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Citations de Nizar Kabbani (23)


-Il y a longtemps que j'ai besoin
-D'une femme dans les bras de la quelle je puisse pleurer
-D'une femme qui rassemble mes parties comme des pièces d'un cristal brisé
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L'ECOLE DE L'AMOUR

Votre amour, madame, m'a fait entrer dans les cités de la tristesse
Et moi avant votre amour je ne savais ce qu'est les cites la tristesse
Je n'ai jamais su que les larmes sont de l'humain
Que l'humain sans tristesse n'était que l'ombre [souvenir] d'un humain

Votre amour m'a appris a être triste
Et depuis des siècles j'avais besoin d'une femme qui me rendrai triste
D'une femme ,dans ses bras que je pleurerai comme un oiseau
D'une femme , qui rassemblerai mes morceaux tel les pieces d'un vase [bocal] cassé
Votre amour madame, m'a enseigné les pires manières
Il m'a appris a regarder dans ma tasse(1) plusieurs fois durant la nuit
A essayer les remèdes des guérisseurs et à frapper les portes des voyantes
Il m'a appris à sortir de chez moi pour errer dans les rues
Et à rechercher votre visage sous la pluie et dans la lumière des feux
A rassembler a partir de vos yeux des millions d'étoiles
O femme qui a pertubé le monde , O ma douleur, O douleur des Nays (2)

Votre amour, madame, m'a fait entrer dans les cités de la tristesse
Et moi avant votre amour je ne savais ce qu'est les cités de la tristesse
Je n'ai jamais su que les larmes sont de l'humain
que l' humain sans tristesse n'était que l'ombre [souvenir] d'un humain

Votre amour m'a appris a me comporter comme les petits enfants
A dessiner votre visage avec de la craie sur les murs
O Femme qui a boulversé mon histoire
De par vous ,je suis écorché d'un artère à un autre
Votre amour m'a ensiegné comment l'Amour change_t_il le cours du temps
Il m'a enseigné que lorsque j'aime, la terre cesse de tourner
Votre amour m'a enseigné des choses qui ne sont jamais venu a l'ésprit

Alors j'ai lu les contes d'enfants
Je suis entrer dans les palais des rois génies
Et j'ai revé que la fille du sultan m'épousait
Celle aux yeux plus claire qu'une eau limpide
Celle aux lèvres appetissantes plus que les fleurs des grenades
Et J'ai rêvé que je l'enlevais telque font les chevaliers
Et de lui offrir des quantités de perles et corails
votre amour,madame, m'a enseigné ce qu'est le délire
Il m'a enseigné comment le temps passe
sans que vienne la fille du sultan ......
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Chaque fois que je t'embrasse

Chaque fois que je t'embrasse
Après une longue séparation,
j'ai l'impression de
mettre une lettre d'amour précipitée
Dans une boîte aux lettres rouge.
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Je lis ton corps et ...me cultive

O toi être étonnant
Comme un jouet d'enfant
Je me considère comme homme civilisé
Parce que je suis ton Amant,
Et je considère mes vers comme historiques
Parce qu'ils sont tes contemporains.
Toute époque avant tes yeux
Ne peut être qu'hypothétique,
Toute époque après tes yeux
N'est que déchirement ;
Ne demande donc pas pourquoi
Je suis avec toi :
Je veux sortir de mon sous-développement
Pour vivre l'ère de l'Eau,
Je veux fuir la République de la Soif
Pour pénétrer dans celle du Magnolia,
Je veux quitter mon état de Bédouin
Pour m'asseoir à l'ombre des arbres,
Je veux me laver dans l'eau des Sources
Et apprendre les noms des Fleurs.
Je veux que tu m'enseignes
La lecture et l'écriture
Car l'écriture sur ton corps
Est le début de la connaissance :
S'y engager de la connaissance :
S'y engager est s'engager
Sur la voie de la civilisation.
Ton corps n'est pas ennemi de la Culture,
Mais la culture même.
Celui qui ne sait pas faire la lecture
De l'Alphabet de ton corps
Restera analphabète sa vie durant
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أتحبني بعد الذي كانا
كانا إني أحبكِ رغم ما
إثارتَهُ ماضيكِ لاأنوي
الآنا حسبي بأنكِ هاهنا
تَتَبَسَّمينَ وتُمْسِكينَ يدي
فيعود شكِّي فيكِ إيمانا
عن أمس لا تتكلمي أبدا
وتألَّقي شَعْراً وأجفانا
أخطاؤكِ الصغرى أمرُّ بها
وأُحوِّل الأشواك ريحانا
لولا المحبة في جوانحه
ما أصبح الإنسان إنسانا

