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Citations de Nicolae Breban (14)


Finalement, elle lui raconta en quelques phrases brèves et froides ce qui s’était passé un mois auparavant, dans la forêt. Elle rappela la proposition que ce dernier lui avait faite avant et après cet événement, en ajoutant qu’elle n’avait pas agi sous l’influence de cette proposition : elle avait tout simplement cédé à sa force virile. Elle conclut en affirmant que cet homme avait certes employé la force et profité du fait qu’ils étaient seuls mais qu’il ne l’avait cependant pas brutalisée, pour le simple motif que son corps l’avait accepté et s’était soumis à cet étranger qui avait su s’en rendre maître. C’est pourquoi elle ne l’avait pas évité et avait même accepté de le revoir, certes, pas aussi souvent qu’il l'aurait voulu, mais de le revoir quand même.
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On l'aimait donc avec une certaine reconnaissance parce que ce troisième fils était d'une humeur plus stable et plus normale que beaucoup de nos semblables, or les gens se réjouissent et se sentent plus rassurés en compagnie de ces individus ternes. Parfois on parlait de lui avec une bienveillance émue qui allait jusqu'aux larmes, parce qu'il est très reposant de savoir qu'il existe quelqu'un de plus effacé que soi ; c'est si commode, si réjouissant, si tonique d'aimer un tel homme…
(p. 289)
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Et, Seigneur, quel maître pourrais-tu leur fournir, un maître que même la capitale ne connaît pas, un seigneur plus grand que tous les Rohan, les Guise et les Bouillon, les Guermantes et les Guzman avec leurs chiens somnolents, leurs épées qui se heurtent doucement aux meubles, leurs riches jabots tachés de vin, les plafonds boisés, le rire provocant des femmes étrangères, à jamais étrangères, courtisanes et vassales, affamées et torturées par l'hypocrisie, les cavalcades en automne…
(p. 377)
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–Les femmes, poursuivit-il, n'ont droit qu'à une certaine liberté… elles ne doivent pas mettre leur dignité en péril par un goût excessif de la liberté… Et puis, quelle liberté ?
(p. 188)
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Elle se tenait pour infirme et ignorait que cette peur de l'amour est commune à toutes les femmes qui sont d'autant plus terrifiées que leur féminité est puissante, éprouvant devant l'amour la crainte de l'oiseau épouvanté se lançant pour son premier vol dans le vide qui est pourtant son élément naturel.
(p. 124)
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Au bout de neuf ans de mariage, E.B. passait pour une femme heureuse.
Il faut peut-être signaler qu'en général les gens ne considèrent un mariage heureux que lorsqu'il ne l'est pas –ce qui d'ailleurs n'a aucune importance puisque ce genre de bonheur n'existe pas et n'a aucune raison d'exister en sorte que cette façon de parler ne fait que désigner les familles qui, pour une raison ou une autre, ne semblent pas sur le point de se défaire.
(p. 113)
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D'ici, des hauteurs où nous lévitons (pas de problème à cela en notre siècle pragmatique), elle se distingue bien, tel un nuage, un petit nuage féerique, laiteux : c'est le sang de notre existence collective, le résidu de notre agitation infernale, qu'on appelle souffrance, lutte, victoire, échec, résignation, mort, etc. Une petite sphère, petit nuage laiteux, tellement peu de chose, si pauvre. Mais peut-être ce "résidu", cet étrange "produit", est-il utile à quelqu'un, quelque part. Nous ne pouvons penser autrement. Nous ne pouvons penser en dehors de la causalité et de la rentabilité. Voilà notre fameuse pensée analogique.
