...Curtis Mayfield ne fut pas seulement un chanteur de soul extraordinaire. Il fut également un poète et un parolier remarquable, un compositeur surdoué et un rythmicien hors pair, un guitariste prodigieux et un meneur de troupes d'une grande humanité. Il restera surtout comme l'un des artistes essentiels du XXème siècle.
Devenue synonyme d'authenticité et de modernité, la soul music de cette période sera, en particulier pour les années 1964 à 1966, un passage obligé pour la plupart des groupes britanniques. Des Who aux Rolling Stones, du Spencer Davis Group aux Small Faces de l'ère Decca, la soul occupe systématiquement une place sur des disques qui, pour la plupart, ne sont pas encore constitués d'un répertoire exclusivement fait d'originaux. Ainsi les chansons de Don Covay, Solomon Burke, James Brown, Ray Charles, Otis Redding, Marvin Gaye figurent en bonne place sur de nombreux disques anglais de ces années-là. Pour beaucoup d'européens, ces versions très blanches ont d'ailleurs servi de porte d'entrée.
Quelques tentatives ont été faites au fil du temps pour qualifier la soul selon Curtis Mayfield. En complément à des appellations telles que psychedelic soul, climatic soul, progressive soul, ou autres propositions du même acabit, on soulignera la faculté du musicien à aller s'imprégner de divers registres pour donner forme à un genre qui, avec ou sans qualificatif n'appartient en définitive qu'à lui.
En moins de temps qu'il n'en aura fallu au groupe [The Impressions] pour rencontrer son public, Curtis Mayfield aura écrit quelques classiques majeurs de la soul américaine. Au seuil d'une sorte d'âge d'or pour le style, le natif de Chicago se trouve au bon endroit, entouré des bonnes personnes, aidé par une inspiration qui ne faiblira désormais qu'en de très rares occasions.
À cela s'ajoutent de véritables audaces sur le plan de la production, qu'accompgne une sensation de liberté totale de la part d'un musicien touché par une inspiration de chaque instant. Pour toutes ces raisons, Curtis [premier album solo] rivalise de beauté avec la pop la plus céleste de Brian Wilson, avec la soul spirituelle de Marvin Gaye, ainsi qu'avec le génie d'instrumentiste de Stevie Wonder. Mais jamais le disque n'efface la personnalité unique de son créateur. En somme, la publication de Curtis offre au musicien un premier chef-d'oeuvre, un disque fascinant de la première à la dernière note.
De ses racines gospel à sa profonde philanthropie, de son investissement émotionnel à son authentique sagesse, beaucoup d'éléments rassemblés dans la musique de Curtis Mayfield autorisent celle-ci à dépasser les frontières de la soul music tout en en donnant l'une des plus justes définitions.
Cas rare, pour ne pas dire unique dans la soul de ces années-là, le jeune homme de 21 ans, qui est à la tête du groupe [The Impressions], cumule les fonctions d'auteur, de compositeur, de guitariste et de chanteur principal.
Le Morrissey désolidarisé d'un monde futile et volontiers hostile existe déjà eb cette année 1982. Le poids des mots, le romantisme exacerbé, la volonté e se positionner seul face au monde, tout est deja rassemblé dans la chambre de cet adolescent qui n'en est plus un. Comme il l'a souvent répété, le Morrissey enfant a cessé d'exister au moment où David Bowie est apparu sur le poste de télévision.
Billy Bragg est bel et bien intégré comme première partie officielle, mais Morrissey s'est tout de même assuré les services de drag-queens comme chauffeuses de salle pour le concert de Chicago.
Minés par le climat social de leur époque, les Smiths le sont sans aucun doute. Leur mode d'expression est cependant tout autre. En définitive, le groupe de Marr et Morrissey n'a pas grand-chose en commun avec ses contemporains. Il a néanmoins suffisamment de talent et de conviction pour faire son entrée avec une proposition artistique dont la singularité et l'authenticité sont des atouts considérables pour déclencher une invraisemblable ferveur, accompagnée d'une fidélité à toute épreuve.