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Critiques de Nicolas Rouillé (9)
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Timika

Etals débordant de sagou blanc, noix d'arec, feuilles de bétel, c'est le spectacle qui attend le flot de migrants en provenance de Jakarta, après un voyage de 12 jours d'angoisse et de nausée sur le Kelimutu, au port de Pomako.

Bienvenue en Papouasie Occidentale et direction Timika, point de convergence de toutes les espérances, des diplômés aux petites mains en passant par les vieux renards, tous viennent tenter leur chance dans cet Eldorado moderne, sauvage, et violent.

Timika, coeur d'un no man's land qui palpite au rythme des prélèvements du sang de la terre.

Timika sous l'emprise de l'armée et de la police nationale indonésiennes et de la compagnie minière américaine Freeport.

Freeport installée en Papouasie occidentale depuis les années 70, quatre années après son annexion par l'Indonésie en 1969 .

Freeport exploitant de la plus grande mine d'or au monde à ciel ouvert et de cuivre à plus de 4000 mètres d'altitude, la mine de Grasberg.

Alors oui, bienvenue à Timika !



« Whoop whoop whoop … Papua Merdeka ! »

Et oui, vous les avez peut-être entendus mais pas encore vus ! Car ils sont où les Papous ?

Ceux dont on vient d'entendre le signe de reconnaissance sont les indépendantistes et ils sont bien planqués, les autres ? orpailleurs à Gresberg  ou encore entassés dans des baraquements en train de crever ...

Face à cette marée humaine venue de tout l'archipel mélanésien, les Papous sont ceux à qui profite le moins cette fièvre aurifère: retranchés dans des camps en montagne, décimés par le Sida et la tuberculose, empoisonnés par les rejets toxiques, et dépossédés de leur terre .

Nous sommes ici à la fin des années 90, l'OPM, Organisation de Libération de la Papouasie (Papua Merdeka) dont le leader vieillissant, Kelly Kwalik a changé son fusil d'épaule (ou son arc comme dirait Nicolas Rouillé), prône désormais une lutte non-violente. Mais cette nouvelle ligne n'enchante pas les plus jeunes qui rêvent de renouer avec une branche armée active et des actions spectaculaires…



Dans cette zone de non-droit militarisée, où la Route de Freeport et de ses pipelines balafrent la région de Portsite à la mine de Gresberg, la circulation est étroitement surveillée et sous contrôle.

Ici, la collusion entre l'armée et la police entrave toute liberté, sans parler des exactions du Kopassus (Forces spéciales de l'Armée indonésienne), pourtant quelques malins sachant jouer avec le système passent entre les mailles du filet, autant dire que la marge de manoeuvre pour les nouveaux arrivants comme pour les Papous est vraiment très très serrée.

Dans ce contexte chaud bouillant où le terrain de jeu est miné, certains jeunes indépendantistes ont les nerfs à cran. Un d'entre eux, Alfons, décide de passer à l'action… mais pour cela il faut des moyens, et quand on ne les a pas alors il y a la débrouille, la magouille… et donc la chance de tomber sur d'odieuses fripouilles !

« Whoop whoop whoop … Papua Merdeka ! »



Alors ? Alors j'ai adoré me perdre dans cette poudrière et mettre les pieds dans ce bourbier !

En enjambant les pas de pak Sutrisno, le migrant javanais, pour connaître les douleurs et les affres de l'exil,

en suivant les traces d' Alfons dans la forêt pour en percer les secrets, en accompagnant le journaliste Gilmore pour rencontrer Kelly Kwalik…

Mais j'ai aimé aussi gamberger et flipper en mettant le nez dans les magouilles et les innovations de Bambang , voler au dessus de la Grande barrière de Corail pour retrouver la diaspora papoue de Melbourne etc...

Les portraits sont touchants. Les tableaux saisissants. Les visions fulgurantes. Les odeurs, les couleurs présentes et prégnantes.

Une intrigue qui nous projette dans un système politique corrompu et les rouages de la colonisation.



