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3.18/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Pays-Bas
Né(e) à : Nimegue , 1987
Biographie :

Les Conséquences a reçu le prix Anton Wachter du premier romanen 2014, et le prix du public Gouden Uilen 2015.

Niña Weijers vit et trvaille à Amsterdam, elle écrit pour De Groene Amsterdammer et est rédacteur en chef du Guide.



Source : http://www.actes-sud.fr/contributeurs/weijers-nina
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Bibliographie de Niña Weijers   (2)Voir plus

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Les gens les plus malheureux qu’elle connaissait, et il y en avait un certain nombre, étaient, pour autant qu’elle pût s’en rendre compte, malheureux parce qu’ils étaient terrorisés par une idée assez superficielle de ce qu’était le bonheur, et surtout, de ce qu’était être heureux. Ils voulaient un amour, une carrière, une maison, un enfant, mais oubliaient que tout cela n’était que des abstractions ; de vagues idées de perfection qui ne correspondraient jamais aux caprices de la réalité.
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Le terme “artiste méphistophélique” n’avait pas déplu à Minnie ; rien de tel pour la réputation d’un artiste qu’un peu de mystification...... Banksy parvenait non seulement depuis plusieurs années à conserver une identité brumeuse, mais toute sa célébrité se fondait sur ce mystère soigneusement entretenu. Il existait des écrivains dont on ne connaissait pas une seule photo, mais qui n’en vendaient pas moins leurs livres à des millions d’exemplaires ; des dandys qui organisaient des soirées masquées dans des châteaux en France, avec des invitations notées en écriture spéculaire et des listes d’invités aussi haut de gamme que le sommet du mont Everest. Des génies qui planaient éternellement dans les limbes de ce qu’ils promettaient, parce qu’ils mouraient trop tôt, ou devenaient fous, ou religieux. Non, un peu de mystification ne pouvait pas faire de mal. Tant qu’elle ne commençait pas à croire elle-même à son rôle d’oracle, elle était en sécurité.
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À un salon, Minnie avait rencontré deux artistes, des sœurs jumelles, toutes deux d’une telle maigreur que leur peau avait pris une couleur grise. Les deux sœurs faisaient des installations vidéo sur le trouble alimentaire qu’elles entretenaient l’une chez l’autre. Elles étaient devenues riches et mondialement célèbres grâce à ces installations, qui montraient les dérives de l’idéal de beauté féminin, critiquaient la société de consommation, remettaient en question à la fois l’individualisme et la collectivité, etc. En réalité, pensa Minnie, il existait des folies pour lesquelles on ne pouvait pas trouver d’autre nom que celui d’art.
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A un salon, Minnie avait rencontré deux artistes, des sœurs jumelles, toutes deux d’une telle maigreur que leur peau avait pris une couleur grise. Les deux sœurs faisaient des installations vidéo sur le trouble alimentaire qu’elles entretenaient l’une chez l’autre. Elles étaient devenues riches et mondialement célèbres grâce à ces installations, qui montraient les dérives de l’idéal de beauté féminin, critiquaient la société de consommation, remettaient en question à la fois l’individualisme et la collectivité, ect. En réalité, pensa Minnie, il existait des folies pour lesquelles on ne pouvait pas trouver d’autre nom que celui de l’art.
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Minnie était assise en face de sa mère dans un grand café-restaurant au bord de l’eau. C’était un endroit bruyant, avec une carte prévisible et trop chère, une décoration sans style et un personnel de service qui enregistrait les commandes sur des appareils qui avaient fait du contact visuel une relique du passé. C’était leur lieu de rencontre habituel. Sa mère lui avait téléphoné très tôt ce matin-là. Événement rare, non seulement à cause du moment choisi, mais aussi parce que, pour l’essentiel, leurs contacts se déroulaient par e-mail et avaient pour but de fixer sans trop de détours le rendez-vous de leur déjeuner trimestriel, durant lequel, en quelques traits aussi sommaires que possible, elles se mettaient au courant de la situation présente. Sa mère ne comprenait pas grand-chose à la vie de Minnie et Minnie ne comprenait pas plus celle de sa mère.
