Les rites des légendes, des mythes, des songes, des transgressions oniriques, ont même poids que ceux de la réalité. Toutes formes s’évasent, se transvasent, s’échangent, trouvent dans ces ondoyantes, giboyeuses mutations, impacts sensibles et poussées de sensualité.
La teste perdue, ne perist que la persone: les couilles perdues, periroit tout humaine nature (Rabelais, Gargantua, chapitre VIII)
Du jour où la braguette, je parle de la braye, de la bourse royale, de la poche pinéale des siècles d’homme, du jour où les braguettes furent interdites, jetée en lieux de Seine, de Rhône, de Somme, d’Adour, de Garonne, avec autour de l’embout chauffant le gland d’une simple cordelette -brindille de nid – de pie mendiante, du jour où les braguettes furent prohibées parce qu’elles causaient un émoi incontrôlable, retentissant parmi la gent féminine (arrêt des règles, déboulonnage des poupées génitales, des nymphes, des trompes, des mamelons, transformation du colostrum en houille, en carbone), le jour où; à cause de la truculence, de l’impudicité lustrale et éminemment lubrifiante des femmes ôtant leur coiffe, leur capuchon, leurs robes fées et éveillant lumineusement le cyclope flamboyant de leurs flancs, les bragues de peau, de titane furent défendues (colées aux flancs des vaches, des aurochs, des chapons ou des corps ductiles, conducteurs des métaux), on les vit voguer, toutes confessions et attritions confondues, au fil de l’eau, avec au milieu d’elles le membre fantôme, noir (à force de souffler), roboratif, le membre de bastingage du pendu (p. 102)
Le cabinet des batailles, cuirassé de miroirs, rend la guerre interminable; des reflets grimpent, tourbillonnent, dansent contre les parois, un soldat tué sort comme d’un candélabre de sa mort; de tous les points de dispersion, les membres se rassemblent et restaurent le corps; la lance brisée, l’égide percée coulant en son milieu, le côlon de pierre se régénèrent; le sans collé, les forces perdues des chevaux rampent jusqu’à la moelle épinière; sur le plancher, les yeux d’équidés ont roulé, sans retrouver leurs lobes, leur licol d’origine, des mains gémissent, des bouts de soleil sont passés par la lame, des cors flambent au pavillon, des destriers masqués courent à corps perdu, sans idée de retour, sur la mer; le gel des miroirs coupant court à la respiration d’un soldat nage à ses côtés; de toute part, les événements, les leçons du temps se regardent comme s’ils étaient des objets; le champ de guerre dépose sur les fronts les étoiles, sur les langues, le sel chaulé de leurs branches; le ciel s’obscurcit, mais les oiseaux, les poissons rendent les débris des cadavres afin que tout recommence (p. 92).