Réaliste, poétique, humoristique, ponctué de passages envoûtants et émaillé d'expressions en logat papua (indonésien dégénéré), l'écriture de Nicolas Rouillé est tout cela à la fois : dense, légère profonde et précise. En donnant une densité et un rythme au récit, l'auteur, écrivain voyageur, nous embarque avec lui et réussit à nous faire vibrer, ressentir l'atmosphère, l'ambiance de cette région minière tout en suivant les trajectoires uniques de personnages réels ou fictifs…

La construction de texte est étonnante ! la typographie permet d'inscrire aux marges de la narration un véritable mémorial, saisissant et émouvant, dédié à tous les Papous disparus, assassinés, torturés … les chiffres officieux parlent de 100 0000 à 400 0000 disparus lors d'exactions par les autorités indonésiennes !



Magnifique roman noir, mais aussi roman d'aventures,Timika western papou, nous entraîne dans un maelstrom d'émotions et de ressentis à travers le quotidien des protagonistes dont la diversité confessionnelle et culturelle permet au lecteur d'appréhender la complexité politique, et socio-économique de la Papouasie occidentale.



Un roman social au coeur d'un enfer tropical, d'une forêt primaire en voie de disparition et un peuple en danger.

Une récit qui s'inscrit dans l' histoire d'une minorité qui continue a être bafouée, sacrifiée et dont les terres sont violées.



Un roman à dévorer. Un roman qui a une âme, un roman habité par les esprits papous. Peut-être qu'un jour, dans une aube brumeuse le « Morning  Star» flottera au dessus de Timika.



Merci Nicolas Rouillé, pour ce grand voyage, fascinant, coloré et explosif et merci aux éditions Anacharsis pour ce Timika western papou !



A lire de toute urgence ! Et de mon côté une énorme envie de rencontrer Nicolas Rouillé !









Il m'a été impossible de terminer ce billet sans faire un petit tour sur la toile pour connaître l'évolution du conflit entre les autorités indonésiennes et les Papous :

à l'heure actuelle , les Papous continuent leur combat pour l'indépendance au sein du KNPB, Comité national de la Papouasie Occidentale, créé en 2008, et milite pour un référendum et le droit à l'autodétermination. Un de leur représentant, Filep Karma a été inculpé de "rébellion" en 2004 pour avoir hissé le drapeau de la Papouasie libre, le Morning Star, lors d'une cérémonie pacifique et a été condamné à 15 ans de prison … malgré l'ouverture « démocratique » annoncée par le président indonésien Joko Widodo.

Les termes récurrents lors de ma recherche : Ecocide- Génocide- Désastre-
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Timika

« Les Papou de la forêt primaire n'ont pas besoin de résidence secondaire ».



Cet aphorisme de Sylvain Tesson, pris au premier degré, pourrait faire sourire.

Malheureusement, à l'heure actuelle, les habitations des Papou, si elles restent primaires, sont confrontées à un environnement défiguré, dans une forêt devenue secondaire. Elle n'a plus bonne mine, passant du vert luxuriant au mordoré.

C'est le far west, milieu sans lois ni règles, qui justifie le sous-titre, western papou. Les plus forts ne sont pas les résidents, mais les multinationales, en l'occurrence ici une compagnie américaine qui exploite la plus grande mine d'or du monde.

Les Papou sont dépossédés de leurs terres et les rejets toxiques ne proviennent pas que de la mine.

Je m'explique.

Nicolas Rouillé est dépossédé de son texte et les rejets toxiques proviennent de l'IA, pas l'indépendantiste armé, mais l'intelligence dite artificielle.



Comme je m'étais un peu perdu entre roman noir et récit documentaire et qu' il n'y avait que six critiques de ce livre, toutes notées de cinq étoiles, j'ai tenté une version que je pensais être neutre, celle de Chat GPT.

Et bien, chers amis Babeliotes, sachez que nous avons encore tout l'avenir devant nous ! Non seulement l'IA donne un résumé édulcoré, dépourvu d'émotion et de désinvolture, mais le contenu est bourré d'erreurs !



