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En 2050, les océans contiendront plus de plastique que de poissons...
Nathalie Gontard, chercheuse à l'INRA, nous propose des solutions
Le plastique est aujourd'hui si peu cher, si répandu, si disponible, qu'il a perdu toute valeur à nos yeux. Apprendre à s'en passer peut nous permettre de retrouver cette valeur dans nos modes de consommation.
Plus versatile qu'un couteau suisse, le plastique sait donc se parer d'une multitude de propriétés. Mais il a un autre formidable tour dans son sac : contrairement au verre, au bois et à d'autres matériaux traditionnels, il prend facilement toutes les formes imaginables, de la barquette au tube en passant par le volant d'une Formule 1.
Suggérer qu'un produit est innocent tant que sa culpabilité n'est pas démontrée, c'est retourner le principe de précaution comme une misérable peau de lapin.
tout comme le diable se cache dans les détails, le plastique se cache derrière les performances écologiques des maisons à basse consommation d'énergie, dopées par les subventions gouvernementales.
Nous sommes parfaitement conscients que nos innovations peuvent cacher une face diabolique hors de notre vue, dans l'infiniment petit. Mais nous avons plus de mal à nous intéresser à cette face obscure quand elle se cache dans le très long terme, dans le transgénérationnel. Accepter de réfléchir à l'échelle de plusieurs siècles n'est pas facile car il s'agit de se pencher sur ce qu'il se passerra après notre mort, de composer avec l'aspect le plus sombre et le plus irrémédiable de notre vie. Nous avons la plus grande difficulté à quitter le présent rassurant pour lever le regard vers un avenir où nous ne serons pas.
Ne pas voir et ne pas savoir n'apporte rien de rassurant. Mettre la poussière sous le tapis ou le cadavre dans le placard ne les a jamais fait disparaître.
Le mécanisme est implacable : le plastique se charge en substances potentiellement toxiques, se dégrade jusqu'à une échelle infime, se multiplie s'invite dans notre environnement, nos aliments et s'installe ensuite dans nos organes pour interférer avec leur fonctionnement.
Les plastiques produits il y a cinquante ans ont à peine commencé à se dégrader et on commence à en trouver déjà partout. p123
Le plastique nous a offert des progrès merveilleux mais nous n'avons pas su les maintenir dans les limites de ce qui nous rend heureux. Au final, nous passons beaucoup de temps à gérer nos objets du quotidien au détriment des personnes qui nous entourent, tout en hypothéquant le bien-être de notre descendance. p97
L'humain est un drôle d'animal : au "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" de la nature, il substitue le "Tout s'achète, tout s'accumule et rien ne disparaît" du consumérisme.
L'humain est un drôle d'animal : au "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" de la nature, il substitue le "Tout s'achète, tout s'accumule et rien ne disparaît" du consumérisme.
D'une main, il épuise les ressources de la Terre pour les consommer, de l'autre il empile les déchets de cette consommation, qui déstabilise la planète. Le procédé est linéaire et insupportable à long terme. p170