Enfance heureuse, choyée, entourée. 1962, départ d'Algérie. Tout d'un coup plus rien. Une cassure. Le ciel gris. Cette chape de plomb. Ce temps de novembre.
Il y a ce moi de l'enfance qui s'est figé lorsque j'ai quitté Philippeville. En prenant ma valise, j'ai aussi pris un peu le cercueil.Ma vie s'est construite autour du 16 juin 1962. Ce deuil en moi a mis des années à se faire.
Pour notre famille, compte tenu de notre histoire, il est évident qu'être français d'Algérie, à l'époque coloniale, ne veut pas dire forcément être colon et anti-arabe.
Tu souhaites connaître mon rapport à l'éducation, à la connaissance.
Il est essentiel. Pour moi, les livres sont la clef de la vie. Le seul rempart contre la barbarie, la bêtise, le racisme.
Nous avons décidé de nous démarquer de ceux qui ne vivent que sur le passé, sur leurs souvenirs, leurs ressentiments vis-à-vis de la communauté algérienne et qui font le lit de l'extrême-droite.
Notre façon également de dire combien nous nous sentons proches du peuple algérien et payer, ainsi, peut-être, notre dette historique.
J'ai toujours refusé de lire sur l'histoire algérienne mais pas la littérature algérienne. Il y a une osmose avec les individus qui écrivent. La guerre nous a séparé. Le théâtre, la littérature réunissent.