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Citation de le_Bison


De nouveau une boîte aux lettres, des bateaux et des maisons dans le même agencement admirable : de solides maisons en bois d'épave, qui n'ont plus rien à craindre de la mer. Par la fenêtre d'une de ces cabanes, j'observe depuis un moment un couple de pêcheurs occupés à étendre sur des séchoirs des algues longues de plusieurs mètres et grosses comme le poignet. Je n'ai pas encore rencontré grand monde sur cette côte, mais tous ceux que j'ai vus allaient par couples, et jamais bien éloignés l'un de l'autre. Tout à fait comme les albatros ou les pluviers. La femme en général un peu plus grasse et rendue plus hardie par la curiosité. J'ai frappé au carreau.
- Bonjour !
- Entrez donc !
- Est-il impossible de prendre votre photo ?
(Il est plus poli de poser la question à la négative, et plus la vie est maigre mieux cette politesse qui la meuble un peu se justifie.)
- Bien sûr que non !
(C'est à dire : faites donc, je vous en pris...)
Elle est venue à la lumière, sur le seuil de la porte, et j'ai fait un portrait genre "Salon américain". L'homme découpe ensuite une de ces algues en lanières fines comme du tabac à chiquer et m'en remplit les poches. C'est du kombu, que l'on mange ordinairement macéré dans le vinaire et qui m'a l'air d'être l'unique ressource de ces villages. J'ai poursuivi ma route en mâchonnant cette espèce de cuir qui contient tous les goûts de la mer : sel, iode, la trace d'un banc d'anchois ou le sillage huileux d'un cargo. En le retournant sur la langue on a même l'impression d'y sentir la pulsation des marées et le poids de la lune.
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