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3.5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Olivier Carré est un politologue, sociologue français spécialiste du monde arabe. Il est chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CÉRI).

Il s'intéresse tout particulièrement au nationalisme arabe et à l'islamisme. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la question palestinienne et sur les extrémismes islamiques.


Source : Wikipédia
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le peuple arabe est défini et identifié par la langue arabe. Encore faut-il qu’il prenne conscience de son identité. Pour Arsouzi, il s’agit de sentiment d’amour, de tendresse viscérale. Il utile le mot le plus sacré, celui qui désigne Dieu dans le Coran dès le premier verset, Rahmân, souvent traduit par Compatissant, qui évoque aussi en arabe l’idée d’entrailles, d’utérus. Sa sympathie viscérale va à la langue miraculeuse qu’est l’arabe, et donc aussi à tous ceux qui en sont amoureux. Arsouzi s’inspire de Plotin, de Jacob Boehme – qu’il apparente au philosophe mystique andalou du XIIIe siècle, Ibn Arabi –, des mystiques rhénans du XIVe siècle, des plotiniens allemands du XIXe siècle, de Bergson. Sa philosophie est « une philosophie du sentiment » et de l’intuition, de la connaissance affective et mystique.

Arsouzi appartient à la communauté alaouite. Pour les alaouites, tout est substantiellement divin. La grande connaissance secrète, ésotérique, transmise par tradition orale, repose sur un système cosmique d’émanation, selon lequel Dieu est inconnaissable mais partout présent. Seuls les initiés, les sages doués de réflexion, le savent et agissent en conséquence, par référence au « ciel des Idées », de l’Idéal, qui est Amour. L’altruisme et l’amour sont un instinct des hommes, mais pas une loi naturelle physique : les hommes ont la liberté d’agir vers l’idéal ou non. La masse, elle, préfère imiter et suivre : ce sont les « grossiers ». Arsouzi se réfère expressément à la tradition des « chiites ésotériques » des IXe-XIIIe siècles en Syrie notamment, ismaïlites, druzes, alaouites, à celle aussi des ordres mystiques musulmans sunnites (orthodoxes) qui distinguaient entre « ceux qui connaissent », « l’élite consciente », et les autres. A chaque génération, il existe des élites visionnaires et sentimentales, des héros et des prophètes qui sont eux-mêmes « la voie menant au Ciel », comme le furent Jésus et Mahomet, sémites tous les deux. Seules quelques personnes possèdent presque entièrement « la structure d’amour idéale », celle-ci représentant « la plus parfaite manifestation des Idées du Royaume des Âmes ». Ceux-là ont un amour social de type maternel, inépuisable et perspicace.

Cette idée d’un amour social de type mystique et initiatique, Arsouzi l’applique à la vie sociale et politique en reprenant le schéma de l’élite et de la masse. Une manière de sociologie et de science politique mystiques. Toute chose, dans son ordre, est soumise au principe d’attraction cosmique, à la fois jonction et séparation entre la Providence générale et la matière spatio-temporelle. Ainsi la société attire et écarte-t-elle à la fois les individus ; les individus éprouvent en même temps une attraction ardente et un désir de séparation ; en chaque personne, il y a à la fois altruisme idéal et égoïsme. L’ordre social est lui-même une « représentation de l’Idéal » suprême. (pp. 72-74)
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Le premier ouvrage à grand succès de Qotb, c’est, on l’a dit, sa Justice sociale en Islam (1949), dont il révise lui-même la traduction américaine de 1955. Avec quelques opuscules de Qotb, de Muhammad al-Ghazâli, homme de religion azhariste, et de ‘Abd al-Qâdir ‘Awda, avocat formé en France, le livre de Qotb représente pour ainsi dire la première charte du socialisme des Frères. Cet accent socialisant culminera à Damas en 1959 sous la plume du Guide des Frères de Syrie pendant l’union syro-égyptienne, Mustafâ al-Sibâ’î : son Socialisme de l’Islam sera l’un des best-sellers des années 1960 à travers le monde arabe. Notons d’ailleurs que cette pensée socialiste des Frères est foncièrement la même que celle des Frères ralliés au régime nassérien, ministres ou directeurs dans divers ministères et organismes étatiques.
(…)
Un courant socialisant existe donc au début des années 1950, bien représenté par Qotb première manière et par Mustafâ al-Sibâ’i. Pour eux, l’Islam est foncièrement « socialiste » par son souci de l’intérêt commun, des biens de nécessité vitale, de l’obligation de la zakât, l’aumône coranique. Voilà les principes – devenus aujourd’hui monnaie courante – du vrai socialisme, le socialisme de l’Islam, encore appelé, avec une certaine audace et sans suite, socialisme islamique par le cheik Muhammad al-Ghazâli dès 1949.
(…)
Mustafâ Sibâ’î soutient lui aussi cette même utopie. Utilisant des thèmes indiscutables de la foi musulmane, il traduit le « socialisme arabe » modéré du Nasser de la fin des années 1950 en termes de « socialisme de l’Islam » (…) dans la contestation des années 1970 contre le pouvoir ba’thiste en Syrie, le socialisme islamique de Sibâ’î (m. 1969) restera une référence :

« Le socialisme n’est pas une mode qui passera, c’est une tendance humaine qui s’exprime dans les enseignements des Prophètes, dans les réformes des Justes, depuis les premiers siècles de l’histoire. Les peuples du monde présent – surtout les peuples en retard – cherchent à le réaliser effectivement afin de libérer des sédiments d’injustice sociale et d’inégalité de classe. […] Le but du socialisme, toujours, dans toutes ses écoles, a consisté à empêcher l’individu d’exploiter les capitaux des riches sur le dos des masses humiliées et brutalisées, à confier à l’État la surveillance et le contrôle de l’activité économique individuelle, à réaliser enfin la solidarité sociale entre les citoyens de manière à effacer l’indigence, la frustration, l’inégalité excessive des fortunes […] Or le socialisme de l’Islam a réussi, au cours du Moyen Âge, à établir une société socialiste, la première société socialiste du monde. […] » (pp. 84-87)
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