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Citation de YANCOU


"Dostoïevski mourut un an plus tard et alla rejoindre lui aussi les immortels. Quand à moi, j'ai vainement attendu Tania sur la place Pouchkine. À l'instar des beaux jours promis par Nâzim Hikmet, elle n'est pas venue. Le lendemain j'ai déposé une couronne sur la tombe de Nâzim. Le poète est mort, un jour de juin comme aujourd'hui, à Moscou, la blanche ville de ses rêves. Il a été inhumé en terre d'exil. Il avait pourtant formé ce vœu : "Emmenez-moi / Enterrez-moi dans le cimetière d'un village d'Anatolie." Il semblait prêt à s'élancer. Mais il allait devoir marcher longtemps sans jamais, peut-être, atteindre son but. Certes, le seul pays auquel il aspirait était le communisme, mais il se serait contenté d'arriver à Istanbul. "Terminant mon voyage sans atteindre ma ville / grâce à toi j'ai connu le repos dans un jardin de roses", dit-il à Vera Toulyakova, son dernier amour. Lors de mon premier voyage à Moscou, Vera m'avait accueilli dans la maison où elle avait vécu avec Nâzim ; tout en dégustant un cognac hongrois et grâce à une autre Vera (la turcologue Vera Feonova, qui nous servait d'interprète), nous nous sommes perdus dans la mer des souvenirs. C'était il y a bien longtemps. Quand le chameau était crieur public et la puce barbier. Depuis lors, Vera, Vera la "fiancée", a été inhumée auprès de Nâzim. La jeune femme qui a fait mourir d'amour le poète, ou peut-être de nostalgie, celle qui lui disait : "Viens, reste, souris, meurs", la jeune femme aux cheveux blonds comme la paille et aux cils bleus s'est mêlée à ses cendres. La nuit tombe sur la place Pouchkine."
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