Les rêves
De temps à autres aux heures silencieuses de la nuit
les cris du loup se calment,
les courants de la bonté coulent d'eux-mêmes dans le coeur,
sans entrave.
Aux heures culminantes de minuit,
l'homme s'aperçoit dans un autre que lui,
l'entoure des rubans argentés de l'amour,
monte tout entier vers lui, délivré,
au-dessus de lui, seuls le ciel et les astres.
Mais au souffle de la brise de l'aube
bougent de nouveau en lui les cris de l'animal,
tout est trouble de ce qu'il revoit
et il se lève comme un chacal, prêt à chasser son semblable,
à s'emplir de chair et de sang,
à boire le triomphe au-dessus du son strident et creux de sa citerne.
Et à la tombée du soir
il contemple ses mains ensanglantées,
ses vêtements déchirés,
ses chaussures en lambeaux,
il considère son coeur où le sanglot n'a plus de place.
Tombé dans un sommeil lourd, en proie aux cauchemars de pierre,
il s'émeut parfois des pas légers de rêves lointains
lui disant que tout aurait dû être différent.
(Le dernier ange et autres poèmes)