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EAN : 9782246800286
264 pages
Grasset (16/04/2014)
3.48/5   167 notes
Résumé :

C’est l’histoire d’un enfant à la santé fragile, né après guerre et envoyé aussitôt dans un village d’Autriche pour soigner ses poumons. Sous la neige, il chante la gloire de Dieu et baragouine un patois allemand.

Chaque soir, sous le regard aimant de sa mère, le chérubin prie le Seigneur pour qu’il provoque la mort de son père.

« Rien de plus difficile que d’être père : héros, il écrase de sa gloire ; salaud, de son infamie ;... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 167 notes
Une lecture très tonique en dépit d'un sujet douloureux. le mérite de de récit filial est que l'auteur évite le sordide règlement de comptes avec un père à la personnalité difficile ; transforme cette relation au père , si décourageante et négative, soit-elle… en une construction positive ; Que ce père soit raciste, antisémite obsessionnel, il y a aussi les moments de répit, de souffle d'un père et grand-père qui peut être aimant et attentionné.

Les thèmes m'ont fait songer à une autre autobiographie, plus sombre, plus douloureuse qui est celle du peintre Gérard Garouste, avec « L'Intranquille »…le fils choqué et culpabilisant sur les idées antisémites de son père , souffrira de dépressions intenses , et même au-delà… La souffrance et la culpabilité seront transformés à travers l'Art et la peinture ainsi que par le soutien indéfectible de l'épouse de l'artiste.

Le récit de Pascal Bruckner est plus « léger », plus distancié… avec des moments certes, de découragement et d'exaspération croissants du fils… mais au bout du compte ce fils se construira « Contre »… grâce à cette phénoménale opposition au Père…

l'extrait suivant que j'ai choisi donne le ton de l'ensemble de cette autobiographie :
Les pères brutaux ont un avantage: ils ne vous engourdissent pas avec leur douceur, leur mièvrerie, ne cherchent pas à jouer les grands frères ou les copains. Ils vous réveillent comme une décharge électrique, font de vous un éternel combattant ou un éternel opprimé. le mien m'a communiqué sa rage: de cela je lui suis reconnaissant. La haine qu'il m'a inculquée m'a aussi sauvé. (p.17)

« Je n'ai qu'une certitude : mon père m'a permis de penser mieux en pensant contre lui. Je suis sa défaite : c'est le plus beau cadeau qu'il m'ait fait. » (p.251)

« le doigt de la sorcière s'appelle les liens du sang, les lois de l'hérédité, le poids de la mémoire, de la génétique, qu'importe l'explication que l'on donne, ce doigt me retient et fait de moi, quoi que je veuille, toujours un fils et un fils de. S'émanciper, c'est s'arracher à ses origines tout en les assumant. » (p.186)

Un livre qui évite tous les écueils des larmoiements ou ressassements accusateurs… pour rester dans l'amour de la vie, des autres et de l'écriture. Un texte plein d'humour , de dérision et d'auto-dérision …
regorgeant au-delà des souvenirs pesants, de « joyeusetés »…

Ce récit en dépit de ces rapports père-fils éprouvants, sombres, est un texte relativement apaisé, où l'auteur répète qu'en réaction à toute cette haine , cette agressivité contenues dans son père, il a choisi, construit son chemin personnel aux antipodes . Il a développé un désir démultiplié d'apprendre, de connaître, d'expérimenter, d'aimer doublement les gens , l'existence, de prendre des engagements contraire à tout le poison idéologique distillé dans son enfance et adolescence…. de se construire son univers par l'écriture et ses rencontres personnelles dont un mariage avec une compagne de confession juive !!!

