Dans cette ville, mon amour,
même les papillons
ne meurent pas pour la lumière
- ils s'en sortent toujours
avec de légères brûlures.
Dans cette ville, mon amour,
même les fleurs
ne poussent pas pour rien,
l'eau ne coule pas sans arrière-pensées,
et la pierre s'échappe de sous une autre ...
l'herbe dénonce l'herbe voisine,
les étoiles sont loin si loin,
et il n'y a pas de lune...
Dans cette ville, mon amour,
cette ville de bouchers, de contrebandiers,
de vieilles filles qui parlent en "grobar", (arménien littéraire)
de pouilleux, de fanfarons,
de braconniers,
de gens croquant et crachant des graines de tournesol,
dans cette ville
je t'attendais,
bien vêtue
un signe sur ma porte,
pour que tu me trouves facilement.
Mais toi, mon amour, tu as tellement tardé
que mes beaux vêtements se sont usés
- et un farceur est venu la nuit
marquer toutes les portes.
(...)
Violette Krikorian (Téhéran - Erevan)
Avis de recherche
Attention,
dernier rapport :
à la fin du xx‰ siècle, à 16 h 15,
le peuple arménien a quitté le pays
et n’est toujours pas revenu…
Signalement : peuple ancien, tourmenté,
ingénieux, travailleur, endurant,
yeux d’une infinie tristesse,
cœur fendu de toutes parts…
Les témoins l’ayant aperçu sont priés
d’en informer d’urgence le Parlement
qui a besoin d’électeurs le temps
des prochaines législatives…
Hovhannès Grigorian