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Critiques de Noëlle Roger (6)
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Le Nouveau Déluge

Il était une fois Noé, patriarche biblique, héros de la Genèse, qui, avec une confiance immense en Dieu, construisit une arche pour sauver ses hommes et ses bêtes de la furie des éléments.



Il était une fois une famille de bobos parisiens - oh, mais non, on disait "une famille de la bonne bourgeoisie parisienne" au début du XXème siècle - qui, surprise par une montée inexplicable des mers, dût prendre la route des Alpes pour garder la vie sauve.



Des siècles séparent ces deux récits qui ont en commun la tragédie et la détermination des hommes pour survivre face aux catastrophes naturelles.



Il était une fois Un nouveau déluge écrit par Noëlle Roger, auteur suisse prolifique dont je n'avais pourtant jamais entendu parler. Bien établie dans un début de XXème siècle d'après-guerre, elle a laissé sa plume retranscrire les peurs d'une époque, les espérances d'un futur proche, les bienfaits de la solidarité humaine et les questionnements des hommes face à Dame Nature.

Cent ans plus tard, ce texte est d'une actualité rare.

Avec le recul, je peux même presque dire que ce roman d'anticipation est une prophétie de ce qui va advenir si nous ne décidons pas de changer radicalement de vie et de mode de consommation.



Le Nouveau déluge est également une invitation à réfléchir à la question du bonheur. Sommes-nous plus libres et vivants lorsque nous devons rassembler nos forces et retrouver les instincts de nos ancêtres des tout premiers temps ou lorsque nous lézardons sur une plage paradisiaque ou que nos habitons les hôtels de luxe les plus prisés de la planète ?



J'ai hésité de nombreuses années à me plonger dans la lecture de ce roman. La science-fiction et les romans d'anticipation ne sont vraiment pas ma tasse de thé. Mais la perspective d'accompagner les personnages à travers mes Alpes valaisannes tant aimées qui font office de décor et d'héroïnes aux pouvoirs infinis, a fini par faire taire mes peurs les plus farouches. Heureusement !!!

Car j'ai été séduite par cette lecture. Noëlle Roger a une plume descriptive précise, décapante qui laisse transparaître un certain sens de l'humour entre les lignes sérieuses voire dramatiques. Elle connaît les Alpes, les a fréquentées, a certainement entrepris randonnées, bivouacs, estives et stages de survie. Derrière ses mots, on sent une femme de caractère, une féministe avant l'heure, une passionnée de nature et de littérature.

Rien de tel pour que je succombe au charme de cette oeuvre qui m'a fait rêver au coeur de ce Vallon de Susanfe qui mérite que je lui accorde une petite visite l'été prochain.

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Le nouvel Adam

Le Nouvel ADAM est un roman-feuilleton dans la lignée de Frankenstein publié en 1924. Un chercheur en médecine travaille sur la guérison et l’amélioration humaine. S’il a toujours été très précautionneux, un moment d’égarement va lui faire expérimenter l’idée de trop. Le prix immédiat est dur à payer mais la survie de son premier cobaye risque de déchaîner des forces qu’il ne sera plus possible de maitriser une fois lancées. A travers la vision et les questionnements du docteur Fléchère, on va découvrir le mode de fonctionnement de Hervé Silenrieux, ce cobaye qui développe une intelligence effrayante. Autrement dit, par le prisme d’un apprenti sorcier repenti, on découvre les actions de son fils spirituel. J’ai aimé suivre le quotidien de ce petit groupe de scientifiques avec les questions d’éthique sous jacente. Les thématiques sont très actuelles et certains points évoqués ont un côté prémonitoire plutôt effrayant. Certaines expériences « pour le bien de l’humanité » ont une justification digne des médecins des camps allemands et japonais pendant la seconde guerre mondiale.

