Rue Paul-Louis-Courier, au fond d'une petite cour, je logeais dans un trou baptisé garçonnière : l'huis vitré introduisait, de plain-pied, dans une pièce aux murs vaguement roux, et qui prenait jour, façon de parler, par une fenêtre flanquant l'entrée, elle-même garnie de rideaux un peu saignants. C'est par là que, les journées longues, cherchant des idées, il m'arrivait de guetter ce qui pouvait me venir de la rue et qui n'était guère fréquent.
Je m'asseyais sur la marche qui accédait au balcon suspendu dans la verdure, et lui, la lippe longue, me faisait face : entre le maître d'école et le secrétaire de mairie, ai-je dit, et c'était la première vue qu'on prenait de lui. Sa voix prudente entrait dans ces inflexions plaintives, chargées d'un rire caché, qui viennent du moujik et que l'on trouve si souvent aux Russes, quand ils adoptent une attitude qui rappelle celle de l'enfant pris en faute et qui s'attend à être puni, mais compte bien sur son charme pour être pardonné.