« le monde est un appel et une promesse : il y a partout des êtres remarquables, des chefs d'oeuvre à découvrir. Il y a trop à désirer, trop à apprendre et beaucoup de pages à écrire. Tant qu'on crée, tant qu'on aime, on demeure vivant. «


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Autobiographie de Pascal Bruckner.
De lui je n'ai lu qu' "un petit mari", qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. C'est donc quelqu'un que je ne connais pas plus que ça.
Et dès le début ça démarre très fort. Petit garçon élevé dans la tradition catholique, il adresse des prières pour que son père décède. Faut dire que le papounet y va fort, on pourrait résumer par : un gros con. Violent, antisémite, raciste, il tape sur sa femme, son fils aussi, parfois c'est juste pour soulager une journée trop chargée. Son attitude forgera le caractère de son fils et celui-ci deviendra en tout son opposé.
Malgré toute cette violence, on ressent tout au long du livre un certain amour de la figure paternel. L'écriture est débridée, empreinte de pudeur et de sensibilité, l'auteur visiblement ne cache rien. Un livre qui n'est pas un règlement de compte mais qui est plus un bilan pour faire le point sur le passé peut-être tout simplement pour mieux l'évacuer.
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Certains ont espéré, enfant, être adoptés pour rejeter et nier la filiation douloureuse dont ils sont issus. D'autres, comme Pascal Bruckner, âgé alors de 10 ans, à même prier pour que son père meurt.
La filiation de Pascal Bruckner est très douloureuse, elle ressemble beaucoup à celle de Gérard Garouste qu'il décrit dans: L'intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou.
Tous deux auront eu un père violent, colérique et antisémite. Évidemment, leurs parcours respectifs vont laisser des séquelles irréparables. Garouste en devient fou, il est sauvé par la peinture, Bruchner par l'écriture.
Pour moi, Pascal Bruckner se met courageusement à nu dans ce livre. Car bien sûr, il a aussi une mère qu'il va voir s'humilier, se faire violenter et se sentir coupable.
C'est un des noeuds fondamentaux dans ces tragédies familiales, on se sent coupable et il faut des années pour sortir de ce cercle infernal.
Pascal Bruckner énonce aussi dans ce roman son parcours intellectuel, ses pairs qui l'ont aidé à se forger. J'aime beaucoup ces remarques et ses analyses pertinentes sur nos " erreurs de jeunesse", nos emportements don't aura raison notre "vieillesse"
En lisant ce livre, et même il s'agit d'une relecture, j'ai eu beaucoup de tendresse pour ces enfants " maudits" que certains ont été et leurs parcours néanmoins réussi à l'âge adulte.
Reste le titre: Un bon fils", faut-il encore se justifier aux yeux du père ?, des autres ?
À rapprocher aussi du titre de Laurent Seksik : Un fils obéissant.
La culpabilité dévore et rogne l'esprit.
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Cinq étoiles... mais, je l'admets, accordées plus subjectivement qu'objectivement, étant trop impliquée pour juger avec le recul qui s'impose.

Egalement enfant unique, même génération, "même" père, mêmes idéologies extrémistes...
Même ressenti, mêmes contradictions, mêmes ambiguïtés dans les sentiments...
Je suis entrée dans ce livre comme on entre en thérapie.
Psychothérapie que je n'aurais, d'ailleurs, jamais sollicitée. Dans un premier temps parce que j'ai tendance à nourrir une certaine méfiance envers tout ce qui commence par "psy". Dans un second, parce que je pense que l'on ne peut comprendre vraiment certaines situations que lorsqu'on les a vécues de l'intérieur et que tous les lieux communs, plus ou moins "guimauve", dont vous assènent ceux qui n'ont qu'une vision théorique de la chose sont aussi stériles qu'accablants.

Soixante ans que je me débats dans cette confusion et Pascal Bruckner vient, enfin, d'y apporter un éclaircissement salutaire.
En effet, on s'expose à la critique en formulant son désamour quand on n'a pas été enfermé dans un placard, torturé, abandonné... situations tragiques où narrer sa douleur est acceptable car les "cicatrices" sont visibles.
Pourtant, je le cite : "Les vraies blessures sont verbales, les jugements négatifs, les vexations qui s'inscrivent en vous en lettres de feu. Mon père voulait absolument me persuader de mon infériorité."

Le mien a failli faire une crise d'apoplexie le jour où, en réponse à ses insultes et reproches, je lui ai annoncé en toute sérénité : "Je ne te dois rien, Papa. Je ne t'ai rien demandé. Ne te fatigue pas à déverser tout le mépris que tu as pour moi. Je connais tout ça par coeur et ça ne m'atteint plus. Ton entreprise de démolition est arrivée à son terme."

