Magali Langlade, directrice littéraire pour le domaine français, vous présente "La Fille aux plumes de poussière" de Nicolas Garma-Berman et "Les chairs impatientes" de Marion Roucheux
Caroline Ast, directrice des éditions Belfond, vous présente deux livres qui ne vous laisseront pas indifférents ! "La Leçon du mal de Yûsuke Kishi" et "Nous, les allemands" de Alexander Starritt.
Les livres vous attendent chez votre libraire !
#rentreelitteraire #belfond
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Mes rêves ne font jamais peur, et ne me blessent pas, je n'y apparais pas paumée et inadéquate. La plupart du temps ils sont plutôt basiques, du genre romance passionné ou péripéties sous les tropiques, ce qui me permet de passer un moment agréable. Le reste du temps, c'est l'inverse, ils sont métaphoriques au possible ce qui me donne une excuse pour ne pas tenter de les comprendre.
Mon travail tourne au ralenti, ma vie sociale est aussi dépeuplée que mon réfrigérateur, et il serait superflu de vérifier mes disponibilités dans mon agenda. D’ailleurs je n’ai pas d’agenda.
Je repense souvent à cette fille, à sa manière de sourire en attendant que la chaleur de la vitre se diffuse sur ses joues, à ses yeux fermés. J'ai toujours envié ceux qui changent de côté, dans le train, avec le soleil. Je ne suis pas comme ça. Je néglige le bonheur et les gens qui pourraient m'en apporter, parce que je suis convaincue que les bonnes choses se carapatent aussi vite qu’elles arrivent. Seules quelques vagues sensations demeurent. Au contraire des mauvaises choses, qui s'enfouissent en nous et resurgissent sans cesse, violemment, avec la clarté du malheur.
Je me suis préparée, donc. Mais se préparer ne signifie pas être prête.
- Monsieur, je suis navrée, je vous le répète une dernière fois : je ne peux pas vous confectionner des chaussettes à partir de la dépouille de votre chat !
Il baisse la tête, désabusé.
-C'est son nom, vous savez...
-Pardon ?
-Chaussette. C'est son nom.
J'ai du mal à ne pas éprouver de la compassion pour cet individu qui à l'évidence n'est pas né sur la bonne planète.
Mais les souvenirs ne sont pas des paquets qu’on entasse. On a parfois besoin de s’en délester pour pouvoir avancer.
Les coïncidences sont des bestioles qui ne se réveillent que quand on les chatouille.
Mais réfléchir dans le feu de l’action n’est pas mon fort. Quand le feu est éteint non plus, d’ailleurs.
Les enfants se souviennent des sols : c’est ce qu’ils voient le plus et c’est là qu’ils jouent.
Il me semble que les gens passent leur temps à se raconter des histoires, de toute façon. L'identité de l'interlocuteur est accessoire.