Est-ce que tu m'aimes après tout
Car, moi, j'ai tout oublié.
Ton passé, je ne compte pas le réveiller
Il me suffit que tu sois là maintenant.
Tu souris et tu tiens ma main
Et mon doute en toi devient croyance,
D'hier, ne parle jamais
Et laisse faire les yeux et les cheveux.
Tes petits péchés, j'en passe
Et je transforme les épines en encens.
Sans l'amour dans ses ailes
L'homme ne serait pas l'homme de maintenant.
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Nizar Kabbani
J’abandonne mon dictionnaire aux flammes
Et je te décrète ma langue.
Je jette mon passeport sous les vagues
Et je te déclare mon pays.
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Quand annoncera-t-on la mort des Arabes ?

J'essaie, depuis l'enfance, de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement-les pays des Arabes
Pays qui me pardonneraient si je brisais le verre de la lune...
Qui me remercieraient si j'écrivais un poème d'amour
Et qui me permettraient d'exercer l'amour
Aussi librement que les moineaux sur les arbres...
J'essaie de dessiner des pays...
Qui m'apprendraient à toujours vivre au diapason de l'amour
Ainsi, j'étendrai pour toi, l'été, la cape de mon amour
Et je presserai ta robe, l'hiver, quand il se mettra à pleuvoir...

J'essaie de dessiner des pays...
Avec un Parlement de jasmin...
Avec un peuple aussi délicat que le jasmin...
Où les colombes sommeillent au dessus de ma tête
Et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes
J'essaie de dessiner des pays intimes avec ma poésie
Et qui ne se placent pas entre moi et mes rêveries
Et où les soldats ne se pavanent pas sur mon front
J'essaie de dessiner des pays...
Qui me récompensent quand j'écris une poésie
Et qui me pardonnent quand déborde le fleuve de ma folie...

J'essaie de dessiner une cité d'amour
Libérée de toutes inhibitions...
Et où la féminité n'est pas égorgée... ni nul corps opprimé

J'ai parcouru le Sud... J'ai parcouru le Nord...
Mais en vain...
Car le café de tous les cafés a le même arôme...
Et toutes les femmes une fois dénudées
Sentent le même parfum...
Et tous les hommes de la tribu ne mastiquent point ce qu'ils mangent
Et dévorent les femmes une à la seconde

J'essaie depuis le commencement...
De ne ressembler à personne...
Disant non pour toujours à tout discours en boîte de conserve
Et rejetant l'adoration de toute idole...

J'essaie de brûler tous les textes qui m'habillent
Certains poèmes sont pour moi une tombe
Et certaines langues linceul.
Je pris rendez-vous avec la dernière femme
Mais j'arrivai bien après l'heure

J'essaie de renier mon vocabulaire
De renier la malédiction du "Mubtada" et du "Khabar"
De me débarrasser de ma poussière et me laver le visage à l'eau de pluie...
J'essaie de démissionner de l'autorité du sable...
Adieu Koraich...
Adieu Kouleib...
Adieu Mudar...

J'essaie de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
Où mon lit est solidement attaché,
Et où ma tête est bien ancrée,
Pour que je puisse différencier entre les pays et les vaisseaux...
Mais... ils m'ont pris ma boîte de dessin,
M'interdisent de peindre le visage de mon pays... ;

J'essaie depuis l'enfance
D'ouvrir un espace en jasmin.
J'ai ouvert la première auberge d'amour... dans l'histoire des Arabes...
Pour accueillir les amoureux...
Et j'ai mis fin à toutes les guerres d'antan entre les hommes et les femmes,
Entre les colombes... et ceux qui égorgent les colombes...
Entre le marbre... et ceux qui écorchent la blancheur du marbre...
Mais... ils ont fermé mon auberge...
Disant que l'amour est indigne de l'Histoire des Arabes
De la pureté des Arabes...
De l'héritage des Arabes...
Quelle aberration !!

