitrine, ainsi que des fesses énormes et formidablement arrondies. Après chacune de nos rencontres, je fantasmais sur l’idée de coucher avec elle.