Être ? Une interrogation, que Jean Klein faisait naître et laissait se dissoudre en chacun de nous. Les questions alors en même temps s’éveillaient, quelquefois d’un long et profond sommeil. Ces interrogations, ces questions étaient les mêmes, qu’il s’agisse de l’art en soi ou de l’art de vivre, la quête était la même, le chemin serait le même : que faire avec le temps, comment composer une nature morte, que faire de ce corps, comment équilibrer la lumière et l’ombre sur la toile, que faire de vivre, comment regarder un arbre, ordonner les mots sur la page blanche, et la mort ; comment laisser l’autre ou le personnage de théâtre être par lui-même, libre de toute conception, comment élever son enfant, qu’est-ce que l’espace pour un danseur, qu’est-ce que l’action, comment l’espace va-t-il jouer avec la couleur, qu’est-ce que le mouvement de la vie, comment unir le mobile et l’immobile, qu’est-ce que la pensée ?
"— Mais où est-ce que je vais ?
-" Il n'y a nulle part où aller,
le but est atteint à chaque instant,
tu vas où tu es, sois libre.
Tu dois comprendre que ton point de départ
est ta présence au présent,
et celle-ci en est en même temps
le point d'arrivée."
Restez avec la question. Vous n’êtes rien d’autre que la question, vous n’étiez rien avant votre naissance, vous n’êtes rien actuellement, et ne serez rien après votre mort. Vivez sciemment, pleinement dans cette absence. C’est la présence, non votre présence, simplement la présence.
La réponse est en vous, elle surgira un jour du silence, non de ce que vous connaissez déjà. Bien sûr, la personne se sent en très grande insécurité pendant cette recherche, car dans : je ne sais pas ,ou dans une attente sans volition, elle trouve sa mort mais, en même temps, sa vraie naissance.
Tout ce qui apparaît se rapporte à ce silence et doit se déployer complètement sans mémoire psychologique.
L’action en découle directement, sans évaluation, comparaison, et chaque situation apporte elle même son mouvement.
Dans cette dimension, c’est notre centre qui commande ou plutôt ce qui n’a ni centre ni périphérie. La joie de vivre, la vie, toutes les apparitions, toutes les représentations en sont des expressions et font partie de notre vrai nous-même. Elles en proviennent pour s’y perdre à nouveau. Aucune attention ne se manifeste dans cette pause, c’est une suffisance absolue, totale en soi, tandis que si nous objectivons, si nous représentons, nous formons constamment des projets ; l’insécurité nous oppresse, nous nous sentons isolés, inquiets.
Sachez vivre avec vos questions.
Vivez sciemment, pleinement dans cette absence. C’est la présence, non votre présence, simplement la présence