Quand j'ai lu la version algorithmique, j'ai pensé que je n'avais pas lu le même bouquin. On y parle d'un ingénieur français du nom de Basile, le principal personnage de l'histoire. Puisque je suis mauvaise langue, je vais donc faire l'âne et braire en m'insurgeant contre « l'artificialité » du procédé.

Et comme le contraire d'artificiel est naturel mais aussi vrai, véritable, il est facile d'en conclure que cette soi-disant intelligence n'a rien de véridique.

Point de Basile, point d'ingénieur français en tant qu'héros, mais que se passe-t-il donc dans les données informatiques ?

J'ai supposé que le résumé a été « fabriqué » à partir d'une version traduite de l'histoire, avec des « aménagements » en passant d'une langue à une autre.

Donc, la mauvaise langue ne proviendrait pas que de mes mots !

Cerise sur le gâteau, ou plutôt noyau sur le minerai, l'or s'est transformé en cuivre, je vous le disais qu'elle avait mauvaise mine, cette forêt primaire…



Pour vous laisser juge de mon indignation, voici le texte sorti de la « machine » :



« Timika est un roman de l'écrivain Nicolas Rouillé, paru en 2019.

L'histoire se déroule dans la ville éponyme de Timika, située en Papouasie occidentale, une région montagneuse en Indonésie.

Le récit est centré sur le personnage de Basile, un jeune ingénieur français qui arrive dans cette ville reculée pour travailler dans une mine de cuivre appartenant à une multinationale. Basile est fasciné par cette nature sauvage et hostile, ainsi que par les communautés locales dont il fait la rencontre.

Au début de son séjour, Basile découvre les conditions de travail difficiles auxquelles sont soumis les mineurs, et est le témoin de violences et d'injustices commises par la multinationale. Il développe donc une conscience politique et décide de se rallier à la cause des Papous, qui luttent pour leurs droits et leur indépendance. Basile s'engage ainsi dans une série d'actions militantes, tout en cherchant à nouer des alliances avec d'autres activistes locaux.

En parallèle, Basile entame une relation amoureuse tumultueuse avec une femme papoue du nom de Kenate. Leur histoire d'amour se retrouve mêlée aux enjeux politiques et aux violences perpétrées par les forces de police et l'armée indonésienne.

A travers le personnage de Basile, l'auteur explore des thèmes tels que l'exploitation des ressources naturelles par les multinationales, la lutte pour l'indépendance des peuples autochtones, ainsi que les questions de pouvoir et d'identité.

Le récit de Timika offre ainsi une plongée captivante dans un monde marqué par les intérêts économiques et les luttes de pouvoir, tout en donnant une voix à ces communautés oubliées et opprimées ».



Fin du résumé, je n'ai pas non plus retrouvé « Kenate », je suis complètement paumé, le roman est noir, mes idées aussi, j'appelle à l'aide, auprès des autres lecteurs.

Plus envie de donner mon avis, même sur la version originale écrite par l'auteur. C'est la jungle dans ma tête.

Jungle, écosystème bouillonnant de vie, mais aussi inhumanité invivable.

Je suis vidé, comme la forêt papouasienne, ça m'apprendra à jouer avec le « monstre » créé par nous-mêmes. le saccage est universel.

Mais dans quel monde Vuit-on ?
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Timika

Un western ? Oui, nous y sommes, tous les codes sont là : ses exilés venus tenter leur chance, sa fièvre de l'or, ses éclats d'armes à feu, ses saloons miteux, ces parfaits salopards, ses redresseurs de torts, ses indigènes qui luttent pour leur survie… Sauf que nous sommes au XXIe siècle, que nous sommes en terres papoues officiellement indonésiennes et que ce qui se trame dans ce roman choral oppressant est hélas d'actualité. Très documenté et admirablement écrit, Timika lève le voile sur un lent génocide doublé de désastre environnemental qui se déroule à 13 500 km de Paris, dans une indifférence quasi générale.

