AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Ma première machine transtemporelle était une Longines. Elle me fut offerte pour mon dix-huitième anniversaire par le frère de ma mère, Henry Pullinger. Je suppose que nous aurions dû l’appeler « oncle », mais nous l’avons jamais fait. Pour ma sœur Dora, c’est parce qu’elle estimait que les hiérarchies ou étiquettes de quelque sorte que ce soit relevaient d’une affectation bourgeoise. Pour moi, c’était simplement parce que nous ne l’avions jamais considéré comme tel. Le terme d’oncle évoquait toujours les images d’une bonhomie sinistre confinant à l’idiotie. Henry Pullinger était un homme aimable mais sérieux qui essayait constamment de s’attirer nos bonnes grâces en compensant l’absence de notre père. Il était au centre de notre vie à Dora et à moi, mais pas pour les raisons qu’il semblait croire moralement obligatoires. Ses timides tentatives pour nous imposer une discipline, ses petits discours sur l’école, la sexualité ou ce que nous devrions faire plus tard – tout cela nous faisait rire dans son dos quand nous étions enfants et nous mit mal à l’aise une fois adolescents. Ce que nous adorions chez Henry, c’était précisément ce qu’il essayait de nous cacher : sa timidité en compagnie de gens qu’il ne connaissait pas, son faible pour la cuisine exotique et les vêtements de prix, et par-dessus tout, son statut de hors-la-loi, son indifférence aux normes de la société. (« Le char ailé du Temps »)
Commenter  J’apprécie          00









{* *}