Ils viennent des quatre coins du monde mais ils parlent une langue commune : celle de l'argent. Quand ils rentrent chez eux le soir, dans leur belle propriété du Ring, ils se plaignent des embouteillages, boivent du whisky importé et se couchent tôt dans leurs beaux draps en coton fin. Leurs femmes règnent sur des bataillons de domestiques et ont la migraine quand le soleil africain tape trop fort. Leurs enfants jouent au tennis. Leurs chiens voient un psy.
Question : qu'est-ce qui vaut plus que l'or et les diamants ? Quelle est la monnaie la plus stable ? Quelle est la chose qui, une fois dérobée, devient le bien le plus précieux et le plus dangereux qui puisse exister ?
Réponse : un secret.
Règle numéro un : un voleur ne doit pas exister
C'est Big Boy qui m'a appris ça. Je me faufile dans la foule, frôle des bras et des épaules tièdes qui sentent la sueur et le savon. Je prends le temps de choisir une grosse Dame habillée en rose et or, fais semblant de la bousculer puis file avec son portefeuille dans la poche. Je me glisse entre les barreaux d'une fenêtre en retenant ma respiration.
Personne ne m'a vue.
Je suis la meilleure voleuse de la ville.
Je n'existe pas.
Le Ring c'est le quartier où vivent les riches, un bel endroit vert et vallonné qui surplombe Sangui et semble nous regarder de haut.
[...]
Ils viennent des quatre coins du monde mais ils parlent une langue commune : celle de l'argent. Quand ils rentrent chez eux le soir, ils se plaignent des embouteillages, boivent du whisky importé et se couchent tôt dans leurs beaux draps en coton fin. Leurs femmes règnent sur des bataillons de domestiques et ont la migraine quand le soleil africain tape trop fort. Leurs enfants jouent au tennis. Leurs chiens voient un psy.
La proie la plus facile est souvent la meilleure. Si on veut faire les poches de quelqu'un, il faut s'attaquer aux ivrognes, aux gens qui se disputent au téléphone. Si on veut cambrioler une maison, mieux vaut choisir celle où on planque la clé sous le paillasson. Et si on préfère vider un compte en banque ? le plus simple est de s'attaquer à celui d'une vieille. Il y a de grandes chances pour que son mot de passe soit le nom de son chien.
-Tina, s'emporte-t-elle, tu ne vas pas vivre dans la rue jusqu'à la fin de tes jours !
Je referme mon sac.
-Je ne vis pas dans la rue. Je vis sur un toit.
Je suis à court de règles.
-Je ne te demande pas de m'accompagner.
-ce n'est pas la question ! Tu trouves que c'est dangereux d'être une voleuse à Sangui ? Là-bas, c'est le Mordor !
-Le Mordor ? Je vais à Kasisi.
Skinny lève les bras au ciel.
-Non, le Mordor comme Le Seigneur des anneaux, l’œil de Sauron ! Tu connais la définition du mal ?
-Je ne comprends rien à ce que tu me racontes. C'est un truc de nerd ?
-Oui, c'est... Aucune importance.
Les actions de mes héroïnes ne sont pas extrêmes. Elles font juste ce qu’il faut pour rétablir l’équilibre dans l’univers. Elles reviennent en arrière pour pouvoir avancer.
-Comment vous avez fait pour me retrouver ?
-J'ai localisé le GPS de ton téléphone, dit Skinny en jetant un sac de voyage sur son épaule.
-pourquoi ? (je lance un coup d’œil suspicieux à son sac.) Et toi Michael, qu'est-ce que tu fais là ?
[...]
Le poing sur les hanches, Skinny me fixe d'un air indigné.
-Il faut bien que quelqu'un veille sur toi et moi je ne suis pas taillé pour ce genre de truc viril.