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Timika

Voilà un livre peu connu et pas seulement sur Babelio (j'ai vérifié, il n'est presque jamais demandé à la Grande bibliothèque de Montréal). Peut-être son sous-titre en est-il la cause: western papou. Déjà lire un western plutôt que le regarder, c'est Bof.. Mais si en plus, c'est avec des papous c'est même pas un western hein.. Juste une bouffonnerie comme les westerns de Bud Spencer et Terence Hill, sans doute.. Ajoutez à cela que l'auteur Nicolas Rouillé est quasi inconnu.. Même pas une page Wikipedia.. Heureusement, Babelio me l'avait suggéré à la suite du bouquin de Patrice Franceschi, Raid papou, aventure qui m'a laissé assez ébahi et curieux d'en savoir plus sur la Papouasie Occidentale. Donc je ne me suis pas laissé rebuter par le supposé western que promettait TIMIKA et j'ai bien fait.

Le roman est épais, bien documenté sur la géographie du pays, ses différentes ethnies (Indonésiens, Occidentaux, Papous), son histoire et les traditions papoues et pourtant ce n'est pas un essai ni un document ethnographique mais bien un roman. Le récit est vif, bien rythmé, parfois cocasse et dans une langue élégante et précise. Ça se lit comme un roman à suspense: on attend de savoir si pak Sutrisno, un Indonésien nouvellement arrivé, va réussir à faire fortune ou se faire dépouiller par les militaires voleurs ou les méchants Bugis (un peuple des Célèbes). On redoute les périls qui guettent Alfons, Papou complètement déboussolé débarqué de sa jungle dans la jungle humaine de Jakarta pour la première fois de sa vie. On compatit sur la désillusion de Nicole, Jeune enseignante australienne en quête de changement et d'aventure. On est horrifié devant la barbarie de l'armée indonésienne et la corruption de la police. On rit devant les frasques de Johni, un jeune papou incapable de résister aux tentations de la société de consommation. Et je ne vous raconte pas le climat.. On vit sous la pluie et dans la boue en permanence.. comme ce journaliste australien,Gilmore, venu interviewer un leader indépendantiste dans son village (voir les extraits de texte plus loin) Bref, Le bonheur !



Tout cela se lit comme un véritable polar et puis on comprend peu à peu que les répressions racontées ont réellement eu lieu, que le pillage du pays par la multinationale Freeport existe vraiment. Alors on cherche vite sur Wiki et on est effaré. Un peuple disparait sous nos yeux et on ne voit rien ou si peu.. parce-que c'est loin, c'est quelques milliers seulement, personne n'en parle.

Donc, je me suis dit qu'il fallait que j'essaie de le faire connaître un peu, ce livre. Que ce serait ma minuscule contribution pour emmerder les militaires, les profiteurs américains et honorer les papous qui ont seulement essayé de protéger leur pays et leur culture.

Je sais, j'ai toujours été naïf..
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Timika

Naviguer sur le Kali Kopi à bord d'une pirogue... Admirer le Mont Zaagkam... Se perdre dans l'effervescence de Km 10... Se fumer une kretek "dans un délicieux grésillement de clou de girofle" après avoir dégusté son nasi liwet au warung Batik... Et passer sa soirée au Cabaret Dewata. Cette promenade semble bien alléchante, et pourtant... C'est avec effroi que le lecteur découvre avec effroi les tristes destins de Kelly Kwalik, d'Alfons, du révérend, de Dewi et globalement de la Papouasie occidentale avec l’impressionnant "Timika" de Nicolas Rouillé, paru aux éditions toulousaines Anacharsis en 2018.



Pré-requis : un génocide est en cours en Papouasie occidentale depuis la prise de contrôle par l'Indonésie en 1962.



L'histoire de Timika, et plus largement de la Papouasie occidentale, est contée par Nicolas Rouillé avec beaucoup de précision, de descriptions foisonnantes des mœurs locales/tribales, et de cœur. La force de ce roman réside dans sa vocation : de nombreux personnages s'y croisent, s'y frottent, entrent en lutte ; qu'ils soient Papou, Indonésien ou Américain. L'auteur écrit à la fois un grand bien que tragique roman d'aventures humaines, une enquête historique sur la situation terrible en Papouasie occidentale - pays pillé et spolié de ses ressources minières ; populations humaines, animales et végétales ravagées intensément ; luttes armées pour l'indépendance ; Histoire menacée d'être ensevelie sous la boue toxique des industriels, sous l'avarice de la police, devant l'aveuglement des peuples... Un grand roman engagé, révoltant et ô combien nécessaire : un plaidoyer en faveur de l'indépendance papou, un brûlot contre le colonialisme.
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Le Samovar

Tristan, 23 ans, poursuit sans grand enthousiasme ses études.

