Au lieu de blâmer les jeunes ou d’accuser les machines - mais sans exonérer ceux qui ont pour mission de nous les faire acheter dans le seul but d’assurer leur taux de profit - elle [Katherine Hayles] de pluraliser la notion même de lecture, de façon à sortir par le haut d’une impasse où la « culture » semblait vouée à devoir sombrer. Elle remarque ainsi que les chercheurs les plus expérimentés (et les plus cultivés) passent une bonne partie de leur temps à « ne pas lire les livres dont ils parlent », pour reprendre le titre du bel ouvrage de Pierre Bayard dont elle [Katherine Hayles] systématise ici ce qu’il formulait sous la forme d’une élégante provocation. (Yves Citton, préface)
L'ère de l'imprimé est en train de s'achever, et il apparaît aujourd'hui que les hypothèse, présuppositions et pratiques qui l'accompagnaient relevaient d'un médium spécifique et non d'un simple était de fait, invisible, dans lequel l'imprimé écrasait tous les autres médias.
Un autre enjeu ici est la dynamique d’auto-catalyse de l’information numérique. Plus nous utilisons les ordinateurs, plus nous avons besoin des analyses à grande échelle qu’ils rendent possibles pour traiter d’énormes ensembles de données et, plus nous en avons besoin, plus nous sommes enclins à les utiliser pour rendre encore plus de données accessibles et lisibles par la machine.
Comment pensons-nous ? Ce livre examine la proposition selon laquelle nous pensons par les médias, avec les médias et à côté des médias.
Nous avons tous plusieurs régimes de lecture, qui nous situent à plus ou moins grande « distance » du texte. (Yves Citton, préface)