La construction en épisodes donne un récit rythmé et facile à d’accès. C’est un texte qui du point de vue science et science fiction est moderne et novateur mais si l’on regarde du côté représentation de la femme c’est l’exact opposé. Qu’en 1924 et malgré Marie Curie on n’imagine pas normal la présence de femmes de science pourquoi pas, qu’on continue à voir les femmes comme des épouses ou des secrétaires pourquoi pas, que les hommes aient des réactions d’hommes et les femmes de femelles ça commence à faire beaucoup. Ici on a une jeune femme qui aime être dans l’ombre et vivre par procuration car c’est son rôle de femme sic mais j’aurai pu aussi faire avec si ça ne s’empirait pas. Malheureusement, ça s’amplifie en particulier pendant la dernière partie de l’histoire et là ce n’est plus possible pour moi. Je vais rester vague pour ne pas gâcher la découverte du texte mais il faut quand même que j’explique ce qui a fait basculer mon avis de très bon à non merci. La femme devient un objet puissance mille. Les hommes décident pour elle, elle accepte et on romantise l’horreur, l’inacceptable. Non une chose imposée, le dévouement absolu et s’oublier au profit des hommes ne rend pas heureuse, non le bonheur n’est pas au rendez-vous quand une situation est malsaine, elle est malsaine point.

Je ne supporte pas la banalisation de ce genre de choses surtout quand le comportement est toxique mais excusé car il est comme ça, c’est pas de sa faute… En résumé, il y a de très bonnes choses dans le nouvel ADAM sous réserve qu’on arrive à mettre de côté la banalisation des abus faite aux femmes.

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Le Nouveau Déluge

J’imagine – et je dis bien « j’imagine », ça n’a donc aucune prétention de réalité, c’est juste une façon de parler du livre – j’imagine donc l’auteure en train de se reposer au milieu d’une course en montagne, dans le vallon de Susanfe ou un de ses voisins, et se dire soudain, presque malgré elle en regardant les sommets qui l’entourent : « et si, après tout, il n’y avait que ça ? S’il ne restait plus que cela, ce panorama à contempler, pour toujours ? », en même temps que naît en elle, à la faveur de la fatigue de la marche et de la plénitude dépouillée que nous procurent ces instants, cette idée folle que cela pourrait lui suffire, qu’elle pourrait même aspirer à cela, comme à un repos, celui de la simplicité, de l’immanence, du réel enfin rencontré. Poser le fardeau, être là et regarder la montagne changer et se reproduire à l’infini au gré de la course du soleil – chaque jour – et du cycle des saisons – chaque année.

Ce roman serait la trace, après un certain temps et beaucoup de réflexion et d’invention qui sont le travail de la romancière, de cette légère et fugitive hallucination pas totalement dissipée, mise en musique et habillée d’une catastrophe écologique balayant sur son passage la quasi-totalité des biens matériels terrestres, bien sûr, mais aussi, on s’en rend compte progressivement, des choses moins tangibles et peut-être plus profondes comme la science et la culture, la capacité à se projeter dans l’avenir, l’utilité des rites et croyances, tout ce qui fait l’humanité de manière bien plus décisive que la pierre bâtie et les avancées technologiques.

Le style de Noëlle Roger, bien sûr, a cent ans et fait parfois son âge. Les personnages qu’elle construit pour porter ses réflexions manquent parfois de substance au-delà de ce qu’ils symbolisent (le savant, le paysan, la jeunesse, la famille, la bonté ou la blessure…) ; l’épisode presque final de l’hôtel est incongru, peut-être superflu, pas très abouti en tout cas, mais la peinture de la catastrophe, dans les premiers chapitres, est très vivante et prenante, et une fois celle-ci advenue, la réflexion de la romancière est très bien posée, et on se prend fréquemment à adhérer à son propos, et plus intéressant encore, à se demander avec elle : « c’est vrai, et si … ? ».

J’ajoute pour fini que la lecture de ce livre aura coïncidé et résonné avec, d’une part, la survie des quatre enfants colombiens durant quarante jours en pleine jungle, et d’autre part le visionnage de la première saison de la série télévisée « Abysses ».
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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Le nouvel Adam

Ce Roman, vieux d'un siècle, nous raconte l'histoire d'une experience scientifique qui se veut être prodigieuse pour l'avancée de la Connaissance. Un medecin teste un traitement de choc pour faire avancer l'humanité par l'injection d'hormones dans le cerveau. Il cherche son cobaye, va t'il le trouver ?