Il va par hasard rentrer dans un entrepôt et découvrir qu’il est habité par des squateurs. Fasciné, il décide de s’y installer.



Il va découvrir que cette cohabitation, en marge de la société est malgré tout régie par certains principes de vie collective mais aussi par une grande liberté individuelle.



Il va découvrir l’amitié, les discussions très animées et tout un art de vivre : recueil d’eau potable ou non, tri et récupération de toutes sortes d’objets, cultures potagères et fruitières, nourriture provenant des surplus de la grande distribution…



Ce qui plait à Tristan c’est de ne plus être seul.



Mais cette existence en marge dérange la municipalité qui a des projets sur les emplacements des squats mais aussi qui, sans aucun doute ne peut supporter que des gens s’épanouissent en dehors des principes posés par la société.



Car ici, les occupants de ce quat veulent vivre autrement.



On s’attache beaucoup à toutes ces personnes qui revendiquent leur liberté avec dignité et qui sont malgré tout victimes des violences policières, des articles mensongers des journaux et de l’acharnement de la justice au service du pouvoir en place.



Ce roman, bien rythmé est raconté avec beaucoup d’humour.



Belle découverte !

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Timika

Roman inclassable, décrit comme un polar géopolitique ou un western papou. Pour moi c’est surtout un roman sur la colonisation. On y retrouve tous ses travers : société à deux vitesses avec des “indigènes” déclassés, exploitation des ressources, aspiration à l’indépendance réprimée dans le sang. Ce roman est très bien documenté sur la géographie du pays, les relations entre les différentes ethnies, l’organisation sociale et la lutte armée pour l’indépendance. Ce qui fait froid dans le dos, c’est que bien que ce soit un roman, une grande partie des souffrances racontées sont bien réelles.

C’est décrit comme un western car on retrouve les caractéristiques du far-west à Timika (ville où se déroule l’intrigue) : ville champignon qui a poussé autour d’une mine, loi du plus fort qui s’applique, faune bigarrée des villes “sans foi ni loi”, ville boueuse, sans macadam, avec ce que tout cela sous-entend de liberté… Le récit est servi par un style volontairement baroque et grandiose qui rend bien l’ambiance de Timika, au bord de la jungle avec son humidité, sa luxuriance et son impénétrabilité. L’écriture joue beaucoup sur les sons, les odeurs, la touffeur et rend très bien l’ambiance exotique de cet antipode.

C’est par ailleurs un récit polyphonique qui permet de découvrir la réalité papou dans la partie indonésienne de la Papouasie (partie ouest). Je ne connaissais pas du tout ce pays et j’ai découvert un pays colonisé (les papous sont exclus de l’administration, des études secondaires et d’une certaine croissance économique). Les ressources sont d’ailleurs exploitées par une puissance étrangère: on suit l’économie autour de la mine d’or (la plus grande au monde) et dont les revenus et les bénéfices ne retombent ni sur la population ni sur la région.

Polyphonique, car on suit les destins de plusieurs protagonistes : des rebelles indépendantistes papous qui vivent dans la jungle, une jeune femme papoue partie tenter sa chance en Australie, un commerçant indonésien honnête venu tenter sa chance à Timika, une jeune australienne venue enseigner dans une école primaire, un journaliste… On découvre donc toutes les facettes de Timika, et tous ces regards présentent une société à bout de souffle, une vraie colonie comme on aimerait qu’il n’en existe plus, un peuple asservi.