Tout comme l'auteur, je ne ressens à son égard ni haine ni colère. Juste de la résignation après avoir tenté tout ce qu'il m'était possible d'espérer. Et, paradoxalement, de la reconnaissance aussi, car il m'a inculqué le goût de la lecture, de la musique classique, du jazz, des bons vins... éléments non négligeables dans ma construction personnelle.
Aucun être n'est ni foncièrement bon ni foncièrement mauvais. C'est ainsi. Mais il faut cependant avoir la sagesse de renoncer à changer les rayures du zèbre.
"Je n'ai qu'une certitude : mon père m'a permis de penser mieux en pensant contre lui. Je suis sa défaite, c'est le plus cadeau qu'il m'ait fait."

Merci, Monsieur Bruckner d'avoir osé ce courageux témoignage.
Ce faisant, vous vous êtes exposé, et certains y ont vu le déballage d'une intimité familiale dont il eût été séant que vous vous absteniez. Je suis, pour ma part, heureuse que vous l'ayez, au contraire, partagée.
Et, vu que je viens d'en faire de même avec ma critique, je m'en excuse par avance auprès des personnes qui, à juste titre, pourraient la juger déplacée.
Fin de ma thérapie.
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Les critiques de "Un bon fils" ne sont pas très élogieuses, certains lui reprochent d'être nombriliste et que tout est prétexte pour se mettre en avant. Ce n'est absolument pas comme cela que j'ai ressenti ce récit j'y ai pris beaucoup de plaisir et trouvé très intéressant la façon dont l'auteur s'est construit dans un climat tel que fut le sien. Père antisémite violent et mère soumise. Pascal Bruckner s'est construit en opposition à ce père. Il nous livre dans ce récit son cheminement , ses réflexions. toute sa vie est entachée par ce père qui lui fait horreur. Heureux d'être considéré comme "la défaite" de son père, il est malgré tout "un bon fils" puisqu'il sera présent pour lui jusqu'au bout. Il aurait d'ailleurs fallu de peu pour qu'il le prenne dans ses bras, voilà toute l'ambiguïté. Ce récit donne aussi l'occasion de croiser des personnalités comme Althusser, Barthes, Sartre.
Je n'ai pas eu le sentiment que c'était un livre règlement de compte ou encore un livre gégniard mais plutôt un livre dynamique, positif,constructif. L'épilogue est étonnant...
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critiques presse (4)
LaPresse
11 juin 2014
Dans son nouveau livre très personnel, Pascal Bruckner rompt le silence et dévoile son enfance à l'ombre d'un père antisémite, nazi et violent. Un récit cru et difficile pour celui qui estime que la Seconde Guerre mondiale est le «grand roman familial français».
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
05 mai 2014
Dans Un bon fils (Grasset), Pascal Bruckner évoque son impossible père, pronazi et violent, dans un portrait sans pathos. Et sans fiel. Une famille "bilingue français-antisémite".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
30 avril 2014
Pour la première fois, l'essayiste et romancier Pascal Bruckner parle de son père, qui battait sa femme et haïssait les juifs. Vertigineux.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
15 avril 2014
Presque quarante ans après son premier livre, l'auteur de «Lunes de fiel» signe enfin celui qui les explique tous. «Un bon fils» (Grasset, 18 euros) est un implacable précis de décomposition.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (102) Voir plus Ajouter une citation
J'aime la volupté en philosophie et la philosophie en voluptueux. Je ne conçois pas le commerce des idées sans une dimension poétique et charnelle. Poser des questions sans réponse, répondre à des questions qui n'ont pas été posées, telle me semble la grandeur énigmatique de cette discipline, même si elle est dévoyée, trop souvent, par l'esprit de sérieux, qui fait obscur pour faire profond.
Combien en ai-je côtoyé, de ces professionnels du concept, qui ne peuvent beurrer une tartine sans citer Nietzsche ou Spinoza, de ces amis de la sagesse, blanchis sous le harnais, aussi agrégés que désagrégés, qui arrivent à la retraite, amers, ayant pris leurs élèves en grippe et rêvant trop tard d'un destin plus vaste ? Ils s'étaient crus au sommet de l'intelligence universelle, ils sont passés à côté de la vie. Chez eux l'esprit ne souffle plus. Ils savent parler de tout mais ils ne savent pas de quoi ils parlent. Les livres les ont nourris, les livres les ont tués.