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Les étudiants avaient très envie d’apprendre à écrire de façon critique, mais lire, c’était une autre paire de manches. Ce n’était pas une franche aversion qu’elle décelait chez la plupart d’entre eux, plutôt de la méfiance. La littérature n’était pas un invité de marque, c’était un intrus qu’on tolérait chez soi mais à petites doses et sous certaines conditions : si l’intrus avait un comportement déviant, il était réprimandé ou, du moins, condamné à voix basse pendant la vaisselle – une analogie qui s’était imposée à elle un jour, après avoir traité Cathedral avec ses étudiants, une nouvelle de Raymond Carver qui était beaucoup plus sentimentale que dans son souvenir, même si, autrefois, à la première lecture, elle avait pleuré à la fin, des larmes chaudes et sincères sur une plage de Croatie, avec le petit copain aux cheveux bouclés, aux épaules mollassonnes et aux ambitions mal définies, qui l’entourait de ses bras comme si elle avait besoin d’être consolée.
Bien sûr, c’était la peur qui provoquait leur mé­­fiance. Ils avaient peur du flou de ce qu’on leur donnait à lire, le terrain gris des nuances qui s’étalait sur les pages, la signification fragmentée. Ils pensaient que le rôle du critique, c’était d’infléchir les ambiguïtés vers un oui ou un non, un bon ou un mauvais. Les premières questions portaient toujours sur la moralité des personnages et, en conséquence, de l’auteur.
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Elle parlait d’échecs et d’humiliations, de désir et de rejet, et bien que son engagement fût total, qu’il s’apparentât souvent à une dissection de sa propre vie et à une exploration approfondie des vies et des réalités des autres, le plus époustouflant, c’était que ces choses, toutes ces choses qui, dans la vie comme dans la fiction, auraient fait basculer à peu près n’importe quelle femme dans l’abîme, avec la perte de soi comme unique perspective, trouvaient dans son œuvre des issues, se frayaient des passages qui ressortaient de l’autre côté du gouffre et – glorieusement ! – poursuivaient leur chemin, même si c’était vers le gouffre suivant. Patiemment, ses livres avaient attendu dans une semi-pénombre que l’air du temps leur soit favorable, que les rideaux s’ouvrent violemment pour laisser passer la lumière. La liberté que l’auteure avait cherchée et trouvée deux décennies auparavant, qui concernait la passion et le rejet des compromis ainsi que le refus d’avoir honte en cachette, ressemblait à une carte géographique qu’on aurait pu étendre telle quelle sur le territoire du XXI e  siècle. Ça lui donnait l’aura d’une visionnaire, d’un oracle, d’une Cassandre qui renaît de ses cendres et que l’on croit enfin.
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Toute sa vie, elle avait été l’élève la plus appliquée de la classe jusqu’à ce que brusquement, au grand étonnement de tous et d’elle-même, elle cessât de l’être. Du jour au lendemain peut-on dire, l’université avait cessé de l’intéresser. Elle se baladait comme une étrangère dans les bâtiments qui lui étaient pourtant devenus familiers au fil des ans, et son envie constante d’être appréciée des profs avait débouché sur un dégoût de leur appréciation, qui se traduisait pour elle par de très bonnes notes et le soulagement sans équivoque qu’on pouvait lire sur leurs visages dès qu’elle prenait la parole dans un groupe de travail. L’université lui était soudain apparue comme un système fermé qui n’avait rien à voir avec le monde. La vie qu’elle se préparait, avec ses bonnes notes et sa bonne conduite, se déroulerait dans un bureau avec son nom sur la porte, dans des locaux confinés ou alors extrêmement stériles, dans les couloirs sans fenêtres d’hôtels sans fenêtres avec des moquettes bordeaux et des salles de conférences miteuses.
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J’ai compris, après coup, qu’à une certaine époque de ma vie, j’étais bien près de l’atteindre, ce bonheur calme. J’étais jeune, plus jeune que vous, même, et pendant quelque temps, j’ai habité à Berlin-Ouest avec mon premier mari. C’était une sorte d’amour de jeunesse, un garçon sain qui rougissait facilement et qui prenait la vie et sa carrière universitaire très au sérieux. Il avait des mains magnifiques. Quand je suis tombée enceinte, je n’arrêtais pas de penser à la reproduction de ces mains, j’étais sûre que notre enfant aurait ces mains, et j’ai failli le garder, rien que pour voir ce miracle se reproduire sur une autre personne.
Le chauffeur d’Uber avait réussi à manœuvrer son véhicule au milieu du carrefour où nous étions maintenant coincés derrière un tram, lui-même coincé derrière une benne à ordures qui venait de pénétrer dans la rue en marche arrière.
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Ce fut donc un choc quand, il n’y a pas si longtemps en fait, j’ai eu la photo de mariage des parents de mon père sous les yeux. Non seulement ils paraissaient jeunes et amoureux, mais c’était mon corps, dans cette robe de mariée : mes seins, ma taille, mes bras et mes épaules, mon visage.
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