En conclusion, j’aimerais qu’il y ait beaucoup plus de livres comme celui-là, qui à la fois nous ouvrent les yeux sur des situations inadmissibles, inconnues sous nos latitudes du fait de l’éloignement, nous font voyager dans des lieux exotiques et nous ouvrent une fenêtre sur des vies si différentes aux aspirations pourtant si proches des nôtres.

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Timika

ce livre n'a pour moi qu'un défaut, majeur, et qui peut le desservir: son sous titre "western papou". ce sous titre donne une image particulière qui ne représente pas son contenu. Fin de critique négative...

Timika nous permet de rentrer dans l'histoire et la vision du peuple indigène papou, (ce que permet Le mage du Kremlin par rapport à Poutine).

L'histoire et les personnages se mettent en place progressivement pour nous montrer l'avancée inexorable du profit, d'une rationalité à court terme broyant au passage la magie et la profondeur de vision des peuples primordiaux.

PS en relisant ma critique, je la trouve mal construite mais foncez ce livre est une pépite!!!
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Le Samovar

Etrange roman qui est arrivé dans ma boite aux lettres, presque par hasard, comme une feuille tombe d’un arbre en automne. Auteur inconnu, titre dont je n’ai pas ou peu entendu parler, mais sujet qui semble intéressant : les squatteurs.



Tristan est un jeune étudiant en BTS, qui vit des pensions que lui verse sa mère. C’est une vie confortable, même si elle lui fait un chantage en cas d’échecs aux partiels. La vie n’est pas facile pour un jeune homme, motivé par pas grand-chose, et qui cherche surtout un sens à la vie. Alors, quand son ami Max lui propose de partir à la cueillette aux kiwis en Nouvelle Zélande, Tristan accepte, d’autant plus que Max s’occuperait du passeport et du visa, moyennant mille euros en liquide.



Rendez vous est pris au Manoir, dans la rue du même nom. Sauf que Max n’est pas là, qu’il a disparu. Cela donne tout de même l’occasion à Tristan de rencontrer de drôles de zozos, et d’assister à une réunion lors de laquelle une engueulade éclate entre Fahrid et Yanis. Le vélo de Tristan fait les frais de cette dispute. On lui propose alors d’aller voir Clavette, le réparateur de génie du Samovar.



Le Samovar, c’est un squat sur un ancien entrepôt de l’armée. Tristan va découvrir un petit monde, qui s’autogère. Accueilli à bras ouverts, il va y revenir plusieurs fois, avant de devenir un pensionnaire à part entière. Il va découvrir les multiples activités de chacun, puis les difficultés envers les autorités.



N’allez pas chercher dans ce roman une intrigue policière, une poursuite d’un serial killer ou un détective privé détruit par l’alcool suite au départ de sa femme. Ce roman est plus à rapprocher d’une chronique d’un jeune homme, un peu perdu et pas pressé de se retrouver qui va découvrir un nouveau monde qu’il ne soupçonnait même pas. Et si c’était mal écrit, je n’aurais jamais fini ce roman.



Simplement, voilà ! c’est écrit avec légèreté, beaucoup d’humour et sans rage aucune, avec beaucoup de dialogues pour faire vivre tant de personnages. Ces gens-là ne demandent pas grand-chose, si ce n’est de vivre selon leur mode de vie, à la marge de la société. On va y rencontrer une quantité impressionnante de personnages hauts en couleurs, tous reconnaissables, et on suit avec plaisir la vie de ce microcosme, à l’aide de dialogues très bien réalisés. Je garderai en mémoire Marjo, Kat, Zaïreb, Clavette, Jeannot, FX, Spears et tant d’autres.



Et même si j’ai un peu de mal, personnellement, à adhérer à leur point de vue, je dois dire que la narration, qui ressemble parfois plus à un reportage qu’à un roman, est bien agréable. Et puis, les personnages sont bigrement attachants, et vous savez comme j’aime quand un auteur donne tant d’amour, sans juger qui que ce soit. Et s’il y avait une intrigue à suivre en toile de fond, ce roman aurait pu être génial. Ceci dit, j’aurais appris beaucoup de choses sur un mode de vie qui permet de vivre en autarcie, ou presque.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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