J'essaie de concevoir la configuration de la patrie ?
De reprendre ma place dans le ventre de ma mère,
Et de nager à contre courant du temps,
Et de voler figues, amandes, et pêches,
Et de courir après les bateaux comme les oiseaux
J'essaie d'imaginer le jardin de l'Eden?
Et les potentialités de séjour entre les rivières d'onyx?
Et les rivières de lait...
Quand me réveillant... je découvris la futilité de mes rêves.
Il n'y avait pas de lune dans le ciel de Jéricho...
Ni de poisson dans les eaux de l'Euphrate...
Ni de café à Aden...

J'essaie par la poésie... de saisir l'impossible...
Et de planter des palmiers...
Mais dans mon pays, ils rasent les cheveux des palmiers...
J'essaie de faire entendre plus haut le hennissement des chevaux ;
Mais les gens de la cité méprisent le hennissement !!

J'essaie, Madame, de vous aimer...
En dehors de tous les rituels...
En dehors de tous textes.
En dehors de tous lois et de tous systèmes.
J'essaie, Madame, de vous aimer...
Dans n'importe quel exil où je vais...
Afin de sentir, quand je vous étreins, que je serre entre mes bras le terreau de mon
pays.

J'essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,
Des sages des Arabes... des poètes des Arabes...
Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife
pour une poignée de riz... et cinquante dirhams...
Quelle horreur !!
Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes...
Et les dates mûres...
Quelle horreur !!
Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes...
Devant tout président venant de l'inconnu..
Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple...
Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d'or...
Quelle horreur !!

Moi, depuis cinquante ans
J'observe la situation des Arabes.
Ils tonnent sans faire pleuvoir...
Ils entrent dans les guerres sans s'en sortir...
Ils mâchent et rabâchent la peau de l'éloquence
Sans en rien digérer.

Moi, depuis cinquante ans
J'essaie de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
Tantôt couleur de sang,
Tantôt couleur de colère.
Mon dessin achevé, je me demandai :
Et si un jour on annonce la mort des Arabes...
Dans quel cimetière seront-ils enterrés ?
Et qui les pleurera ?
Eux qui n'ont pas de filles...
Eux qui n'ont pas de garçons...
Et il n'y a pas là de chagrin
Et il n'y a là personne pour porter le deuil !!

J'essaie depuis que j'ai commencé à écrire ma poésie
De mesurer la distance entre mes ancêtres les Arabes et moi-même.
J'ai vu des armées... et point d'armées...
J'ai vu des conquêtes et point de conquêtes...
J'ai suivi toutes les guerres sur la télé...
Avec des morts sur la télé...
Avec des blessés sur la télé...
Et avec des victoires émanant de Dieu... sur la télé...

Oh mon pays, ils ont fait de toi un feuilleton d'horreur
Dont nous suivons les épisodes chaque soir
Comment te verrions-nous s'ils nous coupent le courant ??

Moi, après cinquante ans,
J'essaie d'enregistrer ce que j'ai vu...
J'ai vue des peuples croyant que les agents de renseignements
Sont ordonnés par Dieu... comme la migraine... comme le rhume...
Comme la lèpre... comme la gale...
J'ai vue l'arabisme mis à l'encan des antiquités,
Mais je n'ai point vu d'Arabes !!

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Merci à vous,
Merci à vous,
Assassinée, ma bien aimée !
Vous pourrez dès lors
Sur la tombe de la martyre
Porter votre funèbre toast.
Assassinée ma poésie !
Est-il un peuple au monde,
-Excepté nous-
Qui assassine le poème ?

O ma verdoyante Ninive !
O ma blonde bohémienne !
O vagues du Tigre printanier !
O toi qui portes aux chevilles
Les plus beaux des anneaux !



Ils t'ont tuée, Balkis !
Quel peuple arabe
Celui-là qui assassine
Le chant des rossignols !

Balkis, la plus belle des reines
Dans l'histoire de Babel !
Balkis, le plus haut des palmiers
Sur le sol d'Irak !

Quand elle marchait
Elle était entourée de paons,
Suivie de faons.

