Soudain, il approche, tel un lion fondant sur sa proie. Il a ce sourire qui ressemble plus à un rictus qu’à une réelle expression sur son visage.
Ses cheveux sont attachés en une queue de cheval, ce qui dégage son visage et le rend plus viril.
Avant que je n’effectue le moindre mouvement, sa bouche se plaque sur la mienne. Son corps bloque le mien contre la porte et sa langue embrase la mienne.
Une larme coule sur mon visage car ce que je ressens là, n’est rien comparé à tout ce que j’ai déjà pu ressentir avec une femme. Je ne peux pas lutter, je n’en ai pas la force. Ce que ce mec me fait éprouver me rend vivant. Je n’ai jamais senti le quart avec personne d’autre, pas même avec Noa que je pensais aimer au point de vouloir l’épouser.
Comment est-ce possible ?
Ses mains me ramènent à la réalité, elles se glissent sous mon t-shirt, et caressent mes abdos qui se contractent à leurs contacts. Elles sont froides et elles contrastent avec mon corps devenu brasier.
— J’ai dit que tu étais une mauviette, fillette !
Il éclate d’un rire sarcastique. Ce n’est clairement pas le moment de me faire chier et je ne contrôle plus mes réactions.
Je me jette sur lui et l’attrape par la cravate, resserrant ainsi mon emprise autour de son cou. Pendant une fraction de seconde, je vois dans son regard une lueur de peur, mais il se reprend très vite et agrippe mes poignets fermement pour que je relâche ma prise sur lui.
— Lâche moi tout de suite gamin, si tu ne veux pas que je te corrige sur le champ.
— Que tu me corriges ? J’ai passé l’âge de t’obéir au doigt et à l’œil mon vieux. Retire ce que tu viens de dire si tu ne veux pas que la mauviette te foute son poing dans la gueule.
J’avais oublié à quel point il pouvait être fort et c’est d’un coup de pied à l’arrière de mes mollets qu’il me plaque au sol.
— Putain ! Pourquoi tu fais ça ?
— Parce que je te désire aussi, plus que tu ne le penses. Tu as mis en péril mon couple et je suis prêt à rompre avec mon petit ami si tu me dis que tu veux être avec moi.
— Mais tu es complètement fou ! Moi en couple avec toi ? Non mais ça ne va vraiment pas là ! Bon, allez, pousse-toi, je vais être en retard.
Il sourit comme d’habitude.
— Rejette-moi, vas-y, mais je suis sûr que dans peu de temps c’est toi qui me supplieras de te donner ma bite.
Je ne contrôle aucune des réactions de mon corps à son contact. Je me sens plus femme, il fait resurgir en moi des sensations dont je ne me souvenais plus l’existence, mais il en crée aussi des nouvelles, et c’est ce qui me perturbe le plus. Quand il est près de moi, mon ventre me chatouille, comme si une nuée de papillons prenaient leur envol. Je ne sais pas trop comment l’interpréter, il est tellement énigmatique que je ne sais pas où tout cela nous mène réellement.
Aujourd’hui, je ne veux plus mourir. Je voyais enfin le soleil se lever à l’horizon. Je me sentais revivre. Le sang coulait à nouveau dans mes veines, je ressentais les battements de mon cœur. Tous ces phénomènes se manifestaient en la présence de Travis. Alors, j’en suis convaincue, je suis en train de tomber amoureuse de cet homme.
J’avais le sentiment de n’être qu’une masse de chair et de sang. Une coquille vide de tout. Mon âme ayant quitté mon corps ce jour-là. Je pensais jusqu’à encore quelques jours ne jamais la retrouver. Mais peut-être qu’elle ne m’a finalement pas quittée, elle est là, tapie sous un immense tas de regrets, de peur et de douleur.
J’essaie de vivre ma vie comme d’habitude mais c’est plus dur, c’est plus long. Je n’ai qu’une hâte, reprendre le travail. J’ai d’ailleurs appelé Monsieur Cordier, je reprends demain au lieu de lundi. Il n’a pas compris pourquoi je tenais tant à reprendre mais je lui ai juste fait comprendre que je serai là.
Il y a quelques mois, je n’aurais jamais imaginé pouvoir flirter avec un homme, me montrer nue devant celui-ci. Avec Travis, j’ai passé ce cap pour quoi ? Pour que tout soit jeté aux ordures comme si je n’étais rien qu’un passage anodin pour lui.
Une fille lambda. Un jouet.
La musique classique ne me dérange pas, je la trouve même très belle, mais le hard/metal c’est surtout, à mon sens, des gens qui hurlent à pleins poumons sur des instruments qui font crier leurs sons. Je ne m’y connais pas très bien dans ce genre-là alors je ne critiquerai pas.
Je sors de mes pensées et décide de me préparer. Tâche compliquée pour moi car il m’est difficile de me regarder dans un miroir. Mon visage me rappelle tout ce que j’ai perdu. Mon corps éculé par l’accident m’a fait perdre toute féminité, toute confiance en moi.