Le merveilleux métier de professeur meurt dans le ressassement s'il n'est inspiré en permanence par une sorte de vibration missionnaire, s'il n'est pas l'art de capter les âmes, de soulever les coeurs.
J'admire les grands érudits, les aventuriers de l'esprit. Mais j'aime plus encore les penseurs défroqués qui peuvent déployer un raisonnement brillant et se montrer par ailleurs bons vivants, capables de se moquer d'eux-mêmes, de rire de la comédie sociale.
Malheur à qui se prend pour un souverain pontife, adopte la pose du mage ou du prophète. L'imposture le guette.
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Rien de plus difficile que d'être père : héros, il écrase de sa gloire, salaud de son infamie,ordinaire de sa médiocrité. il peut être aussi un héros médiocre, un salaud touchant. Quoiqu'il fasse, il a tort : c'est trop ou pas assez. Hier, il étouffait sa progéniture, aujourd'hui il pêche par son absence, tous les hommes de ma génération ont été des pères intermittents. Et quand il manifeste de la tendresse, on ironise sur sa féminisation, son ramollisssement. Je suis toujours ému de voir de jeunes ou moins jeunes papas jouer avec leurs petits dans les parcs, les langer, les nourrir, leur raconter des histoires,les couvrir de baisers. La famille contemporaine est un syndicat affectueux : tout se négocie du biberon à l'argent de poche, tout s'aplanit dans l'effusion sentimentale. Nous élevons nos enfants pour qu'ils nous quittent un jour et ils nous quittent quand nous avons plus besoin d'eux qu'eux de nous. La séparation n'en sera que plus déchirante. Un monde sans pères ne semble guère désirable, les familles monoparentales en sont la preuve, et il n'y a pas de bonnes mères dès lors qu'i n'y a que des mères......
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Le pire dans la vieillesse, ce n'est pas la diminution physique, c'est le dégoût de l'humanité. Combien commencent en subversifs pour finir en grincheux ? Rebelles à vingt-ans, poupons geignards à soixante-ans. Mon père m'a élevé dans l'exécration d'autrui, j'ai choisi de me vouer à la célébration. La célébration du monde et des êtres ne cessera jamais de me suffoquer. (p.219)
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Les pères brutaux ont un avantage: ils ne vous engourdissent pas avec leur douceur, leur mièvrerie, ne cherchent pas à jouer les grands frères ou les copains. Ils vous réveillent comme une décharge électrique, font de vous un éternel combattant ou un éternel opprimé. Le mien m'a communiqué sa rage: de cela je lui suis reconnaissant. La haine qu'il m'a inculquée m'a aussi sauvé. (p.17)
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-J'espère que tu ne fais pas de bêtises ?
- Si, maman, il n'y a que les bêtises qui valent le coup dans la vie.

Tous les jours, vers le début de l'après-midi, je me surprends à attendre son appel, une coutume que nous avions instituée et qui me pesait alors. Ce silence est comme une écharde fichée dans mon coeur. (p.77)
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• Recherche bien-être éperdument On revit quelques uns des meilleurs moments de l'émission où il a été beaucoup question de santé et de bien-être avec notamment les conseils avertis de philosophes, de sociologues, Raphaël Enthoven, Pascal Bruckner, Christophe André, Perla Servan-Schreiber mais aussi ceux de Michel Cymès.

• Très chers parents Des artistes qui rendent hommages à leurs parents, Daniel Guichard, Michel Denisot, Salvator Adamo, Catherine Frot, Bernard Hinault, Elie Semoune... ou qui sont devenus parents et que cette nouvelle responsabilité a inspiré Jamel Debbouze, Daniel Auteuil, Gérard Jugnot et son fils Arthur, Matt Pokora, Miou-Miou et Manu Payet se sont confiés
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