Balkis, ô ma douleur !
O douleur du poème à peine frôlé du doigt !
Est-il possible qu'après ta chevelure
Les épis s'élèveront encore vers le ciel ?
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Nizar Kabbani
«Ô femme, j'ignore comment les vagues m'ont jeté à tes pieds / comment tu as marché vers moi /»
Ô femme au nez grec

A la chevelure espagnole

Les millénaires ne verront rien de semblable

Toi qui danses les pieds nus à l'orée de mes artères

D'où viens-tu ? Comment es-tu venue ?

Comment as-tu soufflé comme une tempête sur mes sens ?»
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Nizar Kabbani
J'essaie de dessiner des pays qui m'apprendraient toujours à vivre au diapason de l'amour.Ainsi, j'étendrai pour toi, l'été, la cape de mon amour et je presserai ta robe, l'hiver, quand il se mettra à pleuvoir...
J'essaie de dessiner des pays ... avec un parlement de jasmin... avec un peuple aussi délicat que le jasmin... où les colombes sommeillent au-dessus de ma tête et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes...
J'essaie de dessiner une cité d'amour libérée de toutes inhibitions.
(cité par Fabien Toulmé, dans "L'Odyssée d'Hakim", tome 2)
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Quand j'aime

Quand j'aime,
je sens que je suis le roi du temps,
je possède la terre et tout ce qui s'y trouve
et je monte au soleil sur mon cheval.

Quand j'aime,
je deviens une lumière liquide
invisible à l'œil
et les poèmes de mes cahiers
deviennent des champs de mimosa et de coquelicot.

Quand j'aime
l'eau jaillit de mes doigts l'
herbe pousse sur ma langue
quand j'aime
je deviens le temps en dehors de tous les temps.

Quand j'aime une femme,
tous les arbres
courent pieds nus vers moi...
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Nizar Kabbani
عشرون عاما فوق درب الهوى
ولا يزال الدرب مجهولا

فترة كنت أنا قاتلا
وأكثرالمرات مقتولا

عشرون عاما .. يا كتاب الهوى
ولم أزل في الصفحة الأولى
Vingt ans sur le sentier de la fantaisie
Le chemin est encore inconnue

Période j'étais meurtrier
Mais la plupart des temps victime

Vingt ans .. oh livre de fantaisie
pas encore tourner la première page .
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LE MONSTRE

Ton amour demeure cette tragique embarcation
qui a jeté l'ancre sur ma poitrine.
Il ne cesse de m'agresser et de me larguer sur les rochers,
comment pourrais-je le contrer ?
Comme un monstre il continue à me mâcher
et moi je continue à le supporter.
J'ai essayé un jour de le combattre,
Je me suis détaché de lui et pourtant
je reste son prisonnier.
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Nizar Kabbani
«Seul l'amour est vainqueur
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Des mots

Il me fait écouter ..... lorsqu'il m'invite à danser
Des mots, des mots qui ne sont pas de simples mots
Il me soulève dans ses bras
Me fait caresser les nuages
Et la pluie ruisselle de mes yeux
Il m'entraîne avec Lui... il m'emporte
Dans le tourbillon de ce bal merveilleux
Je suis telle une petite fille entre ses mains
Une plume envolée à l'éther
Il m'offre sept lunes
Et un bouquet de chansons
Me donne le soleil... le soleil
L'été en saison.... le vol des hirondelles
Me dit que je suis un chef d'œuvre
Valant milliers d'étoiles
Un beau trésor.... Et je suis pour Lui
Le plus fantastique tableau qu'il ait jamais observé
Il me raconte des choses éblouissantes
Qui me font tout oublier, oublier tout aux alentours
Des mots magnifiques bouleversant mon histoire
Me rendant si Femme au plus profond de Moi
Il m'érige un palais tout de mirage
Où je demeure pour quelques instants
Et je reviens..... je reviens m'asseoir à la table
Rien avec moi ... Sauf des mots.
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Nizar Kabbani
Balkis, tu nous manques… tu nous manques…
Tu nous manques…
La maisonnée recherche sa princesse
Au doux parfum qu’elle traîne derrière elle.
Nous écoutons les nouvelles,
Vagues nouvelles sans commentaires.
Balkis, nous sommes écorchés jusqu’à l’os.
Les enfants ne savent pas ce qui se passe,
Et moi je ne sais pas quoi dire…
Frapperas-tu à la porte dans un instant ?
Te libéreras-tu de ton manteau d’hiver ?
Viendras-tu si souriante et si fraîche
Et aussi étincelante
Que les fleurs des champs ?

