Je me fixais impitoyablement dans le miroir piqueté de taches brunes. Sous l'éclairage blafard du néon, mon visage retrouvait peu à peu ses traits fins et réguliers. Réconfortante vision. Roborative, même. Et plus que roborative, rassérénante. Signal d'un soulagement pour ainsi dire renforcé et revigoré. Je savais pourtant que la barbarie pouvait, elle aussi, avoir ce beau visage, humain, grave, aux longs cheveux bruns, aux sourcils bien dessinés, au regard impliqué et volontaire,au crâne intelligent. Je bus un peu d'au à même le robinet. "Abreuvez l'homme, vous irriguerez sa pensée. Donnez lui des pneus, il fera de la vodka", m'a dit un jour Soljénitsyne.