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4.5/5 (sur 4 notes)

Biographie :

Pablo Gutiérrez est né à Huelva en 1978. Il a étudié le journalisme à Séville. Il a obtenu le Prix Tormenta qui salue le meilleur nouvel auteur de langue espagnole avec son premier roman Rosas, restos de alas. En 2001, il est finaliste du Prix Miguel Romero Esteo de dramaturgie avec la pièce de théâtre Carne de cerdo.
La revue britannique Granta le classe parmi les 22 meilleurs jeunes auteurs de langue espagnole.

Il vit aujourd’hui à Cadiz où il est professeur de littérature.

Son roman "rien n'est crucial" est sorti en avril 2016 chez Christophe Lucquin éditeur.

Source : http://www.christophelucquinediteur.fr/pablo-gutirrez/
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Tout cela se passa dans les années quatre-vingt, lorsque les junkies étaient les maîtres du monde et vagabondaient et prenaient possession des terrains vagues sans agences immobilières, ni assistantes sociales pour s’y opposer ou, du moins, elles n’étaient pas assez nombreuses pour veiller à ce que la tripotée de gamins que les mamans junkies disséminaient dans Mondelaid aillent petit à petit en classe moins crasseux, s’asseyent correctement sur leur petite chaise, obéissent sagement à leur maîtresse et se laissent docilement expulser quand ils faisaient du grabuge dans la cour comme, par exemple,
pisser sur le visage d’un plus petit
lui secouer violemment la quéquette
tripoter la zézette d’une fille dans les toilettes,
ce qui était très fréquent dans ces affreuses années quatre-vingt, les enfants, ne laissez pas la toujours-allumée vous convaincre que vous êtes les seuls à vivre dans une époque d’agressivité démesurée, parce que, en réalité, avant on mordait pareil, on frappait pareil, on mettait les mains (les deux) là où il ne fallait pas, et on inventait des punitions cruelles destinées aux traîtres et aux pédés. Ce ne sont pas les films ni les jeux ultra-violents qui vous poussent, tels des zombies, à vous tuer à grands coups de beignes : si nous avions eu vos formidables caméscopes, nous aurions enregistré les mêmes branlées, les mêmes raclées d’anthologie infligées aux tendres qui nous faisaient tellement horreur. Mais le Super 8 Cinemax en plastique merdique, quel dommage, ne servait pas à cela.
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Une clôture en bois entourait la propriété, repeinte à chaque printemps par le père de Madame Junkie, qui était mort depuis des lustres lui aussi et à qui l’État avait remis cette maisonnée, car à côté allait passer une nouvelle rame pour le Talgo et qu’il serait chargé de veiller à ce que les rustres des plaines cultivées ne dérobent pas les pylônes en acier et ne risquent pas leur peau sous le caténaire, sauf que, au final, la ligne ne fut jamais construite et on lui donna la maisonnée quand même, parce que, bon, les frais étaient engagés et qu’ils mourraient de faim et, au moins, son beau-père s’était battu dans le bon camp lors du Grand Et Cetera, c’est pour cela que l’acte de propriété a toujours a été à son nom à elle, même si c’est lui qui signait les papiers, puisqu’il était le chef de famille, c’est comme ça qu’on appelait celui qui tapait le plus fort à l’époque.
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Et ainsi Lécou devint le seul hobbit engendré par des junkies à n’avoir jamais pris une quelconque substance toxique, à l’exception du sorbitol, de l’acidifiant et des gazéifiants habituels de la nourriture en conserve. Ça lui suffisait, ça et la merde délicate qui parcourait ses circuits, pour halluciner et délirer et voir des poupées de couleur sur les murs hyperblancs de son trou.
