MON CADAVRE EST RESTÉ DANS LA GARE
Pourquoi me regarde-t-il ainsi ?
Perçoit-il en moi les décombres d’une civilisation
ou bien entend-il
au travers de ma langue
le hurlement des crânes ?
Peut-être me connaissait-il avant
sans que je le sache !
Peut-être nous sommes-nous rencontrés
au détour d’une noce tragique
ou lors de funérailles !
Pourquoi me regarde-t-il tantôt comme un assassin
et tantôt comme une victime ?
Les portes se sont fermées à nos imaginaires
Il peut à présent m’insulter
je peux cracher sur lui
ou sans altercation
nous pouvons nous dire adieu
ou nous menacer mutuellement de châtiment
Une seule minute nous sépare désormais
de l’appel du labyrinthe.
La brutalité de nos regards résonne sans répit
Mon visage disparaît derrière la fenêtre d’un train
Mon cadavre est resté dans la gare.