[…]

Balkis ! les détails de nos liens m’écorchent vif,
Les minutes et les secondes me flagellent de leurs coups,
Chaque petite épingle a son histoire,
Chacun de tes colliers en a plus d’une,
Même tes accroche-coeur d’or
Comme à l’accoutumée, m’envahissent de tendresse.
La belle voix irakienne s’installe sur les tentures,
Sur les fauteuils et les riches vaisselles.
Tu jaillis des miroirs
Tu jaillis de tes bagues,
Tu jaillis du poème,
Des cierges, des tasses
Et du vin de rubis.
Balkis, si tu pouvais seulement
Imaginer la douleur de nos lieux !
A chaque coin, tu volettes comme un oiseau,
Et parfumes le lieu comme une forêt de sureaux.
Là, tu fumais ta cigarette,
Ici, tu lisais,
Là-bas tu te peignais telle un palmier,
Et, comme une épée yéménite effilée,
A tes hôtes tu apparaissais.
Balkis, où est donc le flacon de Guerlain ?
Où est le briquet bleu ?
Où est la cigarette Kent
Qui ne quittait pas tes lèvres ?
Où est le hachémite chantant
Son chant nostalgique ?

[…]

Balkis, ô ma bien-aimée bue jusqu’à la lie !
Les faux prophètes sautillent
Et montent sur le dos des peuples,
Mais n’ont aucun message !
Si au moins ils avaient apporté
De cette triste Palestine
Une étoile
Ou seulement une orange,
S’ils nous avaient apporté des rivages de Ghaza
Un petit caillou,
Ou un coquillage,
Si depuis ce quart de siècle
Ils avaient libéré une olive
Ou restitué une orange,
Et effacé de l’Histoire la honte,
J’aurais rendu grâce à ceux qui t’on tuée
O mon adorée !
Mais ils ont laissé la Palestine à son sort
Pour tuer une biche !

(Extraits du poème à Balkis de Nizar Qabbani)
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Patauge donc
Prince de Bitume
Tel une éponge
Dans la fange de tes plaisirs
Et dans tes errements,
Ton pétrole ?
Tu peux le déverser
Aux pieds de tes maîtresses !
Les boîtes de nuit de Paris
Ont tué en toi toute fierté,
Là-bas, aux pieds d'une prostituée
Tu as enterré ton amour propre,
Alors, tu as bradé al Qods,
Tu as bradé Dieu,
Tu as bradé de tes morts les cendres,
Comme si les lances d'Israël
N'ont jamais tué tes sœurs,
N'ont jamais détruit nos demeures,
Et n'ont jamais brûlé,
Nos Saintes Ecritures,
Comme si les bannières d'Israël
Ne se sont jamais plantées
Sur les lambeaux
De tes drapeaux,
Comme si tous ceux
Qui furent crucifiés
Aux arbres de Jaffa
Aux arbres de Jéricho
Et de Bir Sbaa
N'étaient pas de ta race.
Al Qods baigne dans son sang
Pendant que te dévorent
Tes propres passions
Comme si le drame
Ne te concernait point !
Quand donc l'Etre Humain
Se réveillera-t-il dans ta carcasse ?


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Nizar Kabbani
« Ô Quds, ô ma cité,
Ô Quds, ô ma bien-aimée,
Demain, les citronniers fleuriront,
Et les oliviers se réjouiront.
Et tes yeux riront,
Et les oiseaux migrateurs reviendront
Sur tes toits immaculés ;
Et tes enfants, à nouveau, joueront,
Et les pères et les fils se retrouveront,
Sur tes collines exaltées.
Ô mon pays,
Le pays de la paix et des oliviers. »

Nizâr Qabânî, ‘Al-Quds’
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Nizar Kabbani
Balqis

Merci à vous
Merci à vous
d'avoir tué ma bien-aimée.
Sur la tombe de la martyre
et de mon poème trépassé,
vous pouvez trinquer.
Est-il un autre peuple que le nôtre
qui assassine le poème?

Balqis
était la plus belle reine de Babel
Balqis
était le plus grand palmier d'Irak
elle marchait sous escorte
de paons et d'antilopes
Balqis, ma douleur
la douleur du poème à peine effleuré
Les épis pousseront-ils
encore sur la poussière de tes cheveux ?