p.172
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[…] ce sont des images trop pures et, pour ainsi dire, désarmées, représentant un monde sans maîtres, voué au chaos et au désarroi candide, un monde peuplé par des êtres nés pour une vie plus tendre et paradisiaque, une vie aux lois plus souples et plus efféminées, et qui, "déversés" sur notre planète, deviennent victimes par vocation, des "victimes idéales" qui appellent d'une manière fascinante, avec la puissance de l'acier, le maître, la bête cruelle et rapace qui doit surgir d'un sentier latéral, un sentier quelconque, secondaire, qu'elle parcourt au galop, flairant de loin le sang de ces animaux paisibles au corps tellement suave et transparent que leur sang semble couler dans l'air, qu'il semble dessiner dans l'air frais de ces forêts tranquilles d'innombrables petits arcs de triomphe ouverts aux fauves féroces ;
(p. 282)
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Tout portait à croire que pour une raison ou pour une autre, le jeune inconnu avait senti le besoin d'évoquer cette ambiguë complicité qui unit les "hommes" par-delà les différences d'âge ou d'éducation, de sentiments ou d'affectivité, d'évoquer cette éternelle conjuration des hommes-maîtres contre les femmes-esclaves, la conjuration des "hommes bon-viveurs et sans scrupules, implacables, joyeusement cyniques et triomphants" contre ces "femmes adorables", faibles et naïves, nées pour être des victimes, toujours pleurnichardes et martyrisées, brutalisées, ces "femmes adorables" douées d'une telle vocation d'infériorité que tout triomphe, même accidentel, sur l'autre sexe les stupéfait et les rend malheureuses, ces femmes, donc, créées pour un bonheur qui n'est possible que dans les seules limites de leur malheur.
(p. 264–265)
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Voilà pourquoi ils étaient toujours ensemble, pourquoi ils se cherchaient obstinément, pourquoi ils se protégeaient, s'aidaient et se défendaient l'un l'autre jusqu'au sacrifice : l'existence d'un partenaire était nécessaire à leur haine et c'est la raison pour laquelle on ne les voyait que par groupes, à l'intérieur de chaque groupe le nombre des bourreaux étant rigoureusement égal à celui des victimes. Et ces milliers de haines individuelles –qui permettent à tous ces vieux de respirer à des profondeurs plus aérées que cet environnement de plus en plus étouffant–, ces haines infinies, groupées, les font vivre, leur donnent un sens, une légitimité, et ils aiment, ils doivent aimer, ils sont obligés d'aimer ce but, ce sens, parce que c'est le seul qui leur reste, le seul qui les habite, parce que cette haine multiple est leur humanité et qu'ils doivent être humains pour rester en vie.
(p. 262)
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E.B. donnait l'impression d'être une "mère dénaturée", et peut-être l'était-elle vraiment, mais c'était là une vérité secondaire, car elle obéissait aux lois de sa nature exceptionnelle, et c'est par cela qu'elle était morale: peut-on être moral en dehors de sa nature ou à l'encontre de sa nature ?
(p. 201–202)
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L'idée d'enfer est étroitement rattachée à celle de gratuité, or la dégradation n'est qu'une parfaite gratuité, et n'est-ce pas immoral qu'un être vive en dehors de son utilité, de sa causalité particulière, subjective ? L'enfer, l'immoralité et la gratuité sont étroitement liés dans la conscience humaine et les fous –les seuls individus dont l'existence est parfaitement gratuite– sont écartés du corps social avec crainte, car leur existence en dehors du monde "utilitaire" est un incessant cauchemar.
(p. 200–201)
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Les formes de l'adaptation humaine sont multiples, et l'une d'entre elles est la dégradation, quelque chose qui évoque la vie des poissons obligés de vivre hors de l'eau, ou celle des végétaux privés de chlorophylle.
(p. 200)
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Il est peut-être vrai que la rivalité en soi n'est pas un état dégradant, bien que les femmes la ressentent autrement que les hommes. Pour E.B., par exemple, cet affrontement représentait un acte de guerre qui lui était parfaitement étranger, particularité à même de définir sa personnalité tout comme certaines autres se définissent par leur horreur de l'alcoolisme, ou de la trop grande diversité des femmes, ou de l'indigence –qui avilit d'ailleurs presque tout le monde– ou de l'asservissement (alors qu'il y a des gens qui ne peuvent vivre qu'assujettis).
(p. 200)
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