Petit oiseau écervelé
Petit oiseau écervelé
Au plumage blanc,
Pourquoi sans cesse t’agiter,
Pour qui te ronges-tu les sangs ?
Pourquoi si plaintivement
Pousses-tu ton chant ?
Pourquoi tu ne pleures pas
Pourquoi tu ne souris pas ?
Pour quelle raison souffres-tu,
Et dans quel but vis-tu ?
Voilà — tu ne sais pas —
Pas besoin de savoir.
De toute façon tu périras,
Et ce sera pareil pour moi.
/ Traduction Anne de Pouvourville
En 1952, Nikolaï Zabolotski écrivit ces vers, en hommage
à ses amis obérioutes disparus tragiquement :
Vous êtes dans un pays sans certitude formelle,
Où tout est écrasé, désagrégé, mêlé,
Où la voûte du caveau vous tient lieu de ciel
Où l’orbite de la lune est à jamais fi gée.
Là-bas, dans une langue que l’on ne comprend pas
Chante le délégué des insectes sans voix,
Là-bas à la lueur d’un petit lumignon
Le scarabée-homme salue ses compagnons.
Mes camarades, vous sentez-vous enfi n en paix ?
La vie est-elle facile ? Avez-vous oublié ?
Rhizomes et lombrics sont désormais vos frères,
Brins d’herbe, soupirs et colonnes de poussière…
[« Adieu les amis »]