De toute façon, peut-être que cela n’aurait pas beaucoup servi, peut-être que cela aurait été un gaspillage de dépenser les billets qu’il n’avait pas dans l’un de ces sachets transmigrateurs, car son système nerveux avait dû rester définitivement chétif et appauvri quand la Femme à la Robe Sage se promenait sur ces terrains des années 1980 avec Lécou-fœtal dans son ventre, s’offrant des doubles doses dans un coin crasseux de son abri, Lécou-fœtal absorbant dans les sucs de la poche amniotique le trip de sa téléporteuse, Lécou minuscule astronaute, capsulé et drogué, Lécou qui naquit comme s’il ne voulait pas le faire, accroché comme un lézard aux parois de l’utérus, la maman junkie qui n’eut pas le temps d’arriver à la maternité, les trop jeunes médecins du foyer de charité lui sortirent le bébé à l’aide d’une pince, d’abord les petits pieds violacés, ensuite les petits bras et les petits ongles éraflant ce qu’il y a dedans, et en dernier la petite tête, qui sortit avec un plop comme le bouchon d’une bouteille au milieu de cette masse de placenta et de sang contaminé. Elle se tint creuse et ratatinée comme une cannette de Coca-Cola, lui se mit à pleurer et à trembler à cause de son premier syndrome de sevrage. (
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Chaque chose à sa place : la table bien rangée, le cahier et le stylo, le mugissement du monde en marge de ce rectangle avec son ennuyeuse répétition d’attraction de foire. C’est l’été, la vieille ouvre les fenêtres et la toujours-allumée tonne dans le patio de lumière. Toute l’angoisse de sa petite maison – les longues heures, le téléphone muet, les cheveux sales – s’infiltre et suinte, se calcifie en moi, s’ajoute à la liste des mensonges et des devoirs qui me poursuivent chaque jour et ne me laisseront pas en paix tant que je ne me déciderai pas à les envoyer au diable et à me transformer en ermite et à cultiver des tomates et élever des poules et à me passer de presque tout comme par exemple
de papier hygiénique
de mousse à raser
de syntaxe
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Il n’était ni philosophe, ni métaphysicien, ni poète, mais il comprenait à sa manière, c’est-à-dire sans mettre de mot sur cette pensée à lui, que la résignation chrétienne (ou néochrétienne, ou protochrétienne, c’était pareil) était la bouche d’égout par laquelle s’écoulait le mensonge vagabond qu’avait été sa vie jusqu’ici.
Jusqu’ici.
Il ignorait, le jeune appelé Lécou, ingénu, hébété et un tantinet imbécile comme la majorité des hobbits, que l’Elfe Galadriel viendrait le sauver de cet immondice monotone, ce n’était qu’une question de mois.
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Mais le temps passa, les enfants, et le Temps est le corrupteur du bonheur, vous le savez tous, du bonheur de Magui et du vôtre, vous avez déjà senti l’écorchure de sa dent aiguë : rien ne restera de ces jours magiques et jaunes où vous laissiez les autres se décarcasser tandis que vous les contempliez du haut de votre terrasse recouverte de chaux, le vent du sud souffle, chaud et constant, le linge étendu s’agite comme des drapeaux qui fuient à la débandade.
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Sur la place se trouve une vieille mercerie qui vend des collants en grosses mailles et des chaussettes lisses et brillantes comme des donuts, deux bars avec des guéridons et des chaises de cinéma en plein air, une fontaine avec des pigeons, un vidéoclub qui loue des cassettes pornos derrière un petit rideau, une pharmacie à côté de l’église et quelques pauvres qui mendient à tour de rôle pendant la messe.
De part et d’autre de la fontaine, il y a deux bancs sur lesquels trois vieux se meurent d’ennui le jour et deux jeunots se roulent des pelles la nuit, lui maigrichon et fébrile comme un lévrier, elle dodue comme sa petite mère, celle du vidéoclub, ce sont toujours les mêmes.
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même les rats de laboratoire finissent pas s'habituer au labyrinthe de méthacrylate qui les conduit au petit biscuit.
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Deux néochrétiens fertiles unis par les liens du mariage sont un commando bourré de mitraille en forme d'ovules et de spermatozoïdes.
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