ô verdoyante Ninive
ô blonde bohémienne
ô vagues du Tigre printanier
portant aux chevilles
les plus beaux anneaux
ils t'ont tuée Balqis.
Quelle est cette nation arabe
qui assassine le chant du rossignol?
Où est passé Samuel
où est parti Al Muhalhil (1)
Où sont allés nos valeureux guerriers ?
Les tribus ont dévoré les tribus.
Les renards ont tué les renards.
Les araignées ont tué les araignées
Je le jure par tes yeux
abritant un million de constellations.
Je te raconterai, ô ma lune,
d'étranges choses sur les Arabes
L'héroïsme est-il un leurre arabe?
Ou est-ce l'Histoire qui est, comme nous, mensongère?

Balqis
ne disparais pas de mes yeux
car sans toi le soleil n'éclairera plus le rivage.
Lors de l'instruction, je dirai :
le brigand a pris l'habit du combattant
Lors de l'instruction, je dirai:
le brave commandant est devenu sous-traitant
je dirai:
cette histoire de rayonnement
est la plus mauvaise blague qui soit
Nous sommes une tribu parmi d'autres
Voilà toute l'histoire ô Balqis
Voilà comment l'homme distingue
un jardin d'un dépotoir...

Balqis
Toi la martyre toi le poème
Toi la pureté et le cristal
Le royaume de Saba réclame sa reine
Rends donc au peuple son salut
Toi la plus grande des reines
Toi la femme incarnant la gloire
de l'époque sumérienne

Balqis,
Tu es le plus exquis des oiseaux
le plus précieux des tableaux
plus sacré que les larmes mouillant
les joues de la Madeleine.
Ai-je été injuste à ton égard
le jour où je t'ai tirée des rives d'Adhamiyah? (2)
Chaque jour Beyrouth tue
et chaque jour une victime
naît dans sa ligne de mire.
La mort rôde
dans notre tasse de café
la clef de notre maison
sur les fleurs de notre balcon
dans les journaux
et les lettres de l'alphabet
Nous en sommes là, Balqis,
de retour à l'âge des païens
de retour à la sauvagerie
l'arriération, la laideur, la mesquinerie
de retour encore à la barbarie
Où écrire est un voyage
entre deux éclats d'obus.
Où tuer un papillon dans son champ
devient une affaire d'Etat.

Connaissez-vous ma bien-aimée Balqis?
Elle est le point d'orgue du livre de la passion
Un amalgame merveilleux de marbre et de velours
Ses yeux telles des violettes
dorment mais ne dorment pas
Balqis
Tu es le parfum de mon souvenir
Un cercueil flottant sur un nuage
Ils t'ont tuée à Beyrouth
comme ils tuent les gazelles
après avoir étouffé les mots.
Balqis
Ceci n'est pas un chant funèbre
mais un adieu aux Arabes

Balqis
Nous avons le mal de toi
Nous sommes en manque de toi.
La petite maison se demande
où est passée sa princesse parfumée.
Nous nous noyons d'informations
obscures et n'y voyons rien de bon
Balqis
Nous souffrons jusqu'à la moelle
les enfants ne savent pas
je ne sais pas quoi leur dire
Frapperas-tu bientôt à notre porte?
Laisseras-tu dans l'entrée ton manteau?
Seras-tu souriante et resplendissante
comme un champ de fleurs?
Balquis
tes plantes vertes poussent toujours
comme des pleureuses sur le mur
ton visage bouge encore
entre les rideaux et le miroir
même ton mégot a gardé
sa lueur et sa fumée en suspens
refuse de s'en aller
Balqis
Nous sommes frappés au coeur
assourdis de silence, sous le choc
Balqis
Pourquoi as-tu emporté mes jours et mes rêves
et rayé d'un trait les jardins et les saisons?
O ma femme
Mon amour, mon poème
Toi la lumière de mes yeux
Toi mon oiseau prodigieux
Comment as-tu pu t'envoler
sans un mot d'adieu?
Balqis
C'est l'heure du thé parfumé d'Irak
mûri telle la meilleure eau-de-vie
Mais qui étanchera ma soif ?
Qui a transporté l'Euphrate
et les roses du Tigre
dans notre maison ?
Balqis
La douleur me pénètre
Beyrouth t'a tuée
sans connaître son crime
Beyrouth t'adorait pourtant
ignorant t'avoir tuée
et enterré la lune
Balqis,
ô Balqis
ô Balqis
Tous les nuages pleurent sur toi
Il n'en reste plus aucun pour moi
Balqis comment as-tu pu partir sans un mot
sans mettre une dernière fois ta main
dans la mienne?
Balqis
Comment as-tu pu nous laisser
frissonner dans le vent
tous les trois perdus
comme une plume sous la pluie?
N'as-tu pas pensé à moi
qui réclame ton amour
autant que Zeinab et Omar. (3)

