Dans le monde musical de la pop, les chansons sont écrites et choisies pour l'artiste par d'autres et sont jouées pour un public hétérogène non pour un public de subculture. Mais dans le rock, il y a une éthique de la propre expression qui implique un lien intime entre la personne et la musique.
L'opinion publique (...) juge les métalleux avant tout comme des délinquants. Elle confond délinquance et déviance, marginalité sociale et subculture marginale.
Ce sont les paroles comme expression poétique ou appel aux armes qui sont le plus important dans le folk ou le style folk rock. Pour la pop, comme style musical, et pour les jingles publicitaires, c'est la mélodie qui compte. Pour le metal, le son en tant que tel -son timbre, son volume, son feeling- est l'essentiel, ce qui le définit comme puissant et lui donne toute sa signification.
Leur passion, par son sentiment tribal, induit une tolérance par le partage esthétique qu'elle propose. Autrui est différent car il est heavy métalleux ou death métalleux, mais il appartient tout de même à ma tribu. Je le fréquente dans les festivals metal et après tout, il partage le même type d'émotion esthétique que moi. Il y a des groupes qui nous transportent, le sien est de heavy metal, le mien est de black metal mais la volonté de transcendance est la même. Qu'importe que mon voisin soit noir ou arabe, du moment que du metal lui coule dans les veines, je pourrais toujours parler avec lui. A l'inverse, s'il est comme moi, de la même région, du même village, mais qu'il écoute Madonna, je ne vais rien pouvoir lui dire, rien partager avec lui, hormis des banalités.
La volonté du chanteur est de donner l'impression à l'auditeur qu'il est en contact avec l'enfer et que le bruit qu'il entend provient des ténèbres.
Comme tout mouvement extrême, le black metal attire également une importante portion de désœuvrés intellectuels, de démagogues ou de mythomanes, qui voient dans ce mouvement non pas la musique et l'art, mais une manière d'extraire la part malsaine de leur être.
La jeunesse d'aujourd'hui qui comporte très peu de satanistes est pourtant largement avide d'imaginaire satanique. Ce Satan culturel est une béquille pour se construire, pour explorer les limites de l'existence. Satan est l'Adversaire qui construit une identité à cette jeunesse, le Diviseur qui la rassemble et l'Accusateur qui lui sert de porte-parole. Au-delà de ces fonctions en apparaît une autre qui les résume toutes: celle de Séducteur. Car celui par qui le scandale arrive est d'autant plus séduisant depuis l'apparition d'une société de masse homogénéisante. (p.176)
Pour le cas d'une musique, il est frappant que les acteurs parlent de leur découverte avant tout en terme physiologique alors que le simple plaisir musical semble secondaire.
Les concerts sont des moments de dépense somptuaire qui équilibrent et amenuisent la violence quotidienne, conséquence du stress ou des tensions interpersonnelles.
Le christianisme est vigoureux dans ce pays [la Pologne], l'attaquer, même symboliquement, provoque de vives réactions au contraire de la France qui ne semble pas choquée par la profanation de tombes chrétiennes. À l'inverse, la moindre inscription sur un édifice juif ou musulman soulève immédiatement un tollé dans les médias, les ministres s'empressent de faire des déclarations officielles... (p.185)