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Citation de Iboo


J'aime la volupté en philosophie et la philosophie en voluptueux. Je ne conçois pas le commerce des idées sans une dimension poétique et charnelle. Poser des questions sans réponse, répondre à des questions qui n'ont pas été posées, telle me semble la grandeur énigmatique de cette discipline, même si elle est dévoyée, trop souvent, par l'esprit de sérieux, qui fait obscur pour faire profond.
Combien en ai-je côtoyé, de ces professionnels du concept, qui ne peuvent beurrer une tartine sans citer Nietzsche ou Spinoza, de ces amis de la sagesse, blanchis sous le harnais, aussi agrégés que désagrégés, qui arrivent à la retraite, amers, ayant pris leurs élèves en grippe et rêvant trop tard d'un destin plus vaste ? Ils s'étaient crus au sommet de l'intelligence universelle, ils sont passés à côté de la vie. Chez eux l'esprit ne souffle plus. Ils savent parler de tout mais ils ne savent pas de quoi ils parlent. Les livres les ont nourris, les livres les ont tués.
Le merveilleux métier de professeur meurt dans le ressassement s'il n'est inspiré en permanence par une sorte de vibration missionnaire, s'il n'est pas l'art de capter les âmes, de soulever les coeurs.
J'admire les grands érudits, les aventuriers de l'esprit. Mais j'aime plus encore les penseurs défroqués qui peuvent déployer un raisonnement brillant et se montrer par ailleurs bons vivants, capables de se moquer d'eux-mêmes, de rire de la comédie sociale.
Malheur à qui se prend pour un souverain pontife, adopte la pose du mage ou du prophète. L'imposture le guette.
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