Tu es le trésor surréel
la lance irakienne
la forêt de bambou
Tu défies les astres dans leur noblesse
D'où tiens-tu cette force?
Balqis
Mon amie, ma compagne
Fragile comme un chrysanthème
Beyrouth et la mer nous sont étroits
Il n'y a plus pour nous d'endroits
Balqis
Toi l'incomparable
L'oeuvre sans rivale
Balqis
les détails de notre histoire me taraudent
et les minutes et les secondes me tenaillent
chaque épingle à cheveux raconte une histoire
chacun de tes colliers conserve ta mémoire
jusqu'aux pinces de tes cheveux dorés
qui rappellent à quel point tu étais adorée
Ta voix irakienne hante
les rideaux
les chaises
les couverts
Tu reposes mais surgis
des miroirs
des anneaux
du poème
des chandelles
des tasses
et du vin rouge

Balqis ô Balqis
Si seulement tu savais
la douleur qui traîne dans tes lieux communs
Partout ton esprit flotte comme un oiseau
dans un parfum de bois de Baume
Là tu fumais
Là tu lisais
Là, avec la grâce d'un palmier,
tu coiffais tes cheveux
pour accueillir nos invités
plus vive qu'un glaive du Yémen
Balqis,
Où est ton flacon de Guerlain?
Et la lumière bleue?
Et la cigarette Kent
qui ne quittait jamais tes lèvres?
Où est le chant d'Al Hashimi
pour ma belle?
Ton peigne se souvient en pleurs de son passé
Peut-il souffrir aussi du manque d'amour?
Balqis, j'ai du mal à garder mon sang-froid
au milieu de ces langues de feu et de cette fumée
Balqis
Ma princesse tu as brûlé
dans une guerre de tribus
Que puis-je écrire sur l'absence de ma reine?
Ma parole est un cri.
Nous cherchons une étoile déchue
et un corps ayant volé en éclats
comme un miroir
parmi un amas de victimes
Nous nous demandons, mon amour,
ci-gît ta tombe ou celle du peuple arabe ?
O Balqis plus gracieuse qu'un saule
quand tes mèches reposent sur mon épaule
Tu es ô ma reine une fontaine de noblesse
Balqis
est-ce le destin des Arabes
d'être assassinés par des Arabes
engloutis par des Arabes
éventrés par des Arabes
enterrés par des Arabes
Comment fuir un tel destin?
Le couteau arabe ne sait-il pas la différence
entre le cou d'un homme et celui d'une femme?
Balqis
s'ils t'ont fait exploser
ils doivent savoir comme à Kerbala
que toutes les funérailles conduisent à des funérailles.
L'Histoire je ne la lis plus
Mes doigts sont en feu
et mes vêtements souillés de sang.
Nous voici revenus à l'Age de Pierre.
Chaque jour nous ramène mille ans en arrière.
A Beyrouth la mer n'est plus
depuis que tes yeux ont disparu.
La poésie réclame son poème
aux mots inachevés
mais personne ne répond.
La tristesse, Balqis, saigne mon coeur
comme une orange qu'on presse.
Maintenant je connais la détresse des mots
le fardeau du langage.
Moi le forgeur de lettres
je ne sais plus écrire.
L'épée s'immisce dans ma poitrine
et dans mes phrases.
Balqis, tu es comme toutes les femmes
la culture incarnée.
Qui a volé Balqis,
le plus heureux des présages
la source de toute écriture?
Tu es l'île et le phare
Balqis...
ma lune, ils t'ont ensevelie sous les pierres
mais le temps est venu de lever le rideau
lever le rideau
Lors de l'instruction je dirai :
je connais les noms, les choses
les prisonniers, les martyrs
les pauvres et les déshérités
et je dirai: je connais le tueur
qui a passé ma femme par les armes
et les visages de tous les délateurs
je dirai: notre chasteté est débauche
et notre foi immorale.
je dirai: notre combat est mensonge
et rien ne distingue
