Noëlie Bourgeois

Ma mère est venue avant-hier. elle avait emmené un cadeau pour moi, une boite en carton où l'on peut piocher des mots encourageants, pleins de positivité et de sérénité, avec des citations et des illustrations. Je peux piocher à tout moment, et remettre le papier dans le carton ou le garder.

Cette équipe en souffrance, en sous-effectif, fait écho à mon équipe et mon service. Alors je transpose et me projette.
Et ce soir-là, quand la relève de la nuit de l'aide-soignante du soir ne se présentait pas au bout de deux heures supplémentaires déjà effectuées pour attendre l'intérimaire, j'ai pleuré. Quand le cadre de garde a fini par envoyer un brancardier de l'hôpital pour remplacer l'aide-soignante d'après-midi au pied levé, j'ai pleuré. J'ai pleuré de voir cette équipe en souffrance, à bout. J'ai pleuré de penser à l'hôpital qui ne recrute pas, faute de moyens, j'ai pleuré en me disant qu'on n'était que des pions.

On a pas mal parlé, de tout, de la vie, du service, des tensions récentes... Et quand j'ai dit : "Je n'arrive pas à trouver la vie jolie..." le poète a répondu : "Eh bien, regarde-toi dans une glace..." en toute simplicité.
Et, au-delà de son compliment sur le fait que je sois belle, sa phrase m'a fait réfléchir. Il n'y a que moi qui peux changer les choses pour moi, ma beauté, intérieure, extérieure ou les deux, qu'importe, doit me servir à trouver la vie belle. Je dois trouver la vie belle. Je dois le faire seule, avec moi-même, et je suis la seule à pouvoir le faire pour moi.

Les visites font un bien fou, même si elles fatiguent car elles sont pleines de sentiments, chargées d'émotions, elles fatiguent tout en revigorant en même temps. Elles sont un lien avec l'extérieur qu'il est important de maintenir pour la guérison.
Je ne pourrais jamais assez remercier tous ceux qui sont passés me voir dans une situation si délicate et pas facile.

Elle me dit qu'il ne faut pas lâcher, que oui, la vie est dure, mais qu'il faut se battre, pour les belles choses qui arrivent, qu'il y aura des combats, plein de combats, que ce n'est pas grave de tomber, ce n'est pas une faiblesse, que l'important c'est de se relever, et que si on ne se relève pas seul, il ne faut pas hésiter à accepter les bras tendus.

Elle me dit qu'il ne faut pas lâcher, que oui, la vie est dure, mais qu'il faut se battre, pour les belles choses qui arrivent, qu'il y aura des combats, plein de combats, que ce n'est pas grave de tomber, ce n'est pas une faiblesse, que l'important c'est de se relever, et que son ne se relève pas seul, il ne faut pas hésiter à accepter les bras tendus.

Alors oui, c'est paradoxal, de souffrir de la peine de ses proches et d'avoir été prête à mourir, mais quand on n'en peut plus de résister pour les autres, quand on est à bout, on ne pense plus à tout ça. On est comme emporté par des forces qui nous dépassent, des vents qui nous surpassent, se déchaînent et nous entraînent.

Je restais silencieuse face à la leçon qu'il m'avait faite. Alors bien sûr, il ne m'a pas appris le bengali, mais ce petit bout d'homme m'a réappris l'humilité, la détermination, et qu'il fallait essayer, et réessayer, et ne pas s'avouer vaincu dès le départ.

Dans l'après-midi, j'ai lu à Iris et Zoé mon petit carnet bleu. Elles ont beaucoup apprécié, me conseillent d'en faire quelque chose, me persuadent que s'il est publié, les gens le liraient. Que ça pourrait aider certaines personnes.

Et quand j'ai dit : "je n'arrive pas à trouver la vie jolie ..." le poète a répondu : "eh bien, regarde-toi dans une glace ..." en toute simplicité.