Roman visionnaire, le Nouvel Adam raconte la lutte entre la science et la morale, le bien et le mal. On y croise l'intuition de découvertes qui sont aujourd'hui pour certaines, entrées dans la vie courante. Mais qui dit génial inventeur, ne sait jamais si c'est pour le meilleur ou pour le pire...Avec le style désuet du siècle dernier, je me suis régalée à lire la vie du Nouvel Adam. Un très bon moment vraiment.
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Le nouvel Adam



« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » écrivit Rabelais, qui, comme d’autres philosophes, pensait que l’humain devait rester conscient de ses limites. Une femme suisse écrivit ce roman sur ce thème, publié dans les années 1920, et dont l’action est contemporaine. C’est une époque de pleine effervescence scientifique, et l’un des personnages principaux, médecin chercheur, se demande comment augmenter l’intelligence humaine. Tel docteur Frankenstein, il crée un

« prototype » en insérant, sur le cerveau d’un homme condamné par la maladie, des cellules d’un Homo Erectus, cette espèce découverte quelques décennies auparavant et censée être le « chainon manquant » entre les singes et nous. Homo Erectus symbolise ici l’évasion des humains de leur condition purement animale. Se retrouvant doué de capacités intellectuelles formidables, cet homme se lance avec acharnement dans l’avancement de la science, il veut tuer la maladie, délivrer les humains du travail. Ses résultats sont extraordinaires - par exemple il met au point le téléphone portable - mais il se sent « comme un lièvre au milieu des tortues ». Son objectif est d’assurer le bonheur de l’humanité et rien ne l’arrête dans ses travaux. Comme un certain Thanos, que les fidèles des films Marvel connaissent, il considère que l’on ne doit pas hésiter à sacrifier, si possible sans souffrance, une partie des humains pour obtenir la félicité pour les autres. Qu’en pense le créateur de cet « humain du futur » ? L’auteur nous donne sa réponse. Le roman est prenant.

Bien que Noëlle Roger (Hélène Dufour de son véritable nom) ait eu une vie active et réalisé une oeuvre, il est inutile de chercher dans son texte une quelconque aspiration féministe ; les personnages sont des petits bourgeois bien de leur époque.

Son style est efficace, usant peu de superflu. Je trouve ses phrases souvent bien faites, ayant de l’élégance. L’objet : la couverture, très fine, s’abîme facilement, mais le papier des pages est plaisant au toucher et le texte agréable aux yeux.
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Le nouvel Adam

Livre découvert grâce à la masse critique et un genre que je n'ai pas l'habitude de lire, mais m'a donné envie de lire d'autres textes et en particulier Frankenstein de Mary Shelley (que j'ai trouvé sur mes étagères !!).

Hasard de lecture, je lis "Les secrets de Ciempozuelos" de Almudena Grandes, dont j'apprécie beaucoup ses textes et je préfère le titre en espagnol "la madre de Frankestein".

Tiens tiens, encore ce personnage qui inspire les auteur(e)s.

Le docteur Fléchére est médecin et fait des recherches sur le cerveau et va faire une expérience sur un malade. Hervé Silenrieux, celui ci va alors être doté d'une intelligence supérieure et va lui aussi faire des expériences.

Il va d'abord faire des expériences sur d'autres malades, mais sans prendre en compte les risques et qu'est ce que quelques victimes, lorsqu'on fait un grand pas pour l'humanité. Face à de nombreux accidents, son "père" préfère l'installer dans un château, perdu dans la région des volcans d'Auvergne mais d'étranges phénomènes vont se produire. Car Hervé Silenrieux continue les recherches et fait des découvertes dans plusieurs domaines. Une sorte de Marie Curie et un travail sur les atomes, une nouvelle arme "nucléaire" ou des travaux techniques et pourquoi pas être capable d'avoir un téléphone portable (!!). Face à des excès de ses recherches, Silenrieux va être interné.

Ce texte est très plaisant car il décrit très bien l'univers des chercheurs, les laboratoires de recherche.. De la science et de la science fiction, mais aussi les questionnements moraux face à des découvertes et à des tests. Un sujet toujours d'actualité d'ailleurs.

Merci encore Babelio pour cette lecture et je vais continuer mes découvertes des textes abordant de tels sujets.

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