la politique de la prostitution !!
Lors de l'instruction, je dirai:
j'ai reconnu les assassins.
Et je dirai:
Notre monde arabe se spécialise
dans le meurtre du jasmin
et l'assassinat des prophètes
et des messagers.
Même les yeux verts
sont dévorés par les Arabes.
Même les cheveux, les anneaux,
les bracelets, les miroirs et les poupées.
Même les étoiles craignent ma patrie
et je n'en sais pas la raison.
Même les oiseaux fuient ma patrie
et je n'en sais pas la raison.
Même les astres, les navires, les nuages,
les cahiers et les livres
et la source de toute beauté
s'oppose aux Arabes
le jour où ton corps de lumière
a volé en éclats
ô Balqis,
ma perle précieuse
je me suis demandé: tuer une femme est-il
un passe-temps arabe
ou sommes-nous à l'origine
des professionnels du crime?
Balqis,
mon foudroyant pur-sang
j'ai honte de mon Histoire
de ces nations qui achèvent les chevaux.
Depuis le jour où ils t'ont tuée
ô Balqis
toi la plus belle des patries
l'homme ne sait plus
comment vivre dans sa patrie
comment mourir dans sa patrie.
Je paye de mon sang le plus terrible
des châtiments pour plaire aux gens
Les cieux m'ont rendu à la solitude
comme les feuilles hivernales.
Les poètes naissent-ils de la douleur?
Le poème est-il un coup de poignard?
Ou suis-je le seul à narrer
l'histoire des larmes avec mes yeux?
Lors de l'instruction, je dirai:
ma gazelle a été abattue par Abou Lahab (4)
Tous les voleurs – du Golfe jusqu'à l'océan -
détruisent et brûlent
entravent et soudoient
agressent les femmes comme
le voudrait Abou Lahab.
Tous les chiens vaquent à leurs occupations
mangeant et buvant sur le compte d'Abou Lahab.
Pas de blé dans les champs si Abou Lahab dit non
Pas d'enfant qui naisse avant que sa mère
ne soi
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Lorsqu'en Orient, naît la lune
Les blanches terrasses s'assoupissent
Dans des amas de fleurs,
Les gens abandonnent leurs échoppes
Et vont ensemble
A la rencontre de la lune.
Ils portent leur pain, leur phonographe
Et les accessoires de leur drogue
Jusqu'au sommet des montagnes.
Ils vendent et achètent
Rêves et rêveries
Et se meurent
Quand la lune est en vie.
Que fait de mon pays
Un filet de lumière?
Que fait-il du pays des prophètes
Et des âmes naïves
Celles qui mastiquent leur tabac
Et qui font le commerce
De la drogue?
Pendant les nuits d'Orient
Où pleine lune devient le croissant
L'Orient lui se dévêt
De toute dignité,
Démissionne de tout combat.
Les millions qui courent sans sandales
Qui croient en la quadrigamie
Et en la fin du monde,
Les millions qui ne rencontrent le pain
Que dans le rêve
Qui, la nuit, habitent les masures de la toux,
Qui jamais n'ont connu la forme des médicaments,
Meurent, cadavres, sous la lune,
Dans mon pays
Où les âmes naïves pleurent
Et meurent dans leurs larmes
Chaque fois que leur apparaît le croissant,
Et pleurent davantage
Chaque fois qu'un luth plaintif les émeut,
Chaque fois que les émeut
L'hymne à la nuit du “Ya Lili”
Mort qu'en Orient
Nous appelons “Tawashih” et “Ya Lili”.
Dans mon pays
Celui des âmes naïves
Où nous ruminons les longs vers des tawashih
Cette tuberculose qui détruit l'Orient,
Ces longues rangaines chantées,
Ce notre Orient qui rumine
Histoire, rêves langoureux et légendes surannées,
Cet Orient recherchant tout héroïsme
Dans la Geste
De Abu Zaïd al Hilali.
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