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Citation de sebthoja


Lui aussi rêvait de survoler la vie, libre, de l'effleurer de la pointe du pied au bout de sa corde, sans jamais se laisser arrêter, par rien ni personne. Puis, contraint par les mauvaises affaires de son père, il avait dû rejoindre l'usine. À l'époque, il avait la même tignasse ébouriffée que le saule. « Tu ne vas pas y aller comme ça ! » s'était fâchée sa mère. Elle avait aussitôt joué les tronçonneuses et Aline les consolatrices, comme avec Mathis. « Ils vont repousser, c'est mieux comme ça, chéri. Ça ne changera rien. » Elle se trompait. En quelques coups de ciseaux, tout avait cessé d'être comme avant. L'étudiant était devenu ouvrier, les jours s'étaient confondus avec les nuits, Christophe était passé à crédit de rien à presque tout, de deux ils étaient devenus trois, puis quatre, et sans qu'ils s'en aperçoivent la corde s'était transformée en chaîne, légère et indolore d'abord, comme un bracelet de cheville, puis de plus en plus lourde, entravant son vol, le plombant au fil des ans jusqu'à lui faire perdre son cap, l'enfermant derrière les grilles de l'usine où l'épaisse fumée noire des pneus en feu l'empêchait désormais d'entrevoir des jours meilleurs.

